Sur les réseaux sociaux et dans les espaces publics, la réaction a été unanime et passionnée.
Leur rôle ne peut ni se réduire ni se caricaturer, car il est fondamental dans la construction de la société marocaine, elle-même en mutation mais profondément enracinée dans ses traditions, sa résilience et son identité propre.
La phrase où Leila Slimani parle de la vengeance comme une valeur que les mamans enseigneraient à leurs enfants, les filles en particulier, ne passe pas et ne passera pas. Elle a avancé en exemple sa propre grand mère, absente pour la contredire...
Cette expression est tout authentiquement inappropriée que fallacieuse. C'est plutôt le contraire qui est vrai : l'une des valeurs fondamentales de la société marocaine est justement le pardon.
Le pardon est ici enseigné et vécu au quotidien dans le relationnel sociétal. La vie tourne autour du pardon. Le mot pardon en darija est prononcé des dizaines de fois par jour par tous ici.
Lalla Leila, faut-il vraiment vous rappeler que la culture marocaine ne se nourrit pas de rancune et encre moins de vengeance, mais d'exigence :
Une exigence de respect et de nuance.
Aujourd'hui, la société marocaine progresse, mais elle rejette fermement les jugements extérieurs imposés sans une connaissance approfondie du contexte local, qu'il soit cultuel ou culturel. En tant que figure publique représentant le Maroc sur la scène internationale, si vous le voulez bien, vous devriez faire preuve d'une plus grande prudence et d'empathie dans votre proposition.
Dire une vérité est une chose, l'inventer en est une autre, d'autant plus que la circonstance n'était point une fiction mais bien une émission grand public.
Cette polémique met en lumière une fracture symbolique persistante entre une certaine élite installée à l'étranger et le Maroc réel, celle qui vit, lutte et avance à son rythme certes mais avance très bien. Critiquer est légitime, remettre en cause est salutaire mais cela doit toujours se faire avec rigueur, responsabilité et surtout dans le respect.
La parole publique ne doit jamais humilier ni infantiliser les femmes marocaines et encore moins dans leur rôle essentiel et vital : celle d'élever les nouvelles générations.
Le Maroc ne se fige pas dans des stéréotypes.
Les femmes marocaines, qu'elles soient avocates, entrepreneures, enseignantes, artistes, ouvrières, artisanes ou mères au foyer, mènent chaque jour, dans l'ombre des combats essentiels, fondés sur une force tranquille digne d'admiration.
Leur modernité est un processus intérieur, patient et authentique, qui n'a rien à envier aux discours importés. Leur devenir est entre leurs mains et ne se fera pas au gré de paroles prononcées ici ou là dans le seul mais d'épater une assistance avide d'orientalisme primaire.
Au-delà, cette affaire révèle plus largement la difficulté que rencontrent certains Marocains et Marocaines de la diaspora à concilier distance et sensibilité vis-à-vis de leur pays d'origine. C'est d'un pont qu'avait besoin ce dialogue, fondé sur une écoute sincère et un partage respectueux des expériences. À travers cette maladresse, Leïla Slimani a montré combien une parole déconnectée peut bénir profondément, surtout lorsqu'elle émane de l'une des nôtres.
Et si l'expression prononcée par Leïla Slimani ne faisait que traduire son ressenti personnel et peut être un désir de vengeance refoulé en relation avec son passé familial. Son papa, le défunt Othmane Slimani, éminent économiste, après avoir été ministre et patron de banque, avait connu une véritable descente aux enfers, accusé de malversations.
Il succombera à un cancer des poumons avant la fin du processus judiciaire, ayant fait appel suite à un premier jugement le condamnant en première instance. Il faut reconnaître au défunt que c'est sous sa présidence de la Fédération Royale Marocaine de Football que l'Équipe Nationale du Maroc de Football a remporté l'unique titre africain qu'elle possède à ce jour.
C'était en 1976. Les marocains n'ont jamais oublié cette épopée et en remercient toujours Si Slimani, le sélectionneur Mehdi Belmejdoub, l'entraîneur Mardarescu et les joueurs de l'époque avec à leur tête Ahmed Faras.
Madame Slimani, qui mérite le respect pour ce qu'elle est, doit simplement intégrer que le Maroc ne réclame pas de leçons, mais une véritable compréhension et un dialogue respectueux pour accompagner sa transformation et les grands progrès engrangés.
Beaucoup avant elle ont tenté le même cheminement dans leur quête de vouloir être plus royalistes que le roi ; jamais personne n'a réussi. Le Maroc, on peut le quitter, mais lui ne nous quitte jamais, et c'est pour cela qu'il faut le respecter.
Le Maroc c'est surement bien manger, bien boire mais pas se venger.
PAR AZIZ DAOUDA/BLUWR.COM
