L'ODJ Média

Merci, Majesté !




Par Aziz Boucetta

Merci, Majesté !

Si la crise dans le monde occidental se décline comme une rupture et une projection pessimiste sur l’avenir, en Chine, le mot signifie tout autant danger qu’opportunité. Cela signifie qu’au-delà des risques, il faut voir dans toute crise des opportunités diverses. Et personne n’aurait pu penser, au vu de nos moyens et face à l’ampleur de la pandémie dans le monde, que le Maroc allait agir comme il l’a fait. C’est une source de fierté et il est bon de le dire, dans cet océan de « sinistrose » ambiante…
 

Le Maroc aura montré bien des atouts lors de cette crise sanitaire qui semble n’en plus en finir, et il a exposé à ses citoyens, et aussi à la face du monde, des capacités insoupçonnées de réaction, d’anticipation et d’organisation. C’est cela un Etat fort, modéré toutefois dans ses ardeurs par une société vivante, telle qu’appelée de ses vœux par la commission Benmoussa sur le modèle de développement.
 

Et pendant que le Maroc se bat contre la maladie, ouvrant des hôpitaux, débattant des soins et de leur qualité, soignant ce qui pouvaient et peuvent encore l’être, déplorant les décès, multipliant les initiatives, anticipant sur les décisions à venir, comme la vaccination… le Maroc d’en haut, celui du Palais, faisait le job. Et quel job !
 

Recensement des populations fragiles et indemnisation de ceux qui sont le plus dans le besoin, décalage des calendriers fiscaux, versement d’indemnités en cascade… puis, annonce et – quelques mois plus tard – lancement d’une très vaste politique de couverture sociale, avec à la clé une stratégie de relance (qui, elle, est plus discutable). Et sur le plan diplomatique, reconnaissance de l’intégrité territoriale par les Etats-Unis et enclenchement d’un très rude bras de fer avec des puissances européennes de premier plan, directement et frontalement avec Madrid et Berlin, d’une manière plus soft avec la France…
 

Et voilà que le Maroc, petit pays du sud, dominé par des puissances de nature dominatrice, critiqué par sa population, montre d’étonnantes capacités à protéger cette dernière, anticipant ici, contractant là, se déployant partout… Il a été l’un de premiers à rapatrier ses ressortissants de Wu han, en février 2020, comme il a été précurseur dans la stratégie de confinement et dans les mesures d’accompagnement de cette incroyable décision. Le royaume a également été pionnier dans sa politique de vaccination, commençant par s’arranger avec les Chinois de Sinopharm, et gérant patiemment et diplomatiquement la mauvaise humeur chinoise après le 10 décembre et la décision de Donald Trump sur le Sahara…
 

Depuis le début de l’année, le Maroc fait partie du club très fermé des 10 ou 15 premiers pays à vacciner massivement leur population, au départ réticente, puis devenant peu à peu consentante, avant de se montrer demandeuse.
 

Sur ces entrefaites, une convention est signée, hier, devant le roi Mohammed VI, pour le lancement de la fabrication des vaccins Sinopharm, avec 5 millions de doses mensuelles pour le début. Et voilà qu’on s’aperçoit que ce petit pays, par la population, le PIB, la présence géopolitique… veut et peut jouer dans la cour des grands où un nombre croissant de glands (d’ici et d’ailleurs) ne comprennent pas que nous puissions en être arrivés là.
 

Quant à nous, nous découvrons avec un certain plaisir et une satisfaction qu’il serait vain de contenir que nous avons un Etat fort, un chef d’Etat encore plus fort, une diplomatie anticipatrice, un secteur privé plus robuste qu’il n’apparaît, avec ses banques, ses labos pharmaceutiques. Que l’on dise ce qu’on veut et qu’on pense comme on veut, il est bon de savoir en ces temps de variant delta que dans quelques mois, une fois avoir épuisé les quelques 25 millions de doses à recevoir encore, que nous sommes aptes à en fabriquer 5 millions, même sous licence, pour nous autres, et pour nos amis continentaux, laissés pour compte et délaissés par tout le monde.
 

Tenir la dragée haute à l’Europe, qui finira par comprendre, relire l’Histoire du pay et de sa région, investir et s’investir au sud, agir au Moyen-Orient, lancer une large, une très large protection sociale, piquer des bras à tour de bras et décider de fabriquer des vaccins (oui, même sous licence), est source de fierté.
 

Il restera à ce pays à se lancer dans une R&D hardie pour renforcer les acquis et promouvoir une véritable politique pharmaceutique comme il a montré savoir le faire pour creuser encore plus vite, encore plus profond, son sillon dans le concert des nations.
 

Et comme nous savons tous que ce n’est pas la classe politique qui est capable de tant de bonnes réalisations transformant une crise majeure en opportunités certaines, alors disons-le encore : Merci, Majesté !
 

Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com



Mardi 6 Juillet 2021