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Un malaise social derrière les chiffres
Alors que les grues dessinent le nouveau paysage urbain du Royaume, une réalité plus souterraine inquiète les observateurs. Une enquête récente du Centre marocain pour la citoyenneté (CMC), menée auprès de 1 173 Marocains entre février et mars 2025, révèle un désenchantement civique marqué : 84 % dénoncent une agressivité persistante dans les services touristiques, 81 % pointent la saleté des lieux publics, 69 % évoquent des formes de harcèlement dans l’espace urbain. Seuls 12 % estiment le niveau de politesse satisfaisant.
Ces chiffres, bien loin de la seule perception, mettent en lumière un effritement du lien social et une banalisation des incivilités. Or, c’est dans ce tissu relationnel fragile que devra s’inscrire l’accueil d’un événement d’ampleur mondiale, à fort enjeu symbolique, médiatique et diplomatique.
Ces chiffres, bien loin de la seule perception, mettent en lumière un effritement du lien social et une banalisation des incivilités. Or, c’est dans ce tissu relationnel fragile que devra s’inscrire l’accueil d’un événement d’ampleur mondiale, à fort enjeu symbolique, médiatique et diplomatique.
Une société en décalage avec ses valeurs fondatrices
Le paradoxe est saisissant : tandis que la majorité des Marocains se disent attachés aux valeurs de respect, de discipline et de solidarité, la réalité quotidienne en révèle l’érosion. Non-respect du code de la route, comportements agressifs dans les files d’attente, incivisme routinier dans les administrations ou les transports ; autant de manifestations d’une crise silencieuse du vivre-ensemble.
Pour Rachid Essedik, président du CMC, « le civisme, autrefois spontané, doit aujourd’hui être enseigné ». Le constat est clair : la réussite du Mondial ne pourra s’appuyer uniquement sur le béton et l’innovation technologique. Elle dépendra aussi de la qualité des interactions humaines, et du climat social que le pays saura offrir aux visiteurs du monde entier.
Pour Rachid Essedik, président du CMC, « le civisme, autrefois spontané, doit aujourd’hui être enseigné ». Le constat est clair : la réussite du Mondial ne pourra s’appuyer uniquement sur le béton et l’innovation technologique. Elle dépendra aussi de la qualité des interactions humaines, et du climat social que le pays saura offrir aux visiteurs du monde entier.
L’impératif d’une réponse éducative et institutionnelle
Face à cette érosion, la réponse ne saurait être ni ponctuelle ni symbolique. Elle doit s’inscrire dans une véritable refondation culturelle du civisme, impliquant l’école, les médias, les collectivités territoriales ainsi que les administrations. L’introduction généralisée de l’éducation à la citoyenneté dans les programmes scolaires, la formation continue des fonctionnaires à l’éthique du service public, ou encore la création d’instances locales de médiation figurent parmi les pistes évoquées par les acteurs du secteur.
Image du pays : un enjeu stratégique
Au-delà des préoccupations internes, le civisme touche à la réputation internationale du Maroc. L’accueil, la politesse, la qualité de l’expérience humaine font désormais partie intégrante du soft power national. Or, selon le CMC, 84,8 % des répondants estiment que les comportements agressifs ou l’insalubrité nuisent directement à l’image du pays auprès des visiteurs étrangers.
Le risque est donc double : d’une part, compromettre l’expérience des délégations et des supporters ; d’autre part, rater l’opportunité de faire du Mondial 2030 un levier de rayonnement culturel durable. Le Maroc, en tant que hôte, se doit de garantir non seulement la sécurité logistique, mais aussi la qualité humaine de l’accueil.
Le risque est donc double : d’une part, compromettre l’expérience des délégations et des supporters ; d’autre part, rater l’opportunité de faire du Mondial 2030 un levier de rayonnement culturel durable. Le Maroc, en tant que hôte, se doit de garantir non seulement la sécurité logistique, mais aussi la qualité humaine de l’accueil.
Conclusion : une fête à construire sur les fondations du civisme
Derrière les routes rénovées, les stades modernisés et les hubs intercontinentaux, une autre infrastructure reste à reconstruire : celle du civisme quotidien. Le Mondial 2030 offre au Maroc une tribune unique. Mais cette vitrine ne pourra briller que si les fondations sociales sont solides. Il ne s’agira pas seulement de bien recevoir, mais de bien vivre ensemble. À défaut, la fête risque de sonner faux ; dans un décor neuf mais sans âme.