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Nouvelles du monde en mutation


Rédigé par le Dimanche 26 Juin 2022

Entre décisions aberrantes des pays occidentaux pour mettre à genoux la Russie, qui est en train de gagner la guerre d’Ukraine, et volonté affichée des BRICS de façonner un nouvel ordre mondial, l’on assiste à un profond bouleversement géopolitique planétaire.



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Nouvelles du monde en mutation
Les Etats-Unis, le Canada, la Grande Bretagne et le Japon, rejoints par la France, ont décidé de ne plus acheter de l’or russe, dans le but d’infliger des pertes économiques à Moscou et la priver des moyens de financer sa guerre contre Kiev.

Une mesure pénalisante qui s’inscrit dans une longue liste de sanctions occidentales ayant fait plus de mal aux économies et aux peuples d’Europe qu’à la Russie.

Il est douteux que les dirigeants occidentaux aient envie de voir les marchés financiers s’interroger, en cette occasion, sur le volume réel des stocks d’or physique dont disposent les banques centrales des Etats-Unis et des pays de l’Ue.

Pour rappel, la Russie est le 2ème producteur mondial d’or, après la Chine et devant l’Australie, avec 331 tonnes extraites.

La Russie détient, d’autre part, la 5ème réserve mondiale d’or. Les coffres de la banque centrale de la fédération, à Moscou, renferment quelques 2.000 tonnes d’or, soit à l’équivalent de 140 milliards de dollars, d’après le Conseil mondial de l’or (Wgc).

Les monnaies fiat* dans la tourmente

Au moment où la Russie a lié son rouble au gaz naturel et la Chine tendre à faire de même avec son yuan et le pétrole, les monnaies fiduciaires dollars et euros, qui ne permettent plus d’acheter de l’énergie fossile et des matières premières russes, risquent de se retrouver en fort mauvaise posture.

Déjà, la décision de confisquer les avoirs de l’Etat, des oligarques et même des simples citoyens russes dans les institutions financières occidentales a mis à mal le statut de monnaies de réserve du dollar et de l’euro, les investisseurs étrangers pouvant très bien tout perdre si les pays occidentaux décidaient des sanctions contre leurs pays.

Comble de l’absurdité, les pays du G7 (Etats-Unis, Grande Bretagne, Canada, Allemagne, France, Japon et Italie), qui tiennent réunion en Allemagne les 26, 27 et 28 juin, veulent fixer un plafonnement des prix du pétrole par les pays consommateurs !

Plafonner le prix du pétrole ?

Moins sot, mais non moins arrogant, le président français Macron a proposé que ce soient les pays producteurs qui fixent ledit plafond.

Sachant que l’Arabie Saoudite, 2ème producteur mondial de pétrole (10,8 millions de barils par jour), a augmenté de 4 dollars le prix de son pétrole vendu au pays européens, par rapport à celui payé par les pays asiatiques, on s’imagine déjà la réaction du Prince Mohammed Ibn Salman à cette proposition des pays du G7.

L’occasion est trop belle de faire payer aux pays occidentaux leur campagne médiatique contre le prince héritier d’Arabie saoudite, suite à l’affaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Et ce tout en remplissant le trésor du royaume saoudite.

La Russie, 3ème producteur mondial de pétrole ( 10,5 millions de barils par jour), va évidemment se moquer de cette proposition, les sanctions occidentales lui ayant permis de gagner plus d’argent en écoulant moins de pétrole sur les marchés, du fait de la hausse des cours.

Raffinage et intermédiation

Nouvelles du monde en mutation
Comme la bêtise européenne n’a aucune limite, l’accroissement des achats de pétrole russe par l’Inde et la Chine sert en fait à écouler ce brut, une fois raffiné dans ces pays asiatiques, sur les marchés européens.

Les « punisseurs » européens se retrouvent, de ce fait, à payer le carburant d’origine russe importé de la Chine et de l’Inde majoré des prix de raffinage et d’intermédiation.

Les consommateurs européens vont sûrement « apprécier » ces sacrifices, sous forme de chute drastique de leur pouvoir d’achat, laminé par l’hyperinflation.

D’autant plus que lesdits sacrifices sont consentis pour défendre un « ordre international fondé sur les règles », dictées par l’Occident, sur le champ de bataille ukrainien.

Combien d’Européens étaient capables de situer l’Ukraine sur une carte du monde avant l’invasion russe ?

Seuls les Etats-Unis, 1er producteur mondial de pétrole (18 millions de barils par jour) n’auront pas à souffrir de cette situation et peuvent même en profiter pour écouler plus de brut sur les marchés internationaux, à des prix couvrant leurs coûts élevés de production.

La réaction des BRICS

Dans le camp opposé, les pays du Brics (Russie, Chine, Inde, Brésil et Afrique du Sud), qui ont tenu leur 14ème sommet par visioconférence, le 23 juin, ont clairement affiché leur position, dans le contexte de crise géopolitique mondial actuel.

« Les pays des BRICS doivent se soutenir mutuellement sur les questions touchant à leurs intérêts vitaux, poursuivre le véritable multilatéralisme, défendre la justice, l’équité et la solidarité et rejeter l’hégémonie, l’intimidation et la division », a martelé le président chinois, Xi Jinping.

Les BRICS ont, par ailleurs, décliné leur propre conception, alternative à celle de l’Occident, pour le futur des relations internationales.

Ils ont annoncé « l’initiative pour la sécurité mondiale », qui serait destinée « à porter une vision de sécurité commune, intégrée, coopérative et durable, et à frayer une nouvelle voie de sécurité, celle du dialogue, du partenariat et du gagnant-gagnant au lieu de la confrontation, de l’alliance et du jeu à somme nulle ».

Le Sud en spectateur intéressé

Les profonds bouleversements qui refaçonnent, actuellement, la carte géopolitique du monde sont correctement perçus dans les pays du Sud, qui se gardent bien de s’embarquer avec les pays occidentaux dans leur conflit avec la Russie.

L’étonnement des peuples du Sud vient surtout du constat de cécité des dirigeants occidentaux, qui semblent avoir de la peine à sortir de la bulle d’illusions qu’ils ont crées pour tromper leurs peuples et ou ils semblent restés eux-mêmes coincés.

*monnaie fiat : dont la valeur, exprimée en cours légal, est fixée par un gouvernement ou une institution




Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 26 Juin 2022