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Majorités communales : l’espoir se fissure, l’optimisme se lézarde…




Par Aziz Boucetta

Majorités communales : l’espoir se fissure, l’optimisme se lézarde…

Le 8 septembre est derrière nous et devant, une sérieuse dose d’espérance de voir ce pays, enfin, doté d’une classe politique à la hauteur de ses ambitions. La campagne électorale est derrière mais déjà, il existe une probabilité considérable que les illusions le deviennent aussi… La formation des majorités, nationale et territoriale, commence à montrer des signes inquiétants.
 

Cette année politique est un remake de 2015-2016, avec un acteur différent. En 2015, le PJD s’était installé dans toutes les grandes et moins grandes communes du royaume, et un an après, c’était au tour du parlement d’être investi par les élus de ce parti. En 2021, scrutin groupé oblige, le RNI s’accapare de pratiquement tout, au grand bonheur de celles et ceux qui n’avaient pas voté et qui avaient été « dirigé(e)s » par les membres du PJD. La règle démocratique est globalement ainsi faite, et l’alternance aussi.
 

On ne le dira jamais assez, le RNI a réussi un séisme politique, boutant le PJD et déboutant ses candidats par la force de la volonté et la promesse de l’efficacité (on s’arrêtera là…). Cela crée de la joie et de la fierté dans ses rangs, mais cela engage une puissante responsabilité et occasionne de très fortes espérances de la population qui ne demande rien de plus que vivre décemment et mieux, si possible. C’est possible en effet et ce n’est pas trop demander, au vu de nos ressources et de nos potentiels.
 

Le séisme est légitime et global, mais les attentes le sont aussi. Il est bien beau de placer des femmes à la tête des grandes villes et de régions, mais la plus compétente femme du monde ne peut masquer ce qui est là.
 

Or, ce qui nous a été donné de voir depuis l’installation des conseils communaux pourrait commencer à susciter une légitime inquiétude. Après le népotisme qui a caractérisé les candidatures selon le principe local du « bak sahbi », et des progénitures qui caracolent ici et là, partout et ailleurs, voici venu le temps des fonctions communales meublées par des personnes dont l’intégrité morale peut raisonnablement être mise en doute. Des vidéos commencent d’ores et déjà à circuler… et donc à véhiculer un début de désillusion.
 

Être adjoint dans le conseil d’une grande ville nécessite de la préparation et requiert une certaine compétence, que ne confère pas forcément la noble activité de promoteur immobilier ou celle d’opérateur touristique… surtout quand ces personnes ont longtemps exercé dans la sphère « politique » sans pour autant développer un savoir-faire connu et, surtout, reconnu. Jadis, on se plaignait d’élus communaux qui faisaient leurs petites affaires, mais aujourd’hui, ce sont des pros des affaires qui sont là…
 

Par ailleurs, l’étrange insistance du chef du PAM Abdellatif Ouahbi à intégrer le futur gouvernement, au point de le faire inscrire dans le marbre du communiqué d’accord du parti pour former la majorité renvoie à d’anciens souvenirs douloureux de notre classe politique, que l’on aurait préféré oublier. De même que la volonté du chef du gouvernement désigné d’être « maire » d’Agadir reste incompréhensible !
 

Aziz Akhannouch doit absolument comprendre, mais avant tout admettre, que sur ses épaules repose l’avenir de ce pays. Le Roi fait son travail, oriente et recommande, dessine les grandes lignes et réprimande, mais il ne lui appartient pas d’instiller la confiance dans les corps élus et la classe politique, car cela est l’affaire de ces mêmes corps élus et de cette même classe politique. Le chef du gouvernement désigné, une fois nommé et investi, devra conduire l’attelage, sachant que le Maroc n’est plus ce pays sous-développé isolé et ignoré de tous, mais une puissance régionale qui émerge, qui doit relever des défis, et surtout tenir bon face aux très prévisibles attaques extérieures qui ont déjà commencé.
 

Si l’équipe prête le flanc aux critiques, se montre affaiblie puis faible par sa composition, pour une raison ou une autre, elle ne pourra réaliser l’ensemble des projets qui l’attendent, tant sur les plans national que régional, et même communal.
 

Pour l’instant, l’espoir de voir du Vrai, du Beau et du Bien est toujours là, mais au vu des débuts et des compositions de majorités, le doute sur l’avenir devient légitime. La solution est simple, elle est entre les mains de M. Akhannouch pour superviser, et aussi celle de M. Abdennabaoui pour, le cas échéant, sévir.
 

Et dans tous les cas, la société civile est là.
 

Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com



Mardi 21 Septembre 2021