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Montréal, une nuit d'été


le Mardi 24 Mai 2022


Nombreuses sont les villes à travers le monde qui tentent aujourd’hui d’humaniser leurs espaces urbains. Montréal, ville UNESCO de design, est en passe de devenir un leader mondial en ce sens. La ville, qui s’attaque depuis plusieurs années à la réfection de ses infrastructures urbaines, accorde de plus en plus de place aux piétons dans le domaine public. Elle en profite pour élargir ses trottoirs et transformer de nombreuses intersections de quartiers résidentiels en placettes ou mini-jardins.






Place Monique-Mercure, l'une des récentes réalisations de la ville de Montréal, illustre bien ce processus de transformation des espaces publics. La conception en a été assurée par la firme civiliti dont les projets, à grande et à petite échelle, ont un profond impact sur le tissu montréalais.


Le programme 


Le programme élaboré par l’arrondissement d’Outremont correspondait à un désir d’implanter un lieu de rencontre pour tous sur la rue Bernard, artère commerciale et culturelle très fréquentée. Cette petite oasis en milieu urbain devait comporter sièges, éléments d’éclairage et mobilier se prêtant à la présentation de petits spectacles extérieurs.


 
L’élargissement programmé des trottoirs et la suppression de quelques places de stationnement, le long de la rue Champagneur, devaient permettre aux concepteurs d'offrir aux résidents, flâneurs et amateurs de théâtre un endroit où s'asseoir, rencontrer des amis ou tout simplement observer passantes et passants.
 


L’inspiration 


La place a été nommée en l’honneur de l’une des grandes dames de la scène québécoise, l’artiste Monique Mercure (1930-2020). Le vocabulaire des lieux s’inspire du style Art Déco qui caractérise le théâtre Outremont. Le motif floral utilisé pour les trois lanternes géantes rappelle l’un des éléments décoratifs de l’auditorium du théâtre. On le doit à l'artiste Emmanuel Biffa qui avait collaboré avec l'architecte René Charbonneau, lors de la conception du théâtre dans les années 20.

 
Les défis 


Un certain nombre de défis attendaient l’équipe de civiliti au moment de s’attaquer au projet. La principale contrainte consistait à permettre aux véhicules de service de s’approcher pour accéder aux quatre regards communiquant avec une chambre électrique souterraine. L’aménagement des trottoirs devait tenir compte de la circulation des piétons et de celle des personnes à mobilité réduite en toutes saisons. Les opérations de déneigement, dues à la rigueur des hivers montréalais, ont également être prises en considération.



D’autre part, le personnel du théâtre devait pouvoir accéder facilement à une petite fenêtre promotionnelle située près de l'entrée principale. Et enfin, pour se conformer aux normes de sécurité incendie, les designers ont dû s’assurer qu’en cas d’évacuation rapide, les portes latérales du bâtiment s’ouvrent sur un espace libre de tout obstacle.

 
Le concept 


Le concept mis de l’avant visait à offrir un espace de vie extérieur, accessible à tous. Le désir de la direction du Théâtre Outremont d’établir un dialogue avec le public par le biais de petits événements spontanés a également influencé l’aménagement de la place.
 
Un long ruban de granit serpente à travers l’espace, formant une séquence de modules tridimensionnels qui offrent aux piétonnes et piétons la possibilité de s’asseoir, de jouer ou tout simplement de prendre une pause. Un petit volume pyramidal, situé à l'intersection des rues Bernard et Champagneur, souligne l’aboutissement de ce parcours linéaire.



La pyramide se transforme aisément en une scène improvisée pour spectacles de danse ou d'acrobatie. L’espace situé devant les portes latérales du théâtre peut également servir de petite scène extérieure. L’éclairage de nuit, tout en douceur, émane des trois lanternes lumineuses.



Les matériaux 


Le Théâtre Outremont a servi d’inspiration à l’équipe de civiliti au moment de faire le choix des matériaux. Un granite du Québec, aux riches couleurs, a été sélectionné pour ses teintes rappelant les boiseries extérieures du théâtre. Le sapin de Douglas (BC Fir) a été utilisé pour les sièges de bois.


La paroi extérieure des lanternes (45 x 45 x 60 cm) est constituée de feuilles d'acier inoxydable brossé, découpées au laser; la paroi intérieure, faite de plexiglas, diffuse la lueur de petits projecteurs à DEL. L'acier inoxydable a également été utilisé pour les fines bandes décoratives insérées dans les éléments de granite et dans le pavé, référence discrète aux motifs géométriques de l'Art Déco.



Prix national de design urbain


La Place Monique-Mercure se faisait récemment remarquer en remportant une Mention (catégorie Fragment urbain) dans le cadre du Prix national de design urbain, édition 2022. Ce programme de prix biannuel, l'un des plus importants au Canada, se tient sous les auspices de l’Institut royal d’architecture du Canada (IRAC), l’Association des architectes paysagistes du Canada (AAPC) et l’Institut canadien des urbanistes (ICU).


Parmi les commentaires émis par le jury, on peut lire :
« Cet espace urbain constitue une ode puissante à l’Art Déco, thème tout à fait approprié pour l’endroit. Le design, les matériaux, le thème et les motifs, soignés, créent un “théâtre” extérieur agréable où la vie réelle se joue en temps réel. »


 
Fiche technique

 
Client: Arrondissement Outremont, Ville de Montréal
Design urbain et architecture du paysage: civiliti
Génie civil et électrique: FNX-Innov

Entrepreneur: Arthier / Pavatech
Fournisseur, granite: Polycor

 
À propos de civiliti

 
Fondée par Peter Soland et Fannie Duguay-Lefebvre, civiliti est une agence de design urbain et d’architecture du paysage dont les bureaux sont situés à Montréal. Réputée pour ses interventions contemporaines en milieu urbain, civiliti s’est particulièrement illustrée, au cours des dernières années, pour son projet Escales découvertes (en collaboration avec Julie Margot design), implanté sur le Site patrimonial du Mont-Royal. 


civiliti œuvre présentement à la conception détaillée d’un projet urbain qui sera implanté en plein cœur du centre-ville de Montréal. Intitulé McGill College, l’avenue réinventée, ce projet, a fait l’objet d’un important concours international de design urbain, remporté par civiliti en collaboration avec Mandaworks et SNC-Lavalin. civiliti supervise également la réalisation d’un autre projet novateur, la Zone de rencontre Simon-Valois, un nouvel espace partagé et un design de rue partagée (avec UDO design, François Courville et FNX-Innov), dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

 
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