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Le Mondial et le Bon, les Brutes et les Truands


Le Mondial du Qatar est fini, et bien fini après avoir été rondement mené, avec ses émotions, ses réalisations, ses inévitables crispations et ses records. Ici, au Maroc, et au-delà de la somptueuse représentation de la sélection nationale.



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Par Aziz Boucetta

Le Mondial et le Bon, les Brutes et les Truands
On peut en retenir trois affaires, une internationale et deux nationales, et sur ces deux dernières, une qui a fait pshiiit et une qui ne fait (espérons-le) que commencer. C’est l’histoire du Bon, des Brutes et des Truands…

1/ Le « salafiste » Aboukhlal. Un média en ligne marocain, dont le nom importe peu, publie ce qui se veut une enquête sur Zakaria Aboukhlal. L’attaquant de la sélection nationale est attaqué par un journaliste qui le tacle par derrière, et mérite, comme chacun sait, un carton rouge. Et tout le monde sort ce carton rouge, le Conseil national de la presse, puis la Fédération de foot puis, et surtout, le public sur les réseaux, dans les cafés et les chaumières.

Que dit cet article ? Que le jeune Zakaria serait un salafiste, tendance possiblement dangereuse ! Qu’en plus il serait salafiste et que, enfin, il serait salafiste. Et de fait, Zakaria fait régulièrement sa prière, seul ou en groupe et parfois avec son groupe de la sélection nationale. O Dieu, mais alors, les autres aussi sont musulmans !! Comment ont-ils osé ??!!

Face au légitime, unanime et immédiat tollé occasionné par cet article qui n’aurait jamais dû être écrit car gratuitement méchant et accusateur de faits qui sont tout sauf des méfaits, le patron du site recule précipitamment, tout en crânant.

C’est son droit, mais il devra répondre de tout cela devant la justice, car ce que le site a fait s’appelle en bon langage juridique de la diffamation. En réalité, Zakaria Aboukhlal n’a pas été autant biberonné au « salafisme » que le chef du site qui l’en accuse l’a été à la haine bien occidentale (plus précisément de Belgique, où il vit) de tout ce qui serait ostensiblement musulman.

Pendant ce temps-là, le centre de foot offert et ouvert à Casablanca avant le Mondial par le « salafiste » Aboukhlal tourne à plein régime, à la grande joie des gamins du coin. Merci Zakaria le Bon.

2/ Le Marocgate. L’affaire a occulté le Mondial, la finale et les demi-finales. Le monde a oublié le Mondial et n’avait d’yeux que pour cet Etat corrupteur qu’est le Maroc et ces élus corrompus qui souillent le parlement européen. La police belge, qui ne s’était pas laissé distraire par 22 types qui couraient désespérément après un ballon, était en veille et surveillait.

Elle arrête une dame, députée européenne, vice-présidente de la Haute Instance législative du Vieux Continent et avec elle un ancien de la même maison. Des révélations pleuvent, inondent les médias français, italiens et bien évidemment belges… durant le Mondial. Des noms sont crachés, des Marocains, et, en droite ligne de OSS117 et de OO7, on découvre un agent marocain codé M118. Et les Européens découvrent, médusés, que l’affreux Maroc se livrait à un intense travail de lobbying, mais comme c’est un peu normal, leurs services... ont alimenté leurs médias, qui en redemandaient, d’infos sur de l’argent qui aurait circulé.

 

Le seul problème est que les gens arrêtés en Europe, pourtant familière de l’équilibre et de l’équité, n’ont absolument eu droit à aucun droit de parole ni de réponse, ni d’éclaircissement.

On a dit qu’ils avaient pris de l’argent du Qatar, et du Maroc aussi, de chez M118, et bien ils avaient pris de l’argent du Qatar, et du Maroc aussi, de chez M118. Quand elle veut, la vieille Europe sait faire de la vérité à un sens, sans contradiction.

Et depuis la fin du Mondial, plus rien, ou presque, sauf un ou deux journaux belges, et un ou deux journaux taliens, qui répètent péniblement la même chose. C’est dommage d’avoir essayé de distraire les gens du Mondial, car au moins au Qatar, il y avait du spectacle. Quant à M118, il attendra un autre événement pour être redégainé par les services et copieusement « enquêté » par les médias. Pour cette affaire, on hésite entre les Brutes ou les abrutis.

3/ L’affaire des billets. Et finalement, Fouzi Lakjaâ a parlé, et il a parlé devant le bureau de la Fédération royale marocaine de football. Et il était en colère, sincèrement en colère au vu des termes employés (« méprisable », « misérable », « avidité »…) à l’endroit de ceux qui se seraient rendus coupables de trafic ou autres manipulations sur les billets des matchs du Maroc.

Fouzi Lekjaâ a déclaré, dans une vidéo qui a dûment fuité, qu’il allait nommer une commission chargée de faire toute la lumière sur la base de rapports qu’il a déjà reçus et il a menacé, l’air vraiment et sincèrement méchant, que quiconque, quel que soit son rang ou ses responsabilités, serait convaincu de ces graves accusations sera exclu des instances du foot, sans préjudice pour des poursuites judiciaires ultérieuses.

On sent le président de la Fédération en colère, et on le serait à moins, mais on sent aussi des ordres précis et tout aussi en colère, légitimement. Oui, comme le dit Ssi Lekjaâ, « le public marocain mérite tous les égards », et il a donc droit à la vérité et que l’administration, puis la justice, le rétablissent dans ses droits. Les indélicats qui regrettent certainement déjà leur légèreté se reconnaîtront. L’affaire ne fait que commencer. Et les Truands, après avoir encaissés, devront passer à la caisse !

Et donc, la 1ère affaire cale lamentablement car maladroitement téléguidée et, d’anti-marocaine et anti-qatarie, elle devient banalement euro-européenne, et se meurt. La 2nde affaire fait pshiit car le jeune Zakaria Aboukhlal est un joueur talentueux, altruiste et croyant pratiquant, point. Quant à la 3ème affaire, elle ne fait que commencer, car les ripoux d’un sport qui en produit plein doivent parfois payer, surtout lorsqu’ils lèsent des gens par milliers, se faisant indûment de l’argent à un moment de liesse collective.

Ce Mondial aura été vraiment riche en rebondissements et en retentissements. Il sera difficile d’en faire un tout aussi réussi, n’en déplaise à ses contempteurs, qui n’ont tout de même pas accepté d’en être boutés !...

Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost 


Mercredi 28 Décembre 2022