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Maroc : une nouvelle ère dans la lutte contre la cybercriminalité


Rédigé par Salma Chmanti Houari le Mardi 28 Octobre 2025

C’est officiel : le Maroc a signé à Hanoï la première Convention internationale des Nations Unies contre la cybercriminalité.
Un pas historique pour le Royaume, qui s’affirme comme un acteur régional engagé dans la sécurité numérique mondiale.

Ce traité, adopté fin 2024 par l’Assemblée générale des Nations Unies et ouvert à la signature le 25 octobre 2025, marque une nouvelle étape dans la coopération internationale face aux menaces numériques.



Une signature qui renforce la position du Maroc sur la scène mondiale

Maroc : une nouvelle ère dans la lutte contre la cybercriminalité
La cérémonie s’est tenue à Hanoï, au Vietnam, où plus de 60 pays ont apposé leur signature sur ce texte inédit, fruit de plusieurs années de négociations au sein de l’ONU. Le Maroc, représenté par son ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi, s’est joint à cette alliance mondiale, confirmant ainsi sa volonté d’intensifier la lutte contre les crimes numériques transfrontaliers.

Cette convention souvent appelée « Convention de Hanoï » vise à créer un cadre juridique international pour faciliter la coopération judiciaire, l’échange de preuves numériques et l’extradition des cybercriminels.

L’objectif : faire face à une criminalité en ligne de plus en plus sophistiquée, qui dépasse largement les frontières nationales. Pour le Maroc, cette signature s’inscrit dans la continuité d’une politique numérique de plus en plus ambitieuse. Déjà membre actif de plusieurs initiatives africaines et arabes en matière de cybersécurité, le Royaume s’affirme désormais comme un pont entre l’Afrique, le monde arabe et l’Europe sur ces questions.

Pourquoi cette convention change la donne

Le cyberespace est devenu, en 2025, l’un des nouveaux champs de bataille stratégiques. Fraudes en ligne, vols de données, chantage numérique, attaques sur les infrastructures critiques : les menaces explosent, et les frontières ne protègent plus personne.

Le traité signé à Hanoï propose donc un mécanisme de coopération inédit entre les États signataires, pour : échanger plus rapidement des informations sur les cyberattaques, harmoniser les lois nationales autour des mêmes définitions de crimes numériques, faciliter la collecte et la transmission de preuves électroniques, et renforcer les capacités techniques et judiciaires des pays en développement.

Pour le Maroc, cela signifie qu’il pourra désormais collaborer plus efficacement avec d’autres pays pour identifier, poursuivre ou extrader des cybercriminels. Un enjeu crucial, alors que le Royaume enregistre chaque année plus de 13 000 incidents de cybersécurité recensés par la Direction générale de la sécurité des systèmes d'information (DGSSI), selon son dernier rapport de 2024.

Les défis nationaux : entre ambitions et réalités

Si le Maroc s’impose comme un acteur engagé, il lui reste à renforcer sa protection interne. Ces dernières années, les cyberattaques visant des entreprises marocaines, des institutions publiques et même des particuliers se sont multipliées.

En 2023, plusieurs campagnes de phishing massives ont ciblé les banques en ligne marocaines, tandis que des ransomware ont touché certaines collectivités locales. La loi 07-03 sur les crimes informatiques, adoptée en 2003, fait déjà du Maroc l’un des premiers pays arabes à avoir encadré juridiquement la cybercriminalité. Mais le contexte a évolué.

Les hackers d’aujourd’hui opèrent à l’échelle mondiale, avec des technologies d’intelligence artificielle et de deepfake capables de duper même les experts. La signature du traité de Hanoï oblige donc le Maroc à actualiser son arsenal législatif et technologique.

Des efforts sont déjà en cours : le Centre marocain de veille et de réponse aux attaques informatiques (ma-CERT) renforce sa coopération avec Interpol et l’Union africaine ; le ministère de la Justice travaille sur un projet de réforme de la loi sur la cybercriminalité pour l’aligner sur les standards internationaux ; et plusieurs universités marocaines ont ouvert depuis 2024 des masters en cybersécurité et investigation numérique pour répondre à la demande croissante de spécialistes.

Mais ces avancées devront s’accompagner d’une meilleure sensibilisation du grand public. Les cyberattaques ne touchent pas seulement les grandes institutions : arnaques sur les réseaux, vols de données bancaires, hameçonnage, fake news… le danger concerne tout le monde.

Un engagement diplomatique et stratégique

Au-delà des aspects techniques, la signature du traité de Hanoï illustre la maturité diplomatique du Maroc. Le Royaume, en signant ce texte, renforce sa crédibilité comme acteur international de confiance dans la régulation du numérique. En marge de la signature, Rabat et Hanoï ont également conclu un accord bilatéral d’entraide judiciaire en matière pénale, incluant les crimes liés aux technologies.

Une initiative qui ouvre la voie à des collaborations concrètes : formations croisées, échanges d’experts, partage de données sécurisées. Selon plusieurs observateurs, cette stratégie s’inscrit dans une logique plus large : celle d’un Maroc qui mise sur le digital comme moteur de sa diplomatie et de son développement économique.

En effet, le pays investit massivement dans la digitalisation de ses services publics, dans l’intelligence artificielle et dans la cybersécurité d’État. Et la Convention de Hanoï tombe à point nommé pour soutenir cette dynamique.

Vers un Maroc cyber-résilient

Cette signature ne marque pas une fin, mais un début. Le Maroc entre dans une nouvelle phase où la cybersécurité devient non seulement une priorité nationale, mais aussi une opportunité économique et académique.

Former des experts, créer des start-ups en sécurité informatique, développer des technologies locales de protection des données : autant de chantiers qui peuvent générer des milliers d’emplois qualifiés. Les jeunes Marocains diplômés en informatique, en droit du numérique ou en cybersécurité trouvent là un nouvel horizon professionnel, à la croisée du digital et de la justice.

En d’autres termes, le Maroc ne se contente plus de se protéger : il s’affirme comme un acteur de la cybersécurité régionale. Et dans un monde où chaque clic peut être une menace, cette position vaut de l’or.

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Mardi 28 Octobre 2025