En 2024, les tribunaux marocains ont enregistré 40.214 affaires de divorce et 107.681 affaires de dissolution du mariage, soit plus de 110 divorces et près de 300 dissolutions par jour. Ces chiffres traduisent une évolution marquée de la manière dont les couples mettent fin à leur union, entre divorces formels et séparations judiciaires simplifiées.
 

Le divorce par consentement mutuel domine très largement, représentant 96 % des cas (38.858 affaires), contre seulement 4 % pour les autres formes, divorce avant consommation, divorce rétractif ou unilatéral. Le CSPJ relève aussi :

• une légère hausse de 0,2 % des divorces par consentement mutuel,

• une augmentation de 12,9 % des divorces avant consommation,

• et un bond de 33,3 % des divorces prononcés par le juge.
   

Les dissolutions judiciaires du mariage, appelées “Tatliq”, restent près de trois fois plus nombreuses que les divorces. En 2024, 97 % des 107.681 dissolutions concernent des cas de désaccord conjugal, soit plus de 104.000 affaires, contre 96 % en 2023.
 

Cette procédure est privilégiée pour sa souplesse administrative : elle ne nécessite pas de notification personnelle, contrairement au divorce rétractif. Le choix du tribunal compétent est également plus flexible, conformément à l’article 212 du Code de procédure civile, qui permet de saisir celui du lieu de résidence du couple, de l’épouse ou du mariage. À l’inverse, le divorce, encadré par l’article 79 du Code de la famille, reste plus complexe et n’est effectif qu’après son enregistrement officiel devant les Adouls, sur autorisation judiciaire.
 

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) confirme cette tendance avec plus de 65.000 divorces enregistrés en 2024. La tranche d’âge 45-49 ans demeure la plus touchée : 32 % des hommes et 68 % des femmes divorcés appartiennent à cette catégorie. Les experts notent un changement de profil : les divorces ne concernent plus seulement les jeunes mariages, mais de plus en plus de couples installés depuis longtemps, traduisant une évolution sociétale où la séparation n’est plus un tabou.
 

Le CSPJ et le HCP insistent sur la nécessité de renforcer les mécanismes de conciliation familiale et de développer la médiation sociale pour prévenir ces ruptures. Le rapport recommande : la formation des couples avant le mariage, la sensibilisation à la communication conjugale, et le renforcement du rôle des travailleurs sociaux dans les tribunaux.
 

Avec plus de 147.000 procédures de séparation toutes catégories confondues, le mariage marocain traverse une mutation structurelle. Les juges, sociologues et associations familiales y voient le reflet d’un nouveau rapport au couple, entre aspiration à l’égalité, pressions économiques et affirmation individuelle.