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Le Maroc social construit, dépense, réforme… mais ne communique pas


Rédigé par le Samedi 18 Octobre 2025

Maroc social : quand l’État agit sans se raconter
Réformes sociales : le Maroc avance, mais sans vision partagée
PLF 2026 : un gouvernement réactif face à la pression sociale
Entre vision et réaction : le Maroc à la croisée de son modèle social



Depuis quatre ans, le Maroc a incontestablement engagé une mutation sociale d’envergure.

Le Maroc social construit, dépense, réforme… mais ne communique pas
Les réformes s’enchaînent, parfois dans la discrétion, souvent dans l’urgence : hôpitaux en construction, généralisation de l’assurance maladie obligatoire, aides directes aux familles, hausse des salaires dans la fonction publique, refonte du système éducatif. C’est un chantier colossal, d’une ampleur inédite. Pourtant, la perception publique reste brouillée, hésitant entre satisfaction et lassitude. Pourquoi ? Parce qu’un État peut bien construire, redistribuer et corriger, s’il n’explique pas, il perd la bataille de l’adhésion.

Ce n’est pas la matière qui manque, mais le récit. Un récit social cohérent, planifié, incarné. Ce qui manque au Maroc de 2025, c’est cette mise en musique politique capable de relier les actions éparses à une vision collective. Sans cela, chaque réforme ressemble à une rustine sur un pneu à plat, chaque avancée se dissout dans le brouhaha des revendications. Le gouvernement a beaucoup fait, mais il l’a fait comme un pompier efficace sans être architecte. Il éteint les feux, sans redessiner la ville.

L’histoire récente le prouve : à chaque mouvement social, chaque grève, chaque colère syndicale, l’exécutif finit par céder. Non pas parce qu’il n’a pas de convictions, mais parce qu’il n’a pas su installer son cap comme horizon partagé. À force de répondre, il n’a plus le temps d’expliquer. À force de négocier dans l’urgence, il ne structure plus le long terme. Le résultat ? Une gouvernance réactive, souvent généreuse, mais épuisante. Et surtout, perçue comme une suite de concessions, non comme un projet.

Or, dans toute politique publique, la perception compte presque autant que l’action. Une réforme sociale ne se juge pas seulement sur ses chiffres, mais sur son sens : ce qu’elle promet, ce qu’elle incarne, ce qu’elle raconte du pays. Ce sens-là, aujourd’hui, semble perdu dans la traduction technocratique. Il y a une absence de narration, d’élan, d’âme. Le Maroc social avance, mais sans voix. Et dans ce silence, la rue parle à sa place.

Le projet de loi de finances 2026, revu après la poussée revendicative des dernières semaines, illustre parfaitement ce paradoxe. Ce n’est pas une capitulation : c’est un réflexe. Le gouvernement s’adapte, corrige, dépense — souvent dans le bon sens. Mais il le fait sous pression, pas par anticipation. Il répond à la température du moment au lieu de piloter le climat social. Et c’est là tout le danger : quand l’État n’impose plus le tempo, il finit par danser au rythme de la rue.

Il faut le dire sans détour : les réformes en cours sont profondes. Douze CHU en chantier, des centaines de dispensaires de proximité, la généralisation des classes de l’excellence… Ces transformations demanderont du temps avant d’être visibles, deux à quatre ans au moins. Mais le citoyen, lui, vit dans l’immédiat. Il a besoin de signes, de preuves, de pédagogie. Le social, ce n’est pas qu’une question de budget, c’est aussi une affaire de langage.

La grande leçon de cette période, c’est peut-être celle-ci : un État qui agit sans expliquer finit par subir. Le Maroc avance, mais il doit apprendre à se raconter. Car la politique sociale ne se mesure pas seulement à la dépense publique, mais à la confiance qu’elle inspire. Et cette confiance, elle se gagne en parlant vrai, en traçant un chemin clair, en assumant une vision plutôt qu’en colmatant des fissures.

La prochaine bataille du Maroc ne sera pas budgétaire, mais narrative. Si le pays veut consolider son virage social, il devra retrouver le souffle du projet collectif — celui qui transforme les décisions techniques en destin partagé.

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Samedi 18 Octobre 2025