Une scène en pleine effervescence
Difficile aujourd’hui d’ignorer la vitalité du cinéma marocain. Des réalisateurs comme Faouzi Bensaïdi, Maryam Touzani, Ismaël El Iraki ou encore Sofia Alaoui imposent leur vision dans les plus grands festivals internationaux. Les thèmes abordés : identité, liberté, jeunesse, religion, migration – résonnent bien au-delà des frontières.
Le succès récent du film “Les Meutes” (caméra d’or à Cannes 2023) ou encore la sélection de “Animalia” à Sundance ont rappelé que le Maroc n’était plus seulement un décor pour les productions étrangères : il est devenu un véritable laboratoire narratif, où la société marocaine se regarde, parfois crûment, souvent avec tendresse.
Le Centre cinématographique marocain (CCM) a recensé plus de 30 longs-métrages produits en 2024, un record. Les plateformes comme Netflix, OSN ou Arte s’intéressent désormais aux créateurs marocains, ouvrant de nouveaux horizons de diffusion. Mais derrière cette réussite, un paradoxe tenace persiste : les films marocains sont souvent plus célébrés à Paris ou Berlin qu’à Casablanca.
Le succès récent du film “Les Meutes” (caméra d’or à Cannes 2023) ou encore la sélection de “Animalia” à Sundance ont rappelé que le Maroc n’était plus seulement un décor pour les productions étrangères : il est devenu un véritable laboratoire narratif, où la société marocaine se regarde, parfois crûment, souvent avec tendresse.
Le Centre cinématographique marocain (CCM) a recensé plus de 30 longs-métrages produits en 2024, un record. Les plateformes comme Netflix, OSN ou Arte s’intéressent désormais aux créateurs marocains, ouvrant de nouveaux horizons de diffusion. Mais derrière cette réussite, un paradoxe tenace persiste : les films marocains sont souvent plus célébrés à Paris ou Berlin qu’à Casablanca.
Le paradoxe du public marocain
C’est là que le débat devient fascinant et parfois dérangeant. Beaucoup de spectateurs marocains se plaignent de voir certains films “choquer la société” ou “donner une mauvaise image du pays”. Des scènes jugées trop explicites, des dialogues jugés “provocants”, ou des sujets sensibles (sexualité, religion, inégalités sociales) suffisent à déclencher la polémique.
Pourtant, ces mêmes spectateurs consomment sans réserve des séries étrangères parfois bien plus audacieuses. Le paradoxe est flagrant : on critique chez soi ce qu’on tolère, voire admire, ailleurs. Comme le résume une jeune cinéphile casablancaise : “Quand c’est un film marocain, on crie à l’indécence. Mais quand c’est une série américaine avec les mêmes scènes, ça devient du ‘grand art’.”
Ce double discours illustre une tension culturelle : le cinéma marocain, lorsqu’il parle vrai, dérange parce qu’il agit comme un miroir. Il ne fantasme pas la société, il la confronte à elle-même. Et dans un pays où les débats sur les libertés, la religion et la modernité restent sensibles, ce miroir fait parfois peur.
Pourtant, ces mêmes spectateurs consomment sans réserve des séries étrangères parfois bien plus audacieuses. Le paradoxe est flagrant : on critique chez soi ce qu’on tolère, voire admire, ailleurs. Comme le résume une jeune cinéphile casablancaise : “Quand c’est un film marocain, on crie à l’indécence. Mais quand c’est une série américaine avec les mêmes scènes, ça devient du ‘grand art’.”
Ce double discours illustre une tension culturelle : le cinéma marocain, lorsqu’il parle vrai, dérange parce qu’il agit comme un miroir. Il ne fantasme pas la société, il la confronte à elle-même. Et dans un pays où les débats sur les libertés, la religion et la modernité restent sensibles, ce miroir fait parfois peur.
Le rôle du public et de la critique
Ce paradoxe n’est pas qu’un problème moral : il influence aussi la dynamique du secteur. Le public marocain, bien qu’attiré par les blockbusters étrangers, ne soutient pas toujours les productions locales en salle. Résultat : les chiffres du box-office restent faibles. En 2024, les films marocains n’ont représenté que 15 % des entrées nationales, selon le CCM. Pourtant, l’intérêt existe.
Les cinéphiles se multiplient, les festivals régionaux fleurissent, et les jeunes réalisateurs trouvent dans les réseaux sociaux un nouvel espace pour montrer leurs œuvres. Mais il manque encore une chose essentielle : la curiosité bienveillante du public. Aller voir un film marocain, c’est parfois un acte culturel, presque militant : un geste de soutien à une industrie qui tente de se réinventer sans renier son authenticité.
La critique, elle aussi, évolue. De nouvelles voix émergent sur les plateformes culturelles marocaines, offrant des analyses modernes, débarrassées des vieux clichés. Mais elles restent minoritaires face à une opinion publique souvent polarisée, où les débats moraux éclipsent la discussion artistique.
Les cinéphiles se multiplient, les festivals régionaux fleurissent, et les jeunes réalisateurs trouvent dans les réseaux sociaux un nouvel espace pour montrer leurs œuvres. Mais il manque encore une chose essentielle : la curiosité bienveillante du public. Aller voir un film marocain, c’est parfois un acte culturel, presque militant : un geste de soutien à une industrie qui tente de se réinventer sans renier son authenticité.
La critique, elle aussi, évolue. De nouvelles voix émergent sur les plateformes culturelles marocaines, offrant des analyses modernes, débarrassées des vieux clichés. Mais elles restent minoritaires face à une opinion publique souvent polarisée, où les débats moraux éclipsent la discussion artistique.
Entre liberté créative et pressions sociales
Les réalisateurs marocains jonglent avec un équilibre précaire : dire sans trop heurter, montrer sans provoquer. Certaines œuvres ont connu la censure, d’autres ont été accusées “d’occidentalisation” ou de “déviance”. Et pourtant, c’est justement cette tension qui nourrit la richesse du cinéma national. Prenons Maryam Touzani, dont les films explorent la maternité, la solitude et les tabous avec délicatesse.
Ou Ismaël El Iraki, qui dans Zanka Contact dépeint une Casablanca rock’n’roll, électrique, brute loin des cartes postales touristiques. Ces artistes bousculent les codes, non par provocation, mais par nécessité : ils racontent le Maroc d’aujourd’hui, tel qu’il est, dans toute sa complexité. Le soutien institutionnel progresse aussi. Le CCM multiplie les appels à projets, les formations, et les aides à la production. Mais les créateurs réclament une chose essentielle : un espace de liberté durable, où l’art ne soit pas jugé à l’aune de la morale, mais de sa sincérité.
Ou Ismaël El Iraki, qui dans Zanka Contact dépeint une Casablanca rock’n’roll, électrique, brute loin des cartes postales touristiques. Ces artistes bousculent les codes, non par provocation, mais par nécessité : ils racontent le Maroc d’aujourd’hui, tel qu’il est, dans toute sa complexité. Le soutien institutionnel progresse aussi. Le CCM multiplie les appels à projets, les formations, et les aides à la production. Mais les créateurs réclament une chose essentielle : un espace de liberté durable, où l’art ne soit pas jugé à l’aune de la morale, mais de sa sincérité.
Un avenir prometteur, à condition d’assumer ses contradictions
À la veille de 2026, le cinéma marocain se trouve à un tournant. Il est à la fois fièrement visible à l’international et fragile dans son ancrage local. Mais cette dualité n’est pas un échec : elle est le signe d’une industrie en pleine mutation, d’une société qui s’interroge sur elle-même à travers ses images. Les jeunes réalisateurs marocains ne cherchent pas à plaire, mais à comprendre.
Leur force réside dans cette authenticité qui séduit à l’étranger et finit, petit à petit, par conquérir les cœurs au pays. Car si le cinéma est un miroir, il appartient à chacun de choisir comment il veut s’y regarder. Et peut-être qu’un jour, le public marocain applaudira ses films non pas parce qu’ils plaisent ailleurs, mais parce qu’ils parlent de lui sans fard, sans filtre, et sans peur.
Leur force réside dans cette authenticité qui séduit à l’étranger et finit, petit à petit, par conquérir les cœurs au pays. Car si le cinéma est un miroir, il appartient à chacun de choisir comment il veut s’y regarder. Et peut-être qu’un jour, le public marocain applaudira ses films non pas parce qu’ils plaisent ailleurs, mais parce qu’ils parlent de lui sans fard, sans filtre, et sans peur.