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Le style Moulay El Hassan : élégance, humilité et souveraineté du geste...


Par Aziz Daouda

Il arrive parfois qu'un instant dépasse l'événement qui l'a rendu possible.

La cérémonie d'ouverture de la 35ᵉ édition de la Coupe d'Afrique des Nations, organisée au Maroc, restera sans doute dans les mémoires non seulement pour sa technologie, sa beauté, la pertinence de sa thématique et sa qualité inédite en Afrique ; non par son importance sportive et diplomatique, mais surtout pour la prestation silencieuse, presque chorégraphique, du Prince Héritier **Moulay El Hassan**.



Sous une pluie battante, dans un stade plein et sous les regards croisés du public marocain et international, le Prince a surpris les non avertis.

Non par l'ostentation, mais par la sobriété. Non par la distance, mais par la proximité.

Ce soir-là, le Maroc a offert à l'Afrique et au monde bien plus qu'un tournoi de football : une leçon de style, de comportement et d'hospitalité par l'élégance du geste et la noblesse de l'attitude.

Sans parapluie, avançant calmement sur la pelouse détrempée du Stade Moulay Abdellah , le Prince Héritier s'arrête, salue chaleureusement un public charmé, enthousiaste, fervent, et se dirige vers les arbitres et les joueurs avec un naturel désarmant.

Les images parlent d'elles-mêmes : des sourires, des échanges simples, un ton amical et profondément humain. Aucun protocole pesant, aucune rigidité. Juste l'évidence d'un homme à l'aise dans sa mission, avec prestance et classe.

Lorsqu'il demande à l'arbitre de quel côté botter le ballon pour donner le coup d'envoi symbolique, le geste devient presque métaphorique.

Celui d'un héritier du trône qui sait que l'autorité véritable n'a pas besoin d'être imposée, mais s'exerce dans le respect, l'affection et l'écoute.

Le ballon est frappé avec élégance, sans emphase. Le message, lui, est limpide. La joie est manifeste.

Le Maroc est hôte et maison commune de tout un continent en devenir. Le Prince en donne la preuve. En bon Marocain, le Prince Héritier maîtrise cet art ancestral : celui de recevoir et de mettre à l'aise ses invités.

Les pays présents à la CAN sont les invités du Maroc. Et, à un niveau plus profond encore, ils sont les invités de tous les Marocains, à leur tête Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste, comme se plaisent à le répéter le président de la FIFA Gianni Infantino et celui de la CAF Patrice Motsepe , Sud-Africain, faut-il le rappeler.

En présidant cette cérémonie, en représentant son fils auguste père, le Prince Moulay El Hassan n'incarnait pas seulement la continuité institutionnelle. Il incarnait une culture :

Celle d'un Royaume où l'hospitalité est une valeur cardinale, et où la souveraineté s'exprime aussi par la courtoisie.


Installé dans la Tribune Royale aux côtés du président des Comores, de Gianni Infantino , de Patrice Motsepe et du président de la FRMF Fouzi Lekjaa , le Prince a suivi la rencontre avec une attention visible, réagissant aux temps forts comme n'importe quel passionné de football, exprimant une joie sincère, une émotion partagée.

Lorsqu'Ayoub El Kaabi inscrit son splendide retournée acrobatique à la 74ᵉ minute, la joie du Prince est spontanée, sincère, presque contagieuse.

Ce n'est pas une joie récoltée, mais celle d'un jeune homme fier de son équipe, de son pays, et du moment historique que vit le Royaume et l'Afrique.

À cet instant même, il se retourne et salue respectueusement son invité : le Président des Comores.

Les relations et la coopération avec ces Îles sont particulières. La quasi-totalité des hauts responsables de ce pays frères, pourtant lointains, dont le président lui-même, ont été formés dans les grandes écoles et universités du Maroc.

Cette capacité de Son Altesse Royale à passer, sans rupture, du protocole à l'émotion est peut-être l'un des traits les plus marquants de cette prestation. Elle humanise la fonction sans jamais l'affaiblir.

Elle rappelle la sollicitude royale à l'hôpital de Marrakech : Sa Majesté se penchant sur un lit d'hôpital et faisant l'accolade à un blessé subsaharien qui le remercie de tout cœur et semble avoir oublié son malheur.

Là, à Rabat, en cette soirée du 21 décembre, la pluie est un symbole : entre gratitude et destin. Il y avait, ce soir-là, une autre dimension, plus subtile, presque spirituelle.

Après sept années consécutives de sécheresse, cette pluie abondante tombant sur Rabat, à ce moment précis, prenait une résonance particulière.

Le geste princier, accompli sans protection alors qu'il pleuvait des cordes, est apparu à beaucoup comme une forme de gratitude silencieuse, un remerciement à la miséricorde divine. Vivez la pluie et les neiges abondantes sur les cimes de l'Atlas.

Dans une monarchie où le temps long, le symbole et le sacré comptent autant que l'instant médiatique, cette image a marqué les esprits. Elle a rappelé que le pouvoir, au Maroc, s'inscrit dans une continuité historique et spirituelle, celle de la plus ancienne dynastie régnante au monde.

Celle du commandeur des coryants. Feu Hassan II n'avait-il pas remercié Dieu, traversant Khémisset debout les bras en l'air, par une pluie battante qui avait tardé ?

Le Prince est un homme d'exception en devenir, brillant étudiant, doctorant perspicace, marocain résolu, musulman convaincu, africain décidé, humaniste érudit.

La victoire finale des Lions de l'Atlas (2-0) n'a fait que parachever une soirée déjà chargée de sens. Mais au-delà du score, c'est le comportement du Prince Héritier qui reste comme l'un des moments forts de cette ouverture de la CAN.

Par son humilité, son élégance et sa maîtrise des codes, Moulay El Hassan a montré qu'il n'était pas seulement un héritier de sang royal, mais un héritier de valeurs pérennes.

Et c'est peut-être là que réside le respect, l'amour et l'admiration du public marocain et la surprise de celui international : avoir vu, sous la pluie, se dessiner le portrait d'un futur grand leader qui comprend que la grandeur commence souvent par la simplicité du geste.

PAR AZIZ DAOUDA/BLUWR.COM



Mercredi 24 Décembre 2025