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Migration et campagne de haine : un défi pour la cohésion sociale


le Vendredi 3 Mars 2023

Les théories sur un "grand remplacement" ont suscité l’indignation des jeunes de plusieurs pays nord-africains. Face à cela, une xénophobie immense surface sur les réseaux sociaux.



Migration et campagne de haine : un défi pour la cohésion sociale
Tout a commencé avec l’apparition des théories sur un « grand remplacement » qui suggèrent la volonté de « changer » la démographie de l’Afrique du Nord en utilisant les migrants subsahariens.

Des centaines de vidéos et commentaires inondent les réseaux sociaux, certains renoncent ces propos pendant que d’autres les affirment et demandent aux autorités de réagir. Ces déclarations relancent d’une manière inédite la question de la migration.

Le président tunisien Kais Saïed a, en effet, appuyé ces propos en déclarant publiquement qu’ "un complot serait ourdi contre son pays pour changer la composition de son paysage démographique au moyen de l’arrivée de hordes de migrants". Peu après, une vague de racisme et de xénophobie est apparue dans tous les pays de l’Afrique du Nord.

"Marocains contre l’implantation des subsahariens"

Après la Tunisie, certains internautes marocains ont tâché à manifester leur hostilité à la présence des migrants subsahariens sur le sol marocain. Un groupe Facebook sous le nom "Marocains contre l’implantation des subsahariens" a été créé. 22.800 Marocains font partie de ce groupe où les membres publient des contenus anti-migrants : blagues racistes, des textes haineux et "memes" blessants.

Tout cela pour accuser ces migrants qui comptent doucement "coloniser" le Maroc dans l’objectif de "rendre l’Afrique du Nord aux Noirs".

Les individus derrière ce groupe et ceux qui supportent ce message appellent les autorités à implanter plus d’agents sur les frontières, à durcir les lois et surtout à refouler les migrants irréguliers. Les partisans ont même osé lancer campagne appelant les femmes marocaines à refuser les demandes de mariages des subsahariens.

Mais pourquoi ? Ces personnes veulent "préserver la pureté de la race marocaine, sa culture et ses traditions". Selon certains usagers de Facebook, les quartiers casablancais près de la gare routière Ouled Ziane sont l’exemple idéal du "début de l’invasion". 

Le Maroc, fait-il vraiment l’objet d’une invasion massive des subsahariens ?

Cette théorie n’a été développée ou adoptée par aucun politicien ou intellectuel au Maroc ou dans les autres pays de l’Afrique du Nord. En réalité, c’est le discours de Kais Saïed qui a libéré la parole et a permis aux anonymes d’afficher leur complexe et haine face aux migrants.

Plusieurs spécialistes et associations comme GADEM ont expliqué que ces messages haineux ne sont pas fondés. En effet, une grande partie des adeptes de la théorie du "grand remplacement" n’adoptent que les grandes lignes d’une manière inconsciente. Les travaux de recherches prouvent le contraire, l’installation définitive au Maroc est loin d’être l’objectif de ces migrants. Le Maroc était et reste toujours, pour la majorité de migrants, un pays de transit.

Le gouvernement marocain réagit

Considéré comme un pays leader en matière d’accueil et d’intégration des immigrés, M. Baitas a tenu à dénoncer cette campagne de haine propagée sur les réseaux sociaux, à l’issue du Conseil de gouvernement.

Lors de son intervention, M. Baitas a indiqué que le Maroc rejette la discrimination raciale et la diffusion de la haine par la force de la Constitution et de toutes les conventions internationales dont il est signataire. Pour préserver ces valeurs de respect et d’ouverture, M.Baitas a prôné le vivre-ensemble et a insisté sur l’adhésion de toutes les composantes de la société.

Durant ces temps, et pour le bien général, il est primordial d’inciter les citoyens à négliger ces théories insensées.




Rokia Dhibat




Vendredi 3 Mars 2023