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ONEE : une plateforme digitale pour sauver l’eau potable vers un pilotage national unifié


Rédigé par Lycha Jaimssy MBELE le Mercredi 10 Décembre 2025

Alors que le Maroc affronte une pénurie d’eau durable et des réseaux de plus en plus sollicités, l’ONEE engage une modernisation numérique d’une ampleur inédite. Avec une plateforme centrale capable de consolider toutes les données hydriques du pays, l’Office espère enfin dépasser la fragmentation actuelle des systèmes et renforcer la continuité du service public. Une évolution décisive pour un secteur où chaque minute d’anticipation peut éviter une rupture d’alimentation.



ONEE : une plateforme digitale pour sauver l’eau potable vers un pilotage national unifié
Le constat est simple et impératif : le Maroc vit sous une pression hydrique accrue accentuée par une sécheresse marquante en 2024 qui oblige l’État et les opérateurs à repenser la gouvernance de l’eau. La réponse technique de l’ONEE prend aujourd’hui la forme d’un vaste projet de plateforme digitale nationale destinée à agréger, en temps réel, les données issues des systèmes de télégestion, des stations de traitement, des réservoirs et des points de livraison. Cette annonce, relayée par la presse économique et confirmée par les communications institutionnelles, marque une inflexion : l’eau n’est plus seulement une question d’infrastructures physiques, mais de données et de pilotage.

Une technicité héritée et fragmentée

Les équipements de supervision existants sont le résultat d’investissements étalés sur des décennies : automates industriels, liaisons satellite, plateformes de télérelève et systèmes d’information géographique coexistent sans véritable couche d’intégration. Le fait est documenté dans les cahiers techniques de télégestion de l’ONEE : la pluralité des dispositifs crée une abondance de données mais aussi de lourdes contraintes d’interopérabilité. Le chantier vise donc à harmoniser ces briques hétérogènes pour aboutir à une « source unique de vérité » opérationnelle. 
 

Cette consolidation technique n’est pas neutre : elle promet une lecture instantanée des incidents, des alertes prédictives et une meilleure traçabilité des opérations outils indispensables lorsque les bassins et les réseaux subissent des tensions climatiques ou démographiques. Mais gare aux illusions : disposer d’un tableau de bord centralisé n’efface pas les besoins d’investissements sur le terrain (réseaux, stations, renouvellement des canalisations) ni les arbitrages politiques nécessaires pour financer ces travaux.


Enjeux économiques, sociaux et de cybersécurité

Au-delà de la performance opérationnelle, la plateforme a des retombées économiques concrètes : réduction des pertes en réseau, optimisation énergétique et meilleur ciblage des investissements autant d’éléments favorables à l’efficience et à la maîtrise des coûts publics. Le projet s’inscrit aussi dans la logique des réformes récentes (diversification des ressources, dessalement, sociétés régionales multiservices) visant à sécuriser l’approvisionnement national. 
 

Autre dimension, souvent sous-estimée : la sécurisation des échanges entre environnements opérationnels et informatiques. À l’heure des cybermenaces ciblant les infrastructures critiques, l’ONEE prévoit l’adoption de normes internationales de cybersécurité pour protéger la plateforme et les postes centraux condition sine qua non pour préserver la confiance des citoyens et des partenaires. 

L’initiative de l’ONEE est structurante et nécessaire. Elle marque la sagesse d’un pays qui comprend que la résilience hydrique passe par la maîtrise des données autant que par les barrages et les usines. Reste la partie la plus délicate : traduire une ambition digitale en gains concrets pour les usagers moins de coupures, moins de gaspillage et une gouvernance visible et responsable. Si l’exécution suit la philosophie annoncée, le Maroc pourrait, dans les années qui viennent, montrer qu’on peut vraiment faire rimer modernité numérique et sécurité de l’eau pour tous.





Mercredi 10 Décembre 2025