Un déficit qui s'aggrave malgré un essor industriel
Le commerce extérieur du Maroc enregistre des signaux contrastés à fin mars 2025. D’un côté, plusieurs filières stratégiques poursuivent leur expansion à l’export. De l’autre, le déficit commercial du pays continue de se creuser. Selon la note de conjoncture n°339 de la Direction des Études et des Prévisions Financières (DEPF) — une entité rattachée au ministère de l’Économie et des Finances, chargée de l’analyse macroéconomique et du suivi des secteurs productifs — le solde commercial marocain s’est dégradé de 16,9 %, atteignant 71,6 milliards de dirhams.
Cette évolution s’explique par un rythme de croissance des importations supérieur à celui des exportations. Alors que ces dernières progressent timidement de 1,5 % (à 116,1 MMDH), les achats à l’étranger bondissent de 6,9 %, culminant à 187,7 MMDH. Une dynamique révélatrice d’une demande intérieure toujours soutenue, notamment en équipements industriels et produits pharmaceutiques.
Le secteur des phosphates reste un pilier incontournable du commerce extérieur. À fin mars, ses exportations atteignent 20,3 MMDH, en hausse de 18,2 %, tirées par la demande mondiale en engrais et en acides phosphoriques. Le secteur aéronautique, quant à lui, confirme son envol avec une croissance de 15 %, dépassant les 7 MMDH grâce à l’essor des activités de câblage (+10,4 %) et d’assemblage (+17,9 %).
Les produits agricoles confirment leur résilience climatique, avec une hausse de 7,5 % des exportations, soit 26,7 MMDH. L’agroalimentaire marocain parvient ainsi à tirer profit de la demande européenne, malgré les aléas météorologiques et les tensions géopolitiques affectant l’approvisionnement mondial.
En revanche, le secteur automobile, premier poste d’exportation, recule de 7,8 %, pénalisé par un effet de base défavorable et un ralentissement du segment construction. Le textile, le cuir et l’électronique sont aussi en baisse. Le textile perd 1,4 %, le cuir chute de 3,6 %, tandis que l’électronique diminue de 11,6 %, malgré une embellie des câbles électriques (+34,2 %).
Côté importations, les achats de biens d’équipement augmentent de 6,1 %, traduisant l’investissement industriel croissant. Les produits pharmaceutiques s’envolent de 20,2 %, alors que les importations de blé chutent de 36,9 % au profit du maïs et des tourteaux. Les biens de consommation, comme les meubles, enregistrent également des hausses notables, ce qui alourdit la balance commerciale.
Sur le plan des services, les recettes touristiques augmentent légèrement (+2,4 %, à 24,6 MMDH), tandis que les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) restent robustes, dépassant les 26 MMDH. Ensemble, ces ressources compensent près de 71 % du déficit commercial. Par ailleurs, les investissements directs étrangers (IDE) explosent de 63,6 %, atteignant 9,2 MMDH, tandis que les investissements marocains à l’étranger s’effondrent de 59,5 %, à seulement 388 millions de dirhams.
Malgré l'essor de plusieurs filières stratégiques, le Maroc reste confronté à un déséquilibre structurel de sa balance commerciale, rendant urgente une stratégie plus offensive de substitution aux importations.