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Non à la police du maillot de bain


Encore une fois, sous couvert de préserver les “valeurs”, “les bonnes mœurs” ou le “goût public”, ce sont les femmes qui paient le prix fort de politiques qui, au nom de la moralité, veulent contrôler leurs corps, leurs choix et leur présence dans l’espace public. En Syrie, une nouvelle décision du ministère du Tourisme (n°294) vient d’imposer une série de règles concernant les vêtements de bain et les tenues féminines dans différents espaces touristiques.



Non à la police du maillot de bain
Sous prétexte de « respecter les sentiments de la société », on exige que les femmes couvrent leurs corps sur les plages publiques et dans les piscines, en bannissant les bikinis et imposant des vêtements « décents ».

Même dans les espaces privés, les maillots de bain sont tolérés uniquement s’ils ne dépassent pas les limites du « bon goût ».

Et dans les lieux publics, c’est encore pire : les vêtements transparents sont interdits, les épaules et les genoux doivent être couverts, et les vêtements amples sont recommandés… bienvenue dans le retour en force de la police du vêtement.
 

Ce n’est pas une question de pudeur. C’est une question de pouvoir

Quand certains États (ce n'est pas le cas au Maroc) décident de légiférer sur le tissu qu’une femme peut porter pour nager, ce n’est pas une mesure de sécurité.

Ce n’est pas une avancée sociale. C’est une tentative de plus de contrôler le corps féminin sous le prétexte de la tradition ou de la bienséance.

Ce qui choque ici, ce n’est pas seulement l’obsession pour la tenue féminine. C’est surtout le fait que le corps des femmes est encore considéré comme un objet à surveiller, à censurer, à dompter.

Et ce sont toujours les femmes, et uniquement elles, qui sont pointées du doigt. Jamais les regards oppressants, jamais l’hypersexualisation imposée, jamais les normes masculines.
 

Et le goût public ? Parlons-en

Le goût public, comme le prétend ce décret, n’est pas une vérité divine gravée dans le marbre. Il est construit, entretenu, et bien souvent façonné par les structures patriarcales.

Pourquoi le maillot de bain d’une femme serait-il une atteinte aux valeurs, mais pas le regard intrusif d’un inconnu ? Pourquoi une épaule découverte dérange plus qu’un système qui infantilise les femmes adultes comme si elles étaient incapables de décider pour elles-mêmes ?

Ce type de réglementation ne vise pas à préserver l’ordre, mais à maintenir un contrôle. C’est une manière insidieuse de dire aux femmes : « Vous êtes tolérées dans l’espace public, tant que vous vous conformez. »
 

Non, nous ne nous conformerons pas

Il est temps de dénoncer cette hypocrisie qui se cache derrière des termes comme « bienséance » et « morale ». Il est temps de rappeler que la liberté des femmes de s’habiller comme elles l’entendent ne devrait pas être soumise à la validation d’une autorité, d’un ministre ou d’un touriste choqué.

Les plages sont un lieu de détente, pas un tribunal de la pudeur. Les piscines ne sont pas des salles d’audience. Et les femmes ne sont pas des provocations sur pattes.
 

Le corps des femmes n’est pas un terrain touristique à réglementer. Il est un territoire de liberté



Mercredi 11 Juin 2025