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Notation de S&P : Quid des conditions de financement


Rédigé par le Mercredi 7 Avril 2021

La toute dernière décision de l’agence de notation américaine Standard & Poor’s de réévaluer la note de la dette souveraine du Maroc, a-t-elle des conséquences sur la capacité du pays à s’adresser aux marchés internationaux, pour une levée de fonds ? La question mérite d’être posée d’autant que la réelle portée de celle de Fitch Rating qui l’avait précédée est encore fraiche dans les mémoires.
Éclairage



A lire ou à écouter en podcast :

Notation de S&P : Quid des conditions de financement
L’agence Standard & Poor’s vient de dégrader la notation souveraine du Maroc de « BBB-/A-3 » à « BB +/B ».
Cette réévaluation est justifiée tant par la situation budgétaire du Royaume très impactée par la baisse des recettes fiscales due à la pandémie du covid-19 que par une forte hausse des garanties de l’Etat accordées. Des engagements qui, selon ladite agence, pourraient se répercuter à l'avenir sur le budget.

Est-ce à dire que la capacité de levée du Maroc serait impactée ?

Répondre à ce genre d’interrogation renvoie à ce qui avait prévalu en octobre dernier, date à laquelle Fitch rating avait privé le Maroc de son investment grade tout en évoquant, à peu prés, les mêmes raisons à savoir l’impact Coronavirus sur l’économie marocaine et les finances publiques et extérieures.

Ce qui avait alors provoqué moult réactions de la part de responsables marocains.

Ce qui n’avait pas pour autant empêché le Royaume de réussir des sorties à l’international ou le marché a réagi favorablement aux levées marocaines.
Ce qui avait, quand même, permis de renforcer les avoirs officiels de réserves d’autant plus que les crédits bancaires furent stimulés par des assouplissements monétaires. Et que l’impact négatif de la détérioration des recettes touristiques et de la chute des entrées au titre des IDE, sources génératrices de devises, sur les avoirs officiels de réserves, aurait été rattrapé par un certain repli des importations conjugué à une rigidité à la baisse des transferts des MRE et à un recours à bien d’autres instruments de financement.
Ce qui fait que, compte tenu de ces facteurs et des flux du financement extérieur du Trésor dont une sortie à l’international prévue cette année, les avoirs officiels de réserve, tels que dévoilés par la Banque centrale, se situeraient à fin 2021 à 310,3 milliards de dirhams et se renforceraient à fin 2022 à 318,6 milliards.


Prés de 7 mois de paiements extérieurs

Ce qui fait que, toute proportion gardée, le Maroc jouit d’un assez confortable matelas de devises couvrant à peu prés 7 mois de paiements extérieurs ou d’importations de biens et services.
Un indicateur qui, en cette période de pandémie et de contraction mondiale de l’activité, n’est pas des moindres pour négocier ou mobiliser davantage de ressources auprès des bailleurs de fonds.

Ce qui, in fine, fait que cette décision de Standard & Poor’s ne doit pas inquiéter outre mesureSi ce n’est qu’elle peut éventuellement, en cas d’emprunt, générer un léger surcout de prime de risque.

A aujourd’hui, aucun défaut de paiement n’est enregistré et globalement, pour prêter de l’argent, les marchés retiennent les positions des institutions de Bretton Woods, que sont le FMI et la Banque mondiale. Et tous deux, jusqu’à preuve du contraire, se montrent suffisamment rassurants vis-à-vis de la soutenabilité de la dette marocaine.

Par Noureddine BATIJE




Noureddine Batije
Noureddine BATIJE est un journaliste spécialiste en investigation journalistique et traitement de... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 7 Avril 2021