Selon le document, 16.755 demandes de mariages de mineurs ont été enregistrées en 2024, soit une diminution de 17 % par rapport à l’année précédente. Cependant, près de deux tiers de ces unions ont été autorisées, confirmant les limites de la loi face aux pressions économiques et sociales.
Un phénomène concentré dans le monde rural
Le mariage précoce reste massivement rural : 13.091 demandes ont été déposées en milieu rural, contre 3.664 en milieu urbain, soit près de 78 % du total.
Dans ces zones, les juges ont refusé plus d’un tiers des requêtes, mais les mariages de mineurs restent nombreux, perçus par certaines familles comme un “mariage de survie” face à la pauvreté.
Le rapport précise d’ailleurs que 96 % des jeunes concernés n’exercent aucune activité professionnelle et que 92 % ont quitté l’école.
Des disparités régionales marquées
La région de Marrakech arrive en tête avec 2.941 demandes, suivie de Fès (2.394) et Kénitra (1.480). À l’inverse, Guelmim ne compte que 48 dossiers. Le taux d’acceptation varie fortement selon les tribunaux : 81 % à Errachidia, 76 % à Fès et 75 % à Kénitra.
Les garçons de plus en plus concernés
Fait marquant, si les mariages de filles mineures ont reculé (de 20.002 à 16.501 demandes), ceux des garçons mineurs ont progressé de 33,6 %, atteignant 254 cas en 2024.
Des mariages souvent conclus à la veille de la majorité
Les jeunes de plus de 17 ans représentent 65,5 % des demandes, avec un taux d’acceptation de 70,5 %. Les tranches plus jeunes demeurent rares, mais non négligeables : 5.079 demandes concernent les 16-17 ans, 633 les 15-16 ans, et 59 les moins de 15 ans – dont une seule a été approuvée.
Un recul trompeur
Malgré le recul global du phénomène, les mariages de mineurs représentent encore 6,4 % des 259.212 demandes de mariage enregistrées au Maroc en 2024.
Un pourcentage en apparence faible, mais lourd de sens dans un pays où le débat sur l’interdiction totale du mariage des moins de 18 ans refait régulièrement surface.