Par Anwar CHERKAOUI
Une fiction presque vraie
Dans le vacarme du souk, un homme se distingue.
Son chapeau jaune pâle, légèrement incliné, ses lunettes noires opaques qui dissimulent tout regard, lui donnent une allure d’énigme.
Les gens le surnomment à mi-voix « Al Capone marocain ».
Quand il chausse ses lunettes et ajuste son feutre, c’est comme s’il endossait une seconde peau : celle d’un maître de la peur, un gangster.
Le pouvoir des apparences
Les vendeurs de sardines rangent leurs balances dès qu’il s’approche.
Les petits trafiquants de cigarettes au détail, eux, se dispersent comme une volée de moineaux.
Les marchands ambulants changent de ruelle, préférant perdre une journée de vente plutôt que croiser son ombre.
Même les Bou Zriouetta, ces agents d’autorité qui dictent leurs lois dans la "Souika", petit marché, baissent les yeux.
Aucun n’ose soutenir son regard derrière les verres fumés.
Une légende urbaine
Mais qui est-il vraiment ?
Les habitants racontent qu’il s’appelle Allal, un ancien docker du port de Salé.
D’autres assurent qu’il a fait ses armes dans les tripots clandestins de Casablanca.
Tous s’accordent sur une chose : son chapeau et ses lunettes ne sont pas de simples accessoires. Ce sont des talismans.
Sans eux, il n’est qu’un homme ordinaire, presque fragile. Avec eux, il devient intouchable.
L’équilibre de la peur
Quand il deambule dans la médina, les visages sont tendus, les mains sont tremblent en ajustant les sardines sur la braise et les regards des vendeurs ambulants sont furtifs.
Car le pouvoir de cet homme repose moins sur ses actes que sur le théâtre qu’il orchestre.
La peur est son arme la plus redoutable, et chacun, dans le marché, joue son rôle à la perfection.
Le grain de sable
Un matin pourtant, un événement minuscule va fissurer ce pouvoir.
Un jeune vendeur de roses, tout juste arrivé du bled, ignore les codes de la Souika.
Quand l’homme au chapeau s’approche, le garçon ne bouge pas.
Il continue d’interpeller les passants, de tendre ses bouquets.
Un silence tombe, lourd comme une enclume.
Tous attendent la réaction du « caïd aux lunettes noires ».
Mais rien.
L’homme hésite, cherche son regard derrière les verres sombres… et détourne les yeux.
La chute de l’icône
Le marché entier comprend en un instant : le roi est nu.
La légende se fissure, la peur se dissipe comme un nuage de fumée.
Les vendeurs de sardines reprennent leurs cris, les marchands de cigarettes rient sous cape, les Bou Zriouetta retrouvent leur arrogance.
L’homme au chapeau, lui, sent son talisman s’effriter.
Sans l’aura de la crainte, il n’est plus qu’un vieil homme fatigué, noyé dans la foule.
Dans le vacarme du souk, un homme se distingue.
Son chapeau jaune pâle, légèrement incliné, ses lunettes noires opaques qui dissimulent tout regard, lui donnent une allure d’énigme.
Les gens le surnomment à mi-voix « Al Capone marocain ».
Quand il chausse ses lunettes et ajuste son feutre, c’est comme s’il endossait une seconde peau : celle d’un maître de la peur, un gangster.
Le pouvoir des apparences
Les vendeurs de sardines rangent leurs balances dès qu’il s’approche.
Les petits trafiquants de cigarettes au détail, eux, se dispersent comme une volée de moineaux.
Les marchands ambulants changent de ruelle, préférant perdre une journée de vente plutôt que croiser son ombre.
Même les Bou Zriouetta, ces agents d’autorité qui dictent leurs lois dans la "Souika", petit marché, baissent les yeux.
Aucun n’ose soutenir son regard derrière les verres fumés.
Une légende urbaine
Mais qui est-il vraiment ?
Les habitants racontent qu’il s’appelle Allal, un ancien docker du port de Salé.
D’autres assurent qu’il a fait ses armes dans les tripots clandestins de Casablanca.
Tous s’accordent sur une chose : son chapeau et ses lunettes ne sont pas de simples accessoires. Ce sont des talismans.
Sans eux, il n’est qu’un homme ordinaire, presque fragile. Avec eux, il devient intouchable.
L’équilibre de la peur
Quand il deambule dans la médina, les visages sont tendus, les mains sont tremblent en ajustant les sardines sur la braise et les regards des vendeurs ambulants sont furtifs.
Car le pouvoir de cet homme repose moins sur ses actes que sur le théâtre qu’il orchestre.
La peur est son arme la plus redoutable, et chacun, dans le marché, joue son rôle à la perfection.
Le grain de sable
Un matin pourtant, un événement minuscule va fissurer ce pouvoir.
Un jeune vendeur de roses, tout juste arrivé du bled, ignore les codes de la Souika.
Quand l’homme au chapeau s’approche, le garçon ne bouge pas.
Il continue d’interpeller les passants, de tendre ses bouquets.
Un silence tombe, lourd comme une enclume.
Tous attendent la réaction du « caïd aux lunettes noires ».
Mais rien.
L’homme hésite, cherche son regard derrière les verres sombres… et détourne les yeux.
La chute de l’icône
Le marché entier comprend en un instant : le roi est nu.
La légende se fissure, la peur se dissipe comme un nuage de fumée.
Les vendeurs de sardines reprennent leurs cris, les marchands de cigarettes rient sous cape, les Bou Zriouetta retrouvent leur arrogance.
L’homme au chapeau, lui, sent son talisman s’effriter.
Sans l’aura de la crainte, il n’est plus qu’un vieil homme fatigué, noyé dans la foule.