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Nizar Baraka : un ministre entre fidélité institutionnelle et équité politique


le Lundi 8 Septembre 2025

Dans un paysage électoral où la suspicion d’instrumentalisation des politiques publiques reste tenace, Nizar Baraka choisit de s’adosser à la légitimité institutionnelle plutôt qu’aux calculs partisans. En revendiquant l’équité comme boussole de son action, le ministre de l’Équipement et de l’Eau s’impose comme une figure d’équilibre entre fidélité au Roi et exigence de neutralité politique.



Rédigé par la rédaction

Nizar Baraka : un ministre entre fidélité institutionnelle et équité politique
À l’approche des élections, rares sont les responsables politiques qui échappent aux calculs électoralistes. Pourtant, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, semble vouloir se placer au-dessus de cette logique.

Dans une déclaration relayée par ses proches, il a confirmé sa volonté de poursuivre la réalisation de tous les projets inscrits dans le programme de son département, qu’il s’agisse d’interconnexions hydrauliques ou de chantiers routiers, sans se soucier de l’identité politique des bénéficiaires. « Je suis le ministre de tous les Marocains », a-t-il insisté, rappelant la confiance que lui accordent Sa Majesté le Roi et le Parlement.

Cette posture, qui paraît relever du simple bon sens institutionnel, mérite pourtant d’être soulignée dans un contexte où la tentation d’instrumentaliser les politiques publiques à des fins partisanes reste une critique récurrente.

Un ministère stratégique

Le ministère de l’Équipement et de l’Eau occupe une place centrale dans l’architecture gouvernementale. Il gère des dossiers qui touchent directement à la vie quotidienne des citoyens : routes, barrages, accès à l’eau potable, infrastructures portuaires. La moindre décision en matière d’investissement ou de priorisation peut avoir des répercussions considérables sur les équilibres régionaux, l’attractivité des territoires et le bien-être social.

Dans un pays confronté à la rareté hydrique et à une pression démographique croissante, les politiques de l’eau revêtent un caractère vital. Les interconnexions entre bassins hydrauliques, qui figurent en bonne place dans l’agenda du ministère, sont essentielles pour sécuriser l’approvisionnement des régions déficitaires et garantir une gestion solidaire de cette ressource stratégique.

Les infrastructures routières, quant à elles, participent à désenclaver les zones rurales, à fluidifier les échanges commerciaux et à renforcer la compétitivité nationale. Elles sont aussi un facteur de cohésion sociale et territoriale, réduisant les disparités entre le centre et la périphérie.

La tentation électoraliste

À l’approche des scrutins, ces chantiers peuvent facilement devenir un instrument de séduction électorale. Qui ne verrait pas dans l’inauguration d’une route ou l’ouverture d’un barrage une promesse de prospérité et de développement pour sa région ? Historiquement, certains ministres ou élus locaux ont utilisé ces projets pour renforcer leur assise politique.

En affirmant que la programmation de ces projets sera respectée « quels que soient les bénéficiaires », Nizar Baraka tente donc de se démarquer d’une pratique largement critiquée.

Ce positionnement se veut une réponse à ceux qui suspectent les responsables en poste d’orienter les investissements en fonction de leurs intérêts électoraux ou de ceux de leurs alliés.

Un message à double portée

Le message du ministre s’adresse à deux publics. D’abord aux citoyens, qu’il rassure sur la neutralité de son action. En se présentant comme « ministre de tous les Marocains », il réaffirme le caractère national et inclusif de son mandat. Ensuite, à la classe politique, qu’il met en garde contre la tentation d’exploiter ces chantiers à des fins partisanes.

Ce double discours vise à préserver la crédibilité des institutions dans un contexte où la confiance des citoyens envers la politique reste fragile. Le taux d’abstention électorale, élevé depuis plusieurs scrutins, en est un indicateur préoccupant.

Une confiance royale

La légitimité de Nizar Baraka ne repose pas seulement sur son portefeuille ministériel. Héritier d’une lignée politique marocaine bien connue, son grand-père Allal El Fassi fut l’un des pères fondateurs du mouvement national, il dirige aujourd’hui le Parti de l’Istiqlal, formation historique du paysage politique.

Mais dans sa déclaration, il insiste davantage sur la confiance que lui accorde le Souverain et sur l’appui du Parlement. En mettant en avant cette double reconnaissance institutionnelle, il s’ancre dans une logique de service public au-delà des contingences partisanes.

Les enjeux des prochaines années

Loin d’être une simple déclaration de principe, la position de Baraka soulève des enjeux concrets. Le Maroc entre dans une phase décisive : la généralisation de l’accès à l’eau potable, la gestion des effets du changement climatique et la modernisation des infrastructures sont autant de chantiers structurants.

Les choix opérés aujourd’hui détermineront la résilience du pays face aux sécheresses récurrentes, sa capacité à attirer les investissements et son aptitude à réduire les inégalités territoriales. Dans ce contexte, l’équité dans la distribution des projets n’est pas seulement une vertu morale : c’est une condition de stabilité nationale.

Une stratégie d’image ?

Certains observateurs pourraient voir dans cette posture une stratégie de communication. En se positionnant au-dessus de la mêlée, le ministre cultive une image d’homme d’État, soucieux de l’intérêt général. Cela peut servir sa carrière politique, notamment en renforçant la crédibilité du Parti de l’Istiqlal à l’approche des élections législatives de 2026.

Mais qu’il s’agisse de conviction sincère ou de calcul politique, le discours produit un effet bénéfique : il rappelle la nécessité d’un service public impartial, qui serve tous les citoyens sans distinction.

Dans un paysage politique où la méfiance domine, le message de Nizar Baraka se veut apaisant et rassembleur. En affirmant qu’il « ne fait pas de distinction entre l’ami et l’adversaire politique », il réaffirme la primauté de l’État sur les logiques partisanes.

Reste à voir si cette ligne de conduite sera suivie d’effets concrets sur le terrain et si d’autres responsables adopteront la même posture. Car au-delà des discours, c’est la capacité à traduire cette équité dans la réalité des projets qui conditionnera la confiance retrouvée entre les Marocains et leurs institutions.

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Lundi 8 Septembre 2025