Jusqu’ici, aucun cadre spécifique ne régissait les produits dits « sans fumée ». À partir de février 2026, tout produit de ce type vendu au Maroc – qu’il soit importé ou distribué localement – devra respecter des exigences strictes en matière de composition, d’étiquetage, de traçabilité et de sécurité.
Selon Ouadi Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), cette norme repose sur deux piliers : « On ne peut pas interdire ces produits, mais on peut protéger le consommateur. L’étiquetage clair et la traçabilité sont les premières barrières de sécurité. »
La norme prévoit onze mentions obligatoires sur chaque emballage :
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nom du fabricant,
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origine,
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composition détaillée,
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date de production et d’expiration,
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avertissements sanitaires visibles.
L’objectif ? Garantir le droit à l’information et réduire les risques liés à la consommation de produits non conformes. « Savoir, c’est pouvoir choisir », insiste Madih, qui appelle l’État à renforcer les campagnes de sensibilisation publique autour des produits nicotiniques alternatifs.
IMANOR distingue deux types de normes : volontaires et obligatoires. Celle-ci appartient à la seconde catégorie. Les entreprises ne pourront plus commercialiser ces produits sans certification de conformité, sous peine de sanctions. Cette obligation vise surtout les importateurs, puisque le Maroc ne dispose pas encore de production locale de tabac chauffé ou de e-cigarettes.
Cette évolution s’inscrit dans la logique de la loi 66-20, modifiant la loi 46-02 sur le tabac pour y inclure les nouvelles formes de consommation. Objectif : adapter la législation nationale à un marché en mutation, où le tabac classique perd du terrain face à des alternatives présentées comme "moins nocives" sans qu’aucune preuve scientifique ne vienne l’attester pleinement.
Pour Ouadi Madih, la norme est un progrès, mais elle doit s’accompagner de moyens concrets : « Depuis 2016, notre fédération agit avec très peu de ressources. Si le consommateur ne comprend pas, il ne peut pas se protéger. » Il plaide pour une campagne d’éducation publique et un contrôle renforcé des importations, afin d’éviter la prolifération de produits contrefaits ou non conformes sur le marché marocain.
L’objectif affiché n’est pas de légitimer les produits du tabac, mais d’imposer un cadre de transparence. Le Maroc rejoint ainsi plusieurs pays qui cherchent à réguler les nouvelles formes de nicotine sans les interdire, pour mieux protéger les consommateurs et limiter les dérives commerciales.