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Nizar Baraka : le courage politique est de dire la vérité aux Marocains


Par Saïd Temsamani

Dans un paysage politique souvent dominé par les discours convenus et les promesses répétées, la franchise devient un acte de courage. En reconnaissant publiquement que l’objectif d’un million d’emplois à l’horizon 2026 ne sera pas atteint, Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal et ministre de l’Équipement et de l’Eau, a choisi une voie rare dans la vie politique : celle de l’honnêteté avec les citoyens.

Lors de la réunion du conseil national de son parti, le secrétaire général du Parti de l’Istiqlal a déclaré sans détour :
« C’est fini, nous ne pourrons pas créer un million d’emplois d’ici 2026. Nous disons la vérité aux Marocains. »
Et ce message, il l’a répété avec la même lucidité lors de ses passages à la télévision marocaine, assumant pleinement sa responsabilité de dire la vérité au public, malgré l’inconfort de l’annonce. Cet aveu n’est pas un simple constat d’échec : il est la marque d’un homme d’État conscient des contraintes structurelles et des conjonctures inédites qui frappent l’économie nationale.



Affronter le poids du réel

Il serait illusoire de dissocier les promesses politiques de leur contexte. Depuis le lancement du programme gouvernemental, le Maroc fait face à une succession de crises majeures : une sécheresse persistante qui pèse lourdement sur le monde rural et les ressources hydriques, une guerre russo-ukrainienne dont les effets perturbent les chaînes d’approvisionnement mondiales et renchérissent les coûts de l’énergie et des matières premières, et une inflation globale qui freine la consommation et l’investissement.

Dans ces conditions, maintenir les objectifs initiaux aurait été nier la réalité. Nizar Baraka, lui, a choisi de l’affronter. Cette lucidité n’est pas un aveu de faiblesse, mais un acte de responsabilité politique.

La franchise comme devoir.

La politique marocaine a besoin de cette transparence. Trop souvent, les citoyens entendent des promesses ambitieuses sans qu’aucun responsable n’assume leurs limites. En rompant avec cette culture du déni, Nizar Baraka redonne du sens à la responsabilité publique. Dire la vérité n’est pas un risque : c’est un investissement dans la confiance citoyenne.

Gouverner, ce n’est pas seulement annoncer des objectifs ; c’est aussi savoir ajuster les ambitions, expliquer les contraintes et rendre compte des décisions. Reconnaître que la sécheresse, les tensions géopolitiques, les contraintes budgétaires et la lenteur des investissements privés imposent des révisions, tout en continuant à travailler pour la modernisation de l’économie nationale, est un signe de maturité politique.

Un signal politique fort pour l’avenir.

Cette déclaration dépasse le cadre d’une simple mise au point. Elle illustre une nouvelle culture politique, où la vérité prime sur la communication superficielle. Elle confirme le Parti de l’Istiqlal comme une force de sérieux et de responsabilité, capable de conjuguer loyauté gouvernementale et exigence morale.

Plus encore, cette franchise jette les bases d’un dialogue réaliste avec les citoyens sur l’emploi et les perspectives économiques.

En reconnaissant les obstacles avant qu’ils ne deviennent des frustrations populaires, Nizar Baraka ouvre la voie à des stratégies plus adaptées, fondées sur la résilience, la formation, l’investissement productif et l’innovation.

La confiance des Marocains dans les politiques publiques ne se construit pas sur des promesses irréalistes, mais sur la transparence, la cohérence et la capacité à affronter les défis collectifs.

Dans une époque où la parole publique se dévalue à force de promesses non tenues, assumer une vérité inconfortable devient un acte de crédibilité. Et la crédibilité, aujourd’hui, vaut bien plus qu’un slogan.

Par Saïd Temsamani


Jeudi 9 Octobre 2025