Dans une famille où les cousins avaient choisi le commerce des tissus, l’argent rapide, les mariages précoces et les enfants tôt venus, Az faisait figure d’exception.
Eux gagnaient vite, vivaient tôt.
Lui différerait tout. Le confort, la reconnaissance, la sécurité. Il misait sur le temps long, sur l’étude, sur l’effort silencieux.
Sur ce pari risqué qu’est le savoir quand on vient de peu.
Il fut le seul de ses cousins à franchir les portes de la faculté de médecine.
Le seul à supporter les nuits blanches, les examens répétés, l’angoisse des résultats, la fatigue accumulée.
Il avançait, porté par une idée simple et presque naïve : devenir médecin pour soigner les démunis. Comme si la souffrance qu’il avait vue enfant lui avait confié une mission.
Et il réussit.
Az obtint son doctorat.
Il ouvrit un cabinet de médecine générale dans un quartier populaire. Rien de clinquant. Un lieu simple, accessible, humain.
Peu à peu, les patients vinrent. Il se fit un nom, une réputation modeste mais solide. Il commença à mettre de côté un peu d’argent. Pas une fortune. Juste de quoi respirer.
Il se maria. Il eut de beaux enfants, studieux, sérieux, engagés eux aussi dans des études universitaires.
Il regardait ce qu’il avait construit avec un mélange de gratitude et d’étonnement.
Lui différerait tout. Le confort, la reconnaissance, la sécurité. Il misait sur le temps long, sur l’étude, sur l’effort silencieux.
Sur ce pari risqué qu’est le savoir quand on vient de peu.
Il fut le seul de ses cousins à franchir les portes de la faculté de médecine.
Le seul à supporter les nuits blanches, les examens répétés, l’angoisse des résultats, la fatigue accumulée.
Il avançait, porté par une idée simple et presque naïve : devenir médecin pour soigner les démunis. Comme si la souffrance qu’il avait vue enfant lui avait confié une mission.
Et il réussit.
Az obtint son doctorat.
Il ouvrit un cabinet de médecine générale dans un quartier populaire. Rien de clinquant. Un lieu simple, accessible, humain.
Peu à peu, les patients vinrent. Il se fit un nom, une réputation modeste mais solide. Il commença à mettre de côté un peu d’argent. Pas une fortune. Juste de quoi respirer.
Il se maria. Il eut de beaux enfants, studieux, sérieux, engagés eux aussi dans des études universitaires.
Il regardait ce qu’il avait construit avec un mélange de gratitude et d’étonnement.
Comme si ce bonheur discret restait fragile, presque provisoire.
Il remerciait Dieu pour cette vie sans éclat mais pleine de sens.
Et pourtant. Aujourd’hui, Az a peur.Une peur sourde, rationnelle, presque philosophique.
Il craint pour son équilibre économique, pour sa place sociale, pour l’avenir de sa famille.
Les grands groupes libéraux de la santé avancent, structurés, puissants, organisés.
Ils promettent la modernité, la technologie, l’efficacité. Et dans leur sillage, ils aspirent les patients, redessinent les parcours de soins, imposent une logique qui dépasse les individus.
Az se demande si cette mécanique implacable ne finira pas par lui prendre sa seule richesse : ses patients.
Non par la violence brute, mais par la logique froide des choses.
Par la force du marché, par l’attrait des enseignes, par la concentration des soins.
Il se demande, en homme libre, ce que vaut encore l’engagement individuel face aux structures géantes.
Il se demande, comme Albert Camus, si l’effort humain a encore un sens dans un monde qui le dépasse. Il se demande, comme Jean Paul Sartre, s’il est condamné à rester responsable, même quand les règles du jeu changent sans lui demander son avis.
Et pourtant, chaque matin, Az ouvre son cabinet.
Il écoute. Il soigne. Il rassure. Il continue.
Parce qu’il sait que son histoire ne se résume ni à un bilan comptable ni à une courbe de rentabilité.
Elle est faite de visages, de gestes, de confiance.
Elle est faite d’une chambre au fond d’un jardin, d’une mère courageuse, d’un rêve obstiné.
Et tant qu’il restera un patient qui pousse sa porte non par habitude, mais par confiance, Az existera encore pleinement comme médecin. Comme homme. Comme promesse tenue.
Et ils, elles sont des centaines, voire des milliers de " Az " dans toutes les régions du Royaume du Maroc.
Par Dr Anwar CHERKAOUI
Et pourtant. Aujourd’hui, Az a peur.Une peur sourde, rationnelle, presque philosophique.
Il craint pour son équilibre économique, pour sa place sociale, pour l’avenir de sa famille.
Les grands groupes libéraux de la santé avancent, structurés, puissants, organisés.
Ils promettent la modernité, la technologie, l’efficacité. Et dans leur sillage, ils aspirent les patients, redessinent les parcours de soins, imposent une logique qui dépasse les individus.
Az se demande si cette mécanique implacable ne finira pas par lui prendre sa seule richesse : ses patients.
Non par la violence brute, mais par la logique froide des choses.
Par la force du marché, par l’attrait des enseignes, par la concentration des soins.
Il se demande, en homme libre, ce que vaut encore l’engagement individuel face aux structures géantes.
Il se demande, comme Albert Camus, si l’effort humain a encore un sens dans un monde qui le dépasse. Il se demande, comme Jean Paul Sartre, s’il est condamné à rester responsable, même quand les règles du jeu changent sans lui demander son avis.
Et pourtant, chaque matin, Az ouvre son cabinet.
Il écoute. Il soigne. Il rassure. Il continue.
Parce qu’il sait que son histoire ne se résume ni à un bilan comptable ni à une courbe de rentabilité.
Elle est faite de visages, de gestes, de confiance.
Elle est faite d’une chambre au fond d’un jardin, d’une mère courageuse, d’un rêve obstiné.
Et tant qu’il restera un patient qui pousse sa porte non par habitude, mais par confiance, Az existera encore pleinement comme médecin. Comme homme. Comme promesse tenue.
Et ils, elles sont des centaines, voire des milliers de " Az " dans toutes les régions du Royaume du Maroc.
Par Dr Anwar CHERKAOUI
