Le fait pourrait rester un simple trophée de plus. Mais pour qui suit l’économie marocaine de près, cette distinction révèle des dynamiques plus profondes de compétitivité, d’ambition régionale et de préparation à une montée en cadence des échanges internationaux.
En 2024, les terminaux exploités par Marsa Maroc à Tanger Med, Casablanca et Agadir ont traité 2,9 millions d’EVP. Un seuil record pour l’opérateur, qui signe là une performance remarquable dans un contexte mondial tendu, avec incertitudes géopolitiques, concurrence intense et pressions sur les chaînes logistiques.
Mais ce n’est pas tout. Le volume global manutentionné a dépassé les 63,3 millions de tonnes une première dans l’histoire du groupe ce qui traduit la diversité des flux (conteneurs, vracs solides, liquides, roulier…).
Un effet catalyseur pour la logistique et l’économie nationale
Derrière ces chiffres, c’est tout un écosystème qui gagne en crédibilité. Marsa Maroc ne se contente plus d’être un opérateur national : il se positionne comme un hub africain de référence. L’impact est double.
D’abord, pour le commerce extérieur marocain : l’augmentation de la capacité de traitement des conteneurs et la fiabilité des terminaux renforcent l’attractivité du Royaume pour l’import comme pour l’export. Dans un contexte où la compétitivité logistique est un critère clé pour les investisseurs, cette performance joue en faveur du Maroc.
Ensuite, l’extension prévue via le port Nador West Med (NWM) devrait faire passer la capacité conteneurisée du groupe à un niveau supérieur : avec les nouveaux terminaux Est et Ouest, l’objectif est de franchir le seuil des 5 millions d’EVP une vraie bascule.
Cap sur Nador West Med : un pari sur le long terme
La convention signée en 2024 pour l’exploitation du terminal Est de Nador West Med, et le récent accord avec CMA CGM pour le terminal Ouest, représentent un choix stratégique. Le terminal Est affichera une capacité de 3,4 millions d’EVP, tandis que l’Ouest prévoit 1,8 million d’EVP annuels, avec une mise en service prévue autour de 2027.
Cet investissement s’inscrit dans une vision de long terme. À terme, Nador pourrait devenir un pivot de la logistique maritime méditerranéenne, un point de transbordement essentiel entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen‑Orient. Pour le Maroc, c’est aussi un moyen de désenclaver le Nord, de créer des emplois, d’attirer des investissements et de diversifier l’offre portuaire au-delà de Tanger Med et Casablanca.
Performance financière et robustesse du modèle
Outre le trafic, Marsa Maroc affiche des résultats financiers solides. En 2024, le chiffre d’affaires consolidé a franchi pour la première fois la barre des 5 milliards de dirhams. L’EBE a progressé de 26%, et le résultat net a bondi de 49%.
En 2025, la tendance se confirme. À fin septembre, le chiffre d’affaires atteint 4,3 milliards de dirhams, soit +16%. Le trafic conteneurisé, notamment domestique (hausse de 9%) et transbordement (en hausse de 6%), reste le moteur principal.
Ces résultats montrent que l’entreprise ne repose pas uniquement sur des volumes : sa gestion, sa diversification (conteneurs, vracs, roulier…) et ses investissements stratégiques assurent une rentabilité et une résilience appréciables.
Le 4ᵉ rang continental de Marsa Maroc n’est pas une simple fierté symbolique. C’est la marque d’une ambition structurée, d’un Maroc qui œuvre à devenir un carrefour maritime et logistique crédible. Avec Nador West Med en ligne de mire, l’entreprise s’apprête à écrire un nouveau chapitre de l’histoire portuaire africaine un pari sur l’avenir, pour le pays et pour sa jeunesse.