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Lettre à mon homme…


Rédigé par La rédaction le Samedi 4 Septembre 2021

Le roman est un récit décliné au ton personnel d’une femme qui s’adresse à ‘’son homme’’. Elle lui parle en tant qu’amie, amante, épouse, sœur, peut-être également sa fille. Elle trace face à son regard, atrophié par un aveuglant sexisme, ce qu’il en a fait depuis l’aube des temps, au sortir de l’Eden après avoir croqué la pomme.



Lettre à mon homme…

Ce ‘’sortir de l’Eden’’ est une image bien sûr. Mais en cela, évidemment, ‘’Lettre à mon homme’’ est un condensé chirurgical de la condition de toutes les femmes du monde, quelles que soient leurs religions, leur culture, leur ‘’appartenance’’ matrimoniale…  

Elle lui dessine le tableau acronyme qu’il s’est immodérément peint de sa relation avec celle qui lui a donné vie, aimé, mis en orbite triomphante mais qui peut, s’il ne revient pas à la ‘’raison’’, le remettre là où il devrait, il devait être depuis le départ, un simple partenaire de parcours, sans éclat et encore moins d’apparat.
 

Extraits :

‘’Parfois, alors que je suis endormie, je vois comme des flashs, des faisceaux de lumière qui viennent estomper mon regard. Comme si, en plein sommeil, je rêve tout en ayant l’impression, la sensation, la certitude qu’une partie de moi reste éveillée. Je me vois entrain de rêver. Et, quand je me réveille, je vois les choses autrement.  Au travers de ce mi-rêve, mi-éveil, je constate que mon univers de femme, parmi les femmes, subit des électrochocs, par intermittence mais à cadence régulière, chronométrée à la millionième de seconde près…
 

Lors de ce réveil, je me surprends scrutant le temps de ma traversée, notre traversée, nous femmes de ce monde, submergées par cette réalité qui baigne notre espace de vie. Par bribes au départ, puis en lots structurés, comme l’est le temps qui enveloppe notre destinée à toutes et dont la mienne est une part indécrochable.
 

Puis je me retourne, je lorgne un peu du coin de l’œil et je vois ce qui a fait notre première estocade, nous femmes de ce monde, celle que l’homme – mon père, mon frère, mon ami, mon compagnon, mon amour… – m’a portée. Je réalise alors que je ne me sens pas pleinement citoyenne. Parfois pas du tout. Les fractures qui hantent mon âme me semblent, sont en fait, injustes et inéquitables, parce que pointant du doigt ma précaire identité féminine. Cette partie de moi qui me distingue des autres, c’est-à-dire de toi mon homme, dicte ma subsidiarité.
 

Je suis femme et j’ai vu naître l’Univers. Je lui ai donné vie au commencement de la vie. Je suis Humanité sans retors. J’évolue en marge, à la marge, pourtant tout est partie de mon être, avant et au début de tout commencement. Mais, comme au jour de la Création, j’ai dû me faire une raison, celle de voir-faire les choses à l’envers, jamais à l’endroit. Je suis femme et de mon être est sortie toute l’Humanité. Parce que nous ‘’les femmes, nous sommes la moitié du ciel et même un peu plus. Nous entendons être la moitié de tout, pas vos moitiés’’…
 

Dans les autres, toi, homme, tu es tout, tu es le tout. Tu es les autres. Et tu t’en vantes à l’égosillement. De ta suffisance je tire ma faiblesse, du moins ce que tu crois être ma faiblesse. Pourtant je sais que je suis plus forte, plus résistante, plus déterminée, toutes choses qu’il – toi, lui, les autres – refuse d’accepter, qu’il ne veut accepter, parce que cela l’acculera à reconnaître ma grande résilience. Celle que, depuis l’aube des temps, la société des femmes a érigée en substrat de ton errance dans les couloirs de l’ignorance. Dans l’acte de nier l’évidence. A travers l’obscur entêtement que tu as de croire que la force est physique, dans les organes, les travées et les couloirs de l’arrogance faite abrutissement infini…’’.
 

Lettre à mon homme’’, Najib BENSBIA Editions ORION

 





Samedi 4 Septembre 2021