Homme d’idées et de conviction, voix à la ferme et pondérée, mais libre, Mustapha Sehimi a reçu jeudi dernier un hommage de ses pairs lors d’une cérémonie organisée par l’Association marocaine de droit constitutionnel. L’occasion de saluer un parcours d’intellectuel engagé, fidèle à ses principes, et toujours en éveil face aux torsions de la démocratie.

Une vie à scruter la Constitution, le pouvoir et ses dérives

Mustapha Sehimi ne parle pas pour meubler l’instant. Il écrit, commente, enseigne, tranche parfois, mais jamais pour se faire plaisir. Jeudi, l’AMDC, présidée par le professeur Abdelilah Abdi, lui a remis un trophée honorifique, au même titre que d’autres grands noms du droit public marocain : Mohamed Amine Benabdallah, Farid El Bacha, Hassan Tarik, Najib Ba Mohammed, Abdelaziz Lamghari, Amina Messaoudi, Boutaina Karrouri, Sebhallah Rhazi.

Mais lui, notre chroniqueur, est de ceux qui ont, dès le début, cru en Quid.ma, en cette parole numérique, libre, rugueuse parfois, mais toujours sans excès. Ancien professeur à la Faculté de droit d’Agdal, docteur d’État avec une thèse sur La notion de Constitution au Maroc, Sehimi a traîné sa rigueur de politologue de Paris à Rabat, de la Fondation nationale des sciences politiques à l’Université Mohammed V, avec de nombreuxx ouvrages en bandoulière, seul ou en co-auteur, sur le droit public, le Maghreb, la Méditerranée, le Sahara etc.

Politiquement, il dérange parfois, car il refuse le confort du consensus mou. Interpellatif, il est de cette génération qui croit encore qu’un intellectuel n’est pas fait pour plaire, mais pour interroger. Et dans ce pays aux transitions cabossées, sa voix, même clivante, demeure nécessaire. Naïm Kamal