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Moi aussi, je veux ma voiture électrique subventionnée !


Rédigé par le Lundi 18 Août 2025

L’ère de la voiture électrique n’est plus une utopie futuriste. Partout, dans les rues de Paris, Madrid ou Berlin, les citadins conduisent des modèles propres, silencieux et surtout… subventionnés par l’État. Les pays européens ont compris que la transition écologique ne se décrète pas par de grands discours : elle se finance, se soutient et se démocratise. Chez nous, au Maroc, alors même que les grands constructeurs chinois – BYD, Geely, Haval, SAIC, GM – débarquent avec des gammes 100 % électriques, la question se fait brûlante : pourquoi n’avons-nous pas encore droit, nous citoyens, à une vraie politique de prime à l’achat pour franchir le cap ?



Le paradoxe marocain : usine mondiale mais marché local oublié

Moi aussi, je veux ma voiture électrique subventionnée !
L’ère de la voiture électrique n’est plus une utopie futuriste. Partout, dans les rues de Paris, Madrid ou Berlin, les citadins conduisent des modèles propres, silencieux et surtout… subventionnés par l’État. Les pays européens ont compris que la transition écologique ne se décrète pas par de grands discours : elle se finance, se soutient et se démocratise.

Chez nous, au Maroc, alors même que les grands constructeurs chinois – BYD, Geely, Haval, SAIC, GM – débarquent avec des gammes 100 % électriques, la question se fait brûlante : pourquoi n’avons-nous pas encore droit, nous citoyens, à une vraie politique de prime à l’achat pour franchir le cap ?

Ironie du sort, le Maroc est devenu en quelques années une plateforme industrielle stratégique pour les batteries et véhicules électriques. Les investissements chinois affluent : six géants des batteries (CNGR, BTR, Gotion…) injectent des milliards dans nos zones industrielles, notamment à Tanger et à Kénitra. Le Royaume est courtisé pour ses métaux stratégiques, son hub portuaire, sa main-d’œuvre qualifiée.

Bref, le Maroc est en passe de devenir un exportateur majeur de voitures électriques. Mais dans nos rues, combien de Marocains peuvent s’en offrir une sans assistance financière ? La réponse est simple : une infime minorité.

En Europe, la voiture électrique a explosé grâce aux subventions. La France, par exemple, propose jusqu’à 4 000 euros de bonus écologique pour tout véhicule électrique à moins de 45 000 €, et 2 000 € jusqu’à 60 000 €. L’Allemagne, avant de réduire ses aides récemment, avait accordé jusqu’à 6 000 €. Résultat : en 2024, près de 20 % des voitures neuves vendues en Europe étaient électriques.

Ces pays savent que le citoyen moyen ne peut pas absorber seul la différence de prix entre un modèle thermique et son équivalent électrique. C’est donc l’État qui compense, car il y trouve un bénéfice collectif : réduction des émissions, baisse de la pollution urbaine, stimulation industrielle.

Certains diront : « Oui, mais les voitures électriques coûtent trop cher pour les Marocains. » Ce n’est plus vrai.

Prenons la BYD Seagull, lancée récemment au Maroc : autonomie de 445 km, recharge rapide en 30 minutes, batterie sécurisée, et surtout un prix affiché à 199 900 dirhams. Une révolution. Pour la première fois, une voiture électrique fiable et moderne se positionne sous la barre psychologique des 200 000 DH.

Geely propose son Geometry C, SUV familial, tandis que Kia innove avec son modèle EV en abonnement, accessible dès 7 900 DH par mois, tout compris (assurance et recharge incluses). Ces offres montrent que l’écosystème est prêt. Il manque une seule pièce au puzzle : la subvention publique.

Plaidons sans détour. Une prime nationale de 50 000 DH pour l’achat d’une voiture électrique aurait plusieurs effets bénéfiques :
 
  • Social et démocratique : elle élargirait l’accès à la classe moyenne, aujourd’hui exclue.
  • Environnemental : le transport représente une grande part des émissions urbaines ; moins de diesel, c’est un air plus sain.
  • Industriel : un marché local dynamique justifierait des investissements plus massifs dans l’assemblage et la distribution.
  • Politique : le Maroc enverrait un signal clair de modernité, cohérent avec ses ambitions climatiques (COP, neutralité carbone).
À long terme, la subvention coûterait moins cher que les dépenses de santé liées à la pollution atmosphérique ou les importations massives de carburants fossiles.

En 2023, un projet avait émergé avec la GIZ (coopération allemande) : instaurer un système de bonus-malus. Les véhicules polluants plus taxés, les véhicules propres récompensés. Une idée brillante, mais restée dans les tiroirs.

Au lieu de laisser pourrir ce chantier, pourquoi ne pas le remettre à l’ordre du jour ? La fiscalité écologique n’est pas une punition, c’est une boussole : elle oriente la consommation vers le vert.

On ne peut pas se targuer d’être un leader africain de la mobilité électrique – en accueillant usines, investisseurs et forums – tout en laissant nos citoyens rouler dans des véhicules thermiques vieillissants.

Sans subventions, la transition restera un slogan de conférence. Avec elles, elle deviendra une réalité tangible, visible dans les rues de Rabat, Casablanca, Marrakech ou Agadir.

Le Maroc se prépare à accueillir le monde en 2030. Imagine-t-on les cortèges de touristes, journalistes, officiels débarquer dans un pays où les taxis roulent au diesel noirci et où les bornes de recharge sont encore rares ?

Ce serait un contre-sens. L’organisation de cet événement planétaire doit devenir un accélérateur de la mobilité électrique. Et cela passe par une volonté politique forte : rendre l’électrique accessible à tous, pas seulement à une élite.

Cet édito n’est pas un caprice. C’est un appel. Moi aussi, je veux ma voiture électrique subventionnée. Pas comme un luxe, mais  comme un droit à respirer un air plus pur, à rouler dans un pays qui croit en son avenir, à participer à une révolution qui ne doit pas rester réservée aux autres.

Le Maroc a les ressources, les usines, les investisseurs. Il ne lui manque que le courage de mettre ses citoyens au volant de ce futur déjà présent.

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Mohamed Ait Bellahcen
Un ingénieur passionné par la technique, mordu de mécanique et avide d'une liberté que seuls l'auto... En savoir plus sur cet auteur
Lundi 18 Août 2025