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Les prix flambent, Rahhou tempère : entre justice et liberté du marché


Rédigé par le Mercredi 19 Février 2025

Le Conseil de la Concurrence face à la montée des prix : une surveillance accrue, mais des limites claires
Intermédiaires et spéculateurs : des acteurs incontournables ou des profiteurs du marché ?
La liberté des prix en question : où tracer la ligne entre régulation et intervention ?



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Intermédiaires et spéculateurs : bouc émissaires ou maillons essentiels ? Le dilemme d’Ahmed Rahou face à la flambée des prix

Les prix flambent, Rahhou tempère : entre justice et liberté du marché
Le président du Conseil de la Concurrence, Ahmed Rahhou, se trouve face à un paradoxe qui agite les débats économiques au Maroc. Alors que les prix des produits alimentaires, notamment la viande et le poisson, atteignent des sommets, les consommateurs exigent des réponses. Mais jusqu’où peut aller l’intervention du Conseil dans un marché où la liberté des prix est un principe fondamental ?

Les enquêtes menées par le Conseil de la Concurrence révèlent des pratiques qui alimentent une inflation préoccupante. Entre la concentration du pouvoir entre quelques acteurs et la multiplication des intermédiaires, le consommateur marocain subit une hausse constante des prix. Pourtant, comme le rappelle Ahmed Rahou, l’institution qu’il dirige n’a pas vocation à fixer les prix, mais à s’assurer du bon fonctionnement du marché. Autrement dit, il peut sanctionner les abus, mais pas dicter les règles du jeu économique.

C’est sur ce point que la position du Conseil se distingue : il combat les monopoles et les manipulations tarifaires, mais il ne peut interdire le rôle des intermédiaires, aussi controversé soit-il. « Il ne s'agit pas de les éliminer, car même les producteurs préfèrent souvent leur confier la commercialisation », souligne Rahou. Une réalité qui complique la tâche des autorités.
Intermédiaires et spéculateurs : nécessaires, mais trop gourmands ?

Si les intermédiaires assurent la fluidité du marché en facilitant la distribution des produits, leur rôle suscite des interrogations. Selon Rahou, près de 50 % de la valeur du produit finit dans les poches des intermédiaires avant d’arriver au consommateur final. Une situation qui alimente les critiques : ces acteurs du marché apportent-ils une réelle valeur ajoutée ou se contentent-ils d’encaisser des marges excessives ?

D’un côté, leur présence permet d’éviter aux producteurs de gérer eux-mêmes la logistique et la commercialisation. De l’autre, l’écart entre le prix payé par le consommateur et celui reçu par le producteur pose la question d’un éventuel déséquilibre. « Il faut réguler sans asphyxier », explique Rahhou, qui insiste sur la nécessité de trouver un juste milieu entre une intervention trop rigide et une dérégulation complète.

Entre régulation et laissez-faire : quel équilibre pour le marché marocain ?

Le débat reste ouvert. Face à la volatilité des prix et aux tensions sociales qu’elle engendre, le rôle du Conseil de la Concurrence prend une dimension stratégique. Mais sa marge de manœuvre est limitée : il peut détecter et sanctionner des abus, mais pas remodeler entièrement le fonctionnement du marché.

Faut-il alors revoir la réglementation pour limiter les marges des intermédiaires ? Doit-on encadrer plus strictement les pratiques spéculatives ? Le gouvernement, lui, est sous pression pour agir, alors que le pouvoir d’achat des ménages s’érode. En attendant, le Conseil de la Concurrence continue de traquer les pratiques anticoncurrentielles, mais sans toucher au principe fondamental de la liberté des prix. Une équation complexe dont l’issue reste incertaine.

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Mercredi 19 Février 2025