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Le prix du blé a (enfin) chuté


Rédigé par le Samedi 25 Juin 2022

Les prix des céréales connaissent un recul significatif sur les marchés internationaux, du fait de bonnes récoltes dans les pays exportateurs et de la non-application des sanctions aux céréales russes.



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Le prix du blé a (enfin) chuté
A 357 euros (3776,85 dhs) la tonne de blé tendre, contre 438,25 euros, record de prix atteint le 16 mai, les cours ont enfin reculé sur les marchés internationaux.

C’est un véritable soulagement pour les peuples d’Afrique et du Moyen Orient, grands consommateurs et importateurs de céréales.

Plusieurs facteurs ont contribué au recul des prix des céréales, dont l’assurance de bonnes récoltes céréalières en Russie, aux Etats-Unis et en Amérique du Sud.

Mais aussi et surtout l’annonce par Washington que les sanctions contre la Russie ne portaient ni sur les produits alimentaires, ni sur les engrais.

Résurgence du non-alignement

Il est évident que Washington a tenu compte du peu d’empressement des pays du Sud à s’embarquer dans le train des condamnations et sanctions contre la Russie.

Cette retenue des pays du Sud à suivre l’Occident dans son conflit contre la Russie a profondément décontenancé les élites occidentales.

Lors de la visite du président du Sénégal, Macky Sall, à Moscou, ce dernier a été on ne peut plus clair : le seul souci de l’Afrique, suite à la guerre en Ukraine, est l’accès à l’approvisionnement en produits alimentaires et engrais.

Plus crûment, les guerres à répétition entre Européens, qui durent depuis des siècles, ne concernent que ces derniers. Les Africains veulent le pain.

Washington a, donc, dû faire contre mauvaise fortune bon cœur et signifier que les produits alimentaires et les engrais exportés par la Russie ne seraient pas instrumentalisés pour tenter de faire plier le genou à Poutine.

Le blé ou les émeutes

Il est de notoriété publique que la stabilité politique des pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient est fortement corrélée aux prix du blé.

Plus les cours grimpent sur les marchés, plus se développent les tensions et troubles sociaux.

La triste période du mal nommé « printemps arabe » n’a pas failli à cette règle. Or, pour Washington, ce n’est sûrement pas le moment de voir la rue arabe s’enflammer à nouveau.

Encore moins quand la raison en est les sanctions contre la Russie qui provoquent la hausse des prix des produits alimentaires.

Faute d’avoir les peuples du Sud de son côté, Washington peut déjà éviter de les précipiter dans les bras de Moscou.

Le Sud courtisé

Le président Poutine, pour balayer les accusations des pays occidentaux de provoquer, à travers l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le renchérissement des produits alimentaires à l’échelle planétaire, a promit, lors du sommet virtuel des pays du BRICS, le 24 juin, que son pays allait commercialiser 50 millions de tonnes de céréales sur les marchés internationaux.

Comme du temps de la guerre froide, quand Américains et Soviétiques faisaient tout pour séduire les pays du Sud, de manière à les embrigader, l’actuelle guerre en Ukraine a rehaussé la côte de ces pays, qui affirment, par ailleurs, de plus en plus fermement leur souveraineté.

Fin d’une époque

Ce qui va faire un sujet de profonde réflexion pour les peuples de l’Union européenne, quand, cet hiver, ils vont manquer de gaz pour se réchauffer et faire tourner les turbines de leurs centrales électriques et les rouages de leurs économies.

Poutine a presque coupé le robinet de gaz aux pays de l’Ue, mais ouvert grandes les portes de ses greniers aux pays du Sud.

Une nouvelle ère commence pour l’humanité, c’est celle de la fin de l’hégémonie occidentale telle qu’on l’avait connue.




Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Samedi 25 Juin 2022