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Le temps des marcheurs


Rédigé par le Jeudi 16 Juin 2022

Avec le prix du litre de gasoil qui grimpe hardiment au-delà des 16 dhs et celui du sans-plomb qui dépasse les 18dhs, ce n’est franchement pas la joie au sein de l’opinion publique.



Le temps des marcheurs
Selon les villes du royaume, les stations d’essence affichent des prix des carburants allant de 14,55 dhs le litre de gasoil et 16,83 dhs celui du sans-plomb à, respectivement, 15,85 dhs et 18 dhs.

En voyant ces prix affichés à la pompe, on commence d’abord par se demander si ce sont les afficheurs électroniques qui ont « buggé », ou est-ce que les cours ne seraient pas, en fait, affichés en francs cfa. Parce que ce n’est qu’une fois convertis en dirhams qu’ils deviennent abordables.

Que l’on soit motorisé, usager des transports en commun ou même piéton, créateur de richesses ou simple consommateur, le renchérissement des prix des carburants touche toutes les franges de la société, en se répercutant sur l’ensemble des produits transportés.

Lakjaa siffle l’hors-jeu

Faouzi Lakjaa, ministre du budget, pronostique un score salé. Les 16 milliards de dhs alloués à la compensation, dans le cadre de la loi des finances 2022, ont d’ores et déjà été consommé à hauteur de 96%.

La facture risque, en fait, de s’élever à 32,8 milliards de Dhs au terme de l’année en cours.

Pour amortir quelque peu l’impact de la hausse des prix à la consommation sur les citoyens, le chef du gouvernement aurait informé les présidents des deux chambres du parlement que des crédits supplémentaires ont été ouverts au titre des fonds alloués aux produits subventionnés, d’après le confrère l’Economiste.

De la double élasticité

Les explications avancées : « c’est la faute à la guerre, c’est la faute à la reprise post-covid », ne font plus recettes sur les réseaux sociaux, ou gronde le mécontentement des Marocains.

La manière dont s’est effectuée la libéralisation du secteur des hydrocarbures, en décembre 2015, est ainsi remise en question.

Pas de marche en arrière possible s’empressent d’affirmer les plus « éclairés ». Ni de plafonnement des prix, poursuivent-ils, peu rassurés par cette perspective « populiste ».

Si l’élasticité des prix des carburants ne fait aucun doute, en raison de l’évidente importance vitale de ces produits énergétiques dans les activités économiques et la vie quotidienne des gens, c’est celle de l’humeur de l’opinion publique nationale qui suscite une profonde interrogation.

Ecologiquement votre

Soudainement, les Marocains se sont découverts la fibre de l’écologiquement correct. Il est question d’accorder un repos bien mérité aux véhicules automobiles, le 19 juin, et de revenir aux saines traditions de nos grands parents : la marche à pieds ou à vélo, pour « les plus aisés ».

Avancer un pied devant l’autre ou pédaler sur des kilomètres, comme tout le monde le sait, est excellent pour la santé. Encore plus pour les budgets des chefs de ménage.

Rouler à vélo à côté d’une éolienne procure, par ailleurs, l’étrange sensation de plonger dans le monde enchanté de Don Quichotte et des moulins à vent.

Course d’endurance

En raison des pénuries de produits de base qui pointent à l’horizon, de l’avis de tous les experts internationaux en mauvaises augures, il vaut mieux, en effet, s’exercer dès à présent à la course d’endurance.

Car il s’agit de courir vite et longtemps. Avant de se faire rattraper par le besoin de consommer.

Ce ne serait pas alors intéressant de mettre Aouita et Guerrouj au gouvernement ? Avec de tels lièvres, les Marocains auront peut être leur chance d’avancer plus vite que les compteurs des pompes à essence.




Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 16 Juin 2022