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Le projet de loi 21.13 adopté après sa longue prise en otage par le PJD


le Jeudi 11 Mars 2021



Le projet de loi 21.13 adopté après sa longue prise en otage par le PJD
Le gouvernement a finalement adopté le projet de loi sur la culture et l'usage légal du cannabis après trois réunions d’examen et donc deux reports. Ce retard s’explique notamment par les avis partagés au sein du parti du PJD, qui avait exprimé le besoin d’ouvrir un débat général et d’élargir les consultations institutionnelles au sujet de la loi 21.13.

Parmi les première personnes qui s’y étaient opposées, Abdelilah Benkirane s’était montré particulièrement virulent le 25 février, premier jour où le gouvernement a tenté d’examiner cette loi. Lors d’un discours enflammé, il a qualifié de « voyous » ceux qui sont pour la légalisation du cannabis, selon le site d’information anglophone Morocco World News. Pour lui, tous les arguments appuyant cette loi étaient « mensonges » visant à répandre le « mal ». L’ex-secrétaire général du PJD est convaincu que l’adoption de la loi 21.13 sera catastrophique pour le Maroc, qui verra son taux de criminalité exploser.

Où est la catastrophe ?

Pourtant, cette loi ne concerne en aucun cas l’usage récréatif du cannabis, qui reste prohibé dans le Royaume. Ce projet, présenté par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, autorise un usage "médical, cosmétique et industriel". Il vise à mettre en place une « agence nationale de régulation » chargée de « développer un circuit agricole et industriel », un circuit qui sera peut-être salvateur pour les 30.000 agriculteurs de cannabis coincés dans leurs villages de peur de se faire arrêter et terrorisés par la menace perpétuelle de poursuites.

L’idée n’est pas de créer une « catastrophe » au Maroc. Il s'agit plutôt « reconvertir les cultures illicites destructrices de l’environnement en activités légales durables et génératrices de valeur et d’emploi ». Mais rien n’y fait : le chef du gouvernement et secrétaire général, Saadeddine El Othmani, a vainement tenté d’aider Abdelilah Benkirane à assouplir sa position concernant le projet de loi, lorsqu’il lui a rendu visite, selon Yabiladi.

M. Benkirane, « gelé » par la loi 21.13

Sur Facebook, l’ancien Chef du gouvernement et secrétaire général du PJD a déclaré avoir rompu ses relations avec l’actuel Chef du gouvernement et secrétaire général du PJD, ainsi qu’avec plusieurs ministres du même parti dont Mustapha Ramid, Mohamed Amekraz et Lahcen Daoudi. Il a également annoncé le gel de son adhésion au parti de la Lampe.

Que M. Benkirane décide désormais de créer son propre parti ou de disparaître de la scène politique, il fait partie de ceux qui n’ont pas su considérer l’enjeu de taille que représente la loi 21.13 pour le Royaume : les experts cités par la MAP évoquent les atouts indéniables du pays : « l’écosystème propicela proximité du marché européen en plein essor et le savoir-faire ancestral des agriculteurs ». En réalité, « voyous » sont ceux qui veulent laisser cette culture lucrative et cette plante curative aux mains des trafiquants…            
 




Jeudi 11 Mars 2021