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Le rapport sur l'infiltration des frères musulmans en France


Le rapport sur l'infiltration des frères musulmans en France est venu à point nommé pour l'ensemble de la classe politique française. Il donne du grain à moudre au RN qui a fait du sujet un des socles, avec l'immigration, de son programme politique, et à la majorité de détourner l'attention du public sur des sujets sérieux en interne, réforme des conditions de départ à la retraite, crise de l'endettement des finances publiques, etc. Au passage, ce rapport permet aussi de cacher l'incapacité du gouvernement français à agir pour la sécurité de l'Ukraine et de l'Europe et de lever le voile sur les massacres en cours à Gaza.



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Le rapport sur l'infiltration des frères musulmans en France
Les hommes politiques français distinguent, depuis ce matin, avec une hypocrisie à peine feinte, Islam et Islamisme, et se disent respectueux des musulmans. Un respect que les faits et les éléments de langage ne démontrent pas. Le rapport, que tout le monde a reçu, est commenté sur tous les plateaux télévisés en France. Il nous apprend que les écoles noyautées par les frères musulmans représentent 7 % des écoles privées dites "musulmanes". Un pourcentage qui aurait dû, dès le départ, marginaliser la question. C'est le contraire qui s'est produit.

Une précision s'impose. Chaque pays est tenu de protéger ses citoyens et l'ensemble des communautés qui le composent et d'analyser les risques qu'il encourt. Personne ne remet en cause ce principe. Mais mettre au pilori une communauté parce que quelques-uns de ses membres sont violents, ce n'est pas juste. Et c'est d'abord une question de langage. Les mots ont un sens. Islamisme, qui devrait se limiter à la dynamique qui parcourt la religion musulmane, renvoie malheureusement au terrorisme et à une version violente de l'interprétation de l'Islam. C'est accablant pour les musulmans, quel que soit leur degré d'attachement à la foi.

Surtout lorsqu'ils constatent que le terme "christianisme" a une connotation positive. Il se limite à la description de la dynamique spirituelle de cette religion. Son passé violent est définitivement écarté par la mémoire. Les pires horreurs de la chrétienté (Inquisition, Croisades, Reconquista et la déportation qui s'en est suivie) sont en notes de bas de page, jamais dans le corps du texte. Même le silence du Vatican au cours de la 2e Guerre mondiale est complètement occulté. Le judaïsme, dont la dimension archi-violente s'exprime aujourd'hui sans vergogne, dénoncée par un grand nombre d'israéliens, dont les anciens 1er ministres Barak et Olmer, est également épargné. Le judaïsme, comme désignation, est limité à sa dimension religieuse, et c'est bien. C'est le terme "islamisme" qui pose problème.

L'associer à une des dérives violentes de l'islam, sans le faire pour le christianisme et le judaïsme, dessert la volonté de lutter contre l'entrisme et une idéologie inspirée d'une interprétation religieuse. En réalité, l'emballement des médias et des hommes politiques autour de ce rapport est contre-productif. Il va juste générer plus de frustration pour l'ensemble des musulmans qui voient leur religion et leur foi salies, limite profanées par des discours inadaptés portés par des mots inappropriés.

La première mesure qui s'impose est d'interdire l'utilisation du mot "islamisme" pour parler de voyous, trafiquants, terroristes ou autres parias de la société. La France le fait pour les autres religions, elle doit l'imposer pour l'islam si elle souhaite recruter parmi les musulmans des militants pour une société française apaisée.

Rédigé par Larbi bargach


Jeudi 22 Mai 2025