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Le cas Abdelaziz Omari, maire de Casablanca




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Le cas Abdelaziz Omari, maire de Casablanca

L’information est tombée sans faire de bruit, sans que personne ne la remarque, ni ne s’en soucie… Abdelaziz Omari, maire de Casablanca et membre du secrétariat général du PJD a démissionné de son mandat de… membre du secrétariat général du PJD. Personne au parti n’en parle, l’intéressé n’en pipe mot, et le public s’en moque comme de sa première inondation. Mais, tout de même, ne devrait-il pas en parler, lui, maire de cette grande ville qu’est Casablanca qui mérite mieux que ce traitement ?
 

Comment qualifier M. Omari ? Ambitieux ? Certainement, et c’est son droit. Indifférent à tout ? Sans doute, et c’est son tempérament. Condescendant ? Probablement, et c’est son défaut. La ville se noie sous les eaux, mais lui n’a aucun geste de compassion ou réaction d’empathie. Il plonge dans les réunions successives à défaut d’être succinctes, et laisse son adjoint atrabilaire Abdessamad Haiker se noyer dans des explications aussi vaseuses que la boue charriée par les inondations.
 

Et puis, coup de théâtre : on apprend par voie de presse que le maire aurait démissionné. De quoi, de la mairie de Casablanca ? Non. Du PJD alors ? Non plus. Du secrétariat général seulement… l’acte est fort certes, mais surtout fort peu périlleux pour sa carrière. Mais il n’a ni confirmé ni infirmé…les Casablancais, dont il est le premier responsable, n’est-ce pas, ne méritent pas tant d’attention, ne méritent pas qu’il les informe de ce qu’il fait. Alors, à défaut d’info, et puisque pas de démenti, gageons que c’est vrai.


Et là, il existe deux hypothèses pour cette nouvelle dont la planète se remettra certainement :


1/ M. Omari a démissionné en raison des intempéries dans sa bonne ville de Casablanca, non pas pour sa mauvaise gestion des faits, mais pour ne pas avoir été soutenu par ses pairs et frères du SG. Il aurait donc été désavoué par son parti.


2/ M. Omari a démissionné en protestation de l’aval donné par le PJD à la reprise des relations avec Israël. Il aurait donc, dans ce cas, désavoué son parti.


Une troisième hypothèse, ou sous-hypothèse, serait qu’il ait démissionné juste après le rapprochement avec Israël, mais que Saâddedine Elotmani aurait refusé, et que lui, Abdelaziz Omari, aurait fait fuité l’info pour se donner une posture de héros, à quelques mois des élections.


Et c’est là le problème…


Dans les deux hypothèses, le maire de Casablanca est en chute libre au sein de son parti. N’ayant ni confirmé ni démenti son acte de démission, il montre ainsi le peu de cas qu’il fait de la population de sa ville, surtout quand elle est sinistrée… Mais des vidéos montrant son grand enthousiasme pour la lutte de Hamas, et sa prise de parole en 2015 – alors qu’il est ministre – pour rappeler la marche de Casablanca contre le changement du statut de la femme au Maroc, indiquent avec une assez grande précision que ses préoccupations vont ailleurs…


Casablanca est une ville aux immenses ambitions affichées. Elle se veut première place financière d’Afrique, ayant surclassé Johannesburg depuis quelques années, et elle s’en donne les moyens. Elle construit une immense station de dessalement, qui serait également la plus grande d’Afrique. La ville est la capitale économique du royaume, la plus peuplée et la plus « riche ». Et les Casablancais sont des gens actifs, même bruyants, à l’affût de ce qui se produit dans leur ville, et ils sont aussi volontiers frondeurs, comme leur histoire en témoigne. Ils ont besoin d’un maire qui accompagne le rayonnement assumé de leur ville.


Ils méritent un maire d’envergure, au moins à la hauteur de leurs ambitions… un maire qui parle, un maire qui sillonne la ville, un maire présent avec ses concitoyens et pas seulement dans les réunions, un maire qui assume ses responsabilités et ne se contente pas seulement de botter en touche… Le PJD, dans le cas où il remporte les élections, encore une fois, endosserait une grande responsabilité morale s’il aligne encore une fois cette étrange créature qu’est le maire actuel, plus attentif à Gaza que soucieux de Casa.


Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com




Jeudi 21 Janvier 2021