Un plan structuré pour des ambitions tangibles
Ce financement, réparti avec précision, illustre une vision stratégique. Sur le total :
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750 millions de dirhams sont destinés aux programmes de venture building, structures qui accompagnent les projets innovants dès leurs premières idées jusqu’à leur maturité commerciale.
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450 millions de dirhams alimentent le capital-risque, essentiel pour attirer des investisseurs privés et dynamiser le financement des startups à fort potentiel.
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70 millions de dirhams renforcent le réseau Technopark, le principal écosystème d’accompagnement et d’incubation au Maroc.
Sur le papier, ces chiffres reflètent un effort coordonné pour structurer l’écosystème, mais sur le terrain, ils traduisent surtout une volonté d’aligner le Maroc avec les standards internationaux de soutien à l’innovation une démarche qui n’est ni décorative ni théorique.
La ministre s’est montrée claire : il s’agit de faire naître 1 000 startups d’ici 2026 puis 3 000 à l’horizon 2030, une montée en volume qui dépasse les objectifs précédemment évoqués par plusieurs acteurs du secteur.
Entre défis structurels et opportunités réelles
Ce plan ne surgit pas dans un vide économique. Les acteurs locaux ont depuis longtemps souligné des problématiques structurantes faible capital-risque intérieur, hésitation des investisseurs à financer des projets à haut risque, et des startups qui peinent à passer de l’idée au marché viable. Ces obstacles, connus des entrepreneurs marocains, alimentent parfois une certaine frustration, en particulier chez les jeunes fondateurs qui peinent à lever des fonds ou à trouver un accompagnement durable.
Pourtant, l’intégration de nouveaux mécanismes de financement et surtout l’ouverture à l’investissement privé pourrait amorcer un changement de paradigme. En termes pratiques, cela signifie non seulement plus d’argent disponible, mais aussi une diversification des sources de financement et une meilleure répartition des risques entre public et privé.
Un autre élément souvent marginalisé dans les discours, mais que Mme El Fallah Seghrouchni a voulu souligner, concerne l’inclusion numérique. Au-delà des grandes villes, des programmes sont en préparation pour renforcer l’accès au numérique dans les zones rurales et créer des écosystèmes régionaux d’innovation, notamment via les instituts dits Jazari.
Du côté du Technopark, la directrice générale Lamiae Benmakhlouf a exprimé une satisfaction mesurée. Sur les 450 startups et TPE digitales déjà accompagnées, 36 % exportent vers des marchés aussi divers que l’Europe, l’Afrique, les États-Unis ou le Moyen-Orient. Ce chiffre, parfois sous-estimé dans les couloirs des zones d’innovation, devient une donnée tangible de la compétitivité naissante des jeunes entreprises marocaines.
Une ambition durable dans un monde numérique en accélération
Pour beaucoup de jeunes Marocains qu’ils soient ingénieurs, développeurs, ou simples porteurs d’idées cette stratégie s’apparente à une fenêtre d’opportunité. Elle n’est pas exempte de défis, mais elle manifeste une volonté politique forte d’ancrer le Maroc dans la trajectoire des nations qui misent sur l’économie du savoir tout en répondant aux besoins sociaux et économiques du pays.
À l’heure où la digitalisation n’est plus une option mais une nécessité, le pari du Maroc Digital 2030 réside dans sa capacité à transformer ces financements en entreprises viables, en emplois de qualité, et en innovations qui rayonnent au-delà des frontières.
Dans un Maroc où la jeunesse représente une part importante de la population active, la traduction concrète de ces engagements sera observée de près. Reste à voir si ces ambitions audacieuses sauront se transformer en succès durables non seulement à Casablanca ou Rabat, mais dans toutes les régions du Royaume.