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Le billet vert s'envole et déjà, une hypothèse de base du Budget 2023 vole en éclats


Rédigé par le Mardi 20 Septembre 2022

La fixation du cours du dirham est fonction de l'évolution d'un panier de devises essentiellement composé de l'euro et du dollar US. Le poids de chacune de ces deux monnaies dans le calcul est déterminé par un certain nombre de considérations dont l'importance et le poids des échanges du pays avec ses partenaires.



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Le billet vert s'envole et déjà, une hypothèse de base du Budget 2023 vole en éclats

Et c'est d'ailleurs ce qui, semble-t-il, justifie le fait que les autorités monétaires marocaines aient procédé le 13 avril 2015, à une actualisation des pondérations des devises du panier de cotation du dirham.

 

Afin de refléter, à juste titre, la structure d'alors des échanges extérieurs du Royaume, cette pondération fut fixée depuis, à 60 % pour l’euro et 40 % pour le dollar US contre respectivement 80 % et 20 % auparavant.

 

De ce fait, la monnaie nationale demeure fortement arrimée à l'euro. Ce qui ferait que la moindre dépréciation sur les marchés internationaux de l'euro face au dollar se répercuterait, inéluctablement, sur le dirham.

Somme toute, une évidence. Et c'est le cas, non seulement, aujourd'hui, mais depuis un certain temps déjà. Et c'est fort probablement le cas pour les jours à venir. Plusieurs indicateurs afférents aux marchés et aux manœuvres des Banques centrales confirment cette tendance.

 

Autrement dit, se procurer ou débourser un dollar aujourd'hui nécessiterait plus de dirhams qu'auparavant. Et convertir un dollar en procurerait davantage. Effet change oblige.


Certes, cette conjoncture du reste dopée par le renchérissement des cours des produits de base, profiterait aux gros exportateurs nationaux dont les produits libellés en billet vert procureraient plus de ressources en dirhams.

 

Mais ce n'est pas le cas pour les autres opérations d'importation opérées en dollar américain. Toute chose égale par ailleurs, et pour une même quantité, les opérateurs doivent débourser davantage de billets.


Un surplus que bon gré mal gré, le consommateur final serait acculé à en faire les frais.


D'ailleurs, la situation qui prévaut au niveau du prix des hydrocarbures en est la parfaite illustration.

 En simples intermédiaires et à défaut de réelle concurrence et/ou de recours à de bonnes pratiques de couverture de risques, ceux de change notamment, les entités importatrices s'apparentent à de simples relais ou courroies de transmission à de l'inflation importée.

 

La Banque centrale a beau sensibiliser sur ce genre d'instruments en tant que prérequis à davantage de flexibilités du dirham, les concernés ont la tête ailleurs. Trop épris de court terme, ils préfèrent plutôt encaisser que d'engager des frais. Tant mieux pour le mercantilisme.

Tant pis alors pour le consommateur final dont le pouvoir d'achat est, on ne peut plus, érodé.

Tant pis pour le Budget.

Tant mieux pour la compensation.

Tant mieux pour l'endettement.

Tant pis pour la balance des paiements...

Tant et tant de dépenses à prévoir, voire à anticiper.

 
L'hypothèse d'un taux de change dollar/dirham au titre de l'exercice 2023 à 9,8 est peu plausible et est déjà obsolète avant même que le Budget ne soit présenté ou discuté.

L'Argentière du Royaume se doit de revoir sa copie et de saisir ce qu'est, au-delà, des chiffres, le sens et la portée de la consolidation des bases de l'Etat social.






Noureddine Batije
Noureddine BATIJE est un journaliste spécialiste en investigation journalistique et traitement de... En savoir plus sur cet auteur
Mardi 20 Septembre 2022