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Le variant ‘Delta’ va-t-il contaminer Aïd Al Adha ?


Rédigé par le Lundi 12 Juillet 2021

Il y a un malaise palpable parmi les Marocains concernant la manière dont sera ‘fêté’ Aïd Al Adha cette année. Le variant ‘Delta’ pourrait encore tout gâcher. On en oublie, presque, que les élections sont dans deux mois.



Le variant 'Delta' et le 'mouton de Troie'
Le variant 'Delta' et le 'mouton de Troie'
Prenez un mouton de sacrifice pour Aïd Al Adha, le variant ‘Delta’ du virus Sras-Cov2 et une urne destinée aux bulletins de vote et enfermez les ensemble dans une pièce. Qu’est-ce qui va se passer ?

Le mouton tente d’expliquer au virus qu’il pèse quelques 12 milliards de Dhs, dont les deux tiers vont au monde rural. Pour conforter ses propos, il appelle au téléphone le ministre de l’agriculture.

Mais celui-ci ne répond pas. Il se serait mis au ‘vert’ pour mener une campagne dont il espère qu’elle lui déroule un tapis rouge vers la primature. Ce n’est vraiment pas le moment d’attraper le bélier par ses cornes.

Le pauvre mouton pense alors que le chef du gouvernement peut lui sauver la mise. Sauf qu’il tombe à chaque fois sur la boîte vocale : « En raison du nouveau quotient électoral, veuillez vous adressez au prochain titulaire du poste ».

En désespoir de cause, le mouton se tourne vers l’urne et lui demande de prendre sa défense. Celle-ci hésite, cependant, pesant le pour et le contre.

Si les Marocains fêtent Aïd Al Adha de manière agréable, qui leur ferait oublier l’ambiance tristounette de l’année écoulée, la panse bien remplie, ils se plairaient à se projeter dans l’avenir et réfléchir sur la formation politique qui appliquerait au mieux le nouveau modèle de développement.

Néanmoins, si les électeurs se précipitent en masse dans les souks pour acquérir des moutons de sacrifice, s’oublient en accolades le jour de fête sans porter de masques, bref, qu’ils rangent aux débarras les gestes barrières comme étant passés de mode, là c’est l’urne qui risque de se retrouver le ventre vide, le 8 septembre.

C’est vrai que le Maroc a réussi à inoculer les deux doses de vaccin à près de 10 millions de personnes, un chiffre qui double quand l’on tient compte de ceux qui n’ont encore reçu qu’une seule dose. C’est même le 24ème pays le plus sûr du monde pour avoir su maîtriser la pandémie.

Il n’en demeure pas moins que ce très contagieux variant venu des Indes s’est mis à rôder au Maroc, quatre régions étant déjà infectées. Et l’on ne sait pas encore avec certitude jusqu’à quel point les vaccins existants peuvent protéger contre ce variant.

Le nombre de personnes qui ont été infecté a dépassé les 540 mille depuis l’apparition du Covid au royaume. Plus de 9 mille personnes en sont mortes.

Que le variant ‘Delta’ déclenche, qu’à Dieu ne plaise, une 4ème vague de la pandémie au Maroc, se dit l’urne, et elle risque de ne plus pouvoir avaler des bulletins de vote.

Vue sous cet angle, la question devient vraiment existentielle pour l’urne. Surtout que le vote électronique à distance menace de lui piquer son job et de l’envoyer à la retraite.

L’urne se rend alors compte que sa présence dans une même pièce que le mouton de sacrifice et le virus assassin n’est nullement fortuite. Pour chacun d’entre eux, son destin risque de s’arrêter là ou celui des deux autres à pris le pas.

Que le mouton et le virus viennent à s’en sortir, et c’est l’urne qui va écoper. Comme l’urne et le virus ne peuvent pas faire bon ménage, la seule solution qui reste à la première est de laisser le virus en tête à tête avec le mouton et de se glisser seule vers la sortie.

De toute manière, le virus ne peut pas infecter le mouton, qui lui survivra jusqu’à l’année prochaine.

L’urne laisse le mouton échanger des coups de cornes avec le virus et ouvre la porte pour s’échapper. Pour se retrouver en face d’une foule d’éleveurs d’ovins et de professionnels du tourisme en colère, qui auraient voulu voir plutôt le mouton sortir.

L’urne sait qu’il lui faut tout un trésor de diplomatie pour leur faire avaler la pilule. Une petite déception vaut mieux qu’un long confinement qui serait autrement plus accablant.




Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Lundi 12 Juillet 2021