Présenté le 20 octobre 2025 devant la Commission des finances de la Chambre des représentants, le Projet de loi de finances 2026 trace une trajectoire prudente mais volontariste : consolider la reprise, accélérer les chantiers territoriaux et sociaux, tout en ramenant le déficit à 3,0 % du PIB et en infléchissant l’endettement.
Le tout avec un effort d’investissement public inédit, une montée en puissance des politiques d’eau, de santé-éducation et un paquet fiscal orienté à la fois vers la compétitivité et l’élargissement de l’assiette.
Le tout avec un effort d’investissement public inédit, une montée en puissance des politiques d’eau, de santé-éducation et un paquet fiscal orienté à la fois vers la compétitivité et l’élargissement de l’assiette.
Le cadrage macro : normalisation sans naïveté
Le PLF 2026 s’inscrit dans un environnement global encore fragile : croissance mondiale ralentie, commerce en repli, coûts de l’énergie volatils, mais inflation en décrue. Le cadrage retient pour 2026 une hypothèse de croissance nationale de 4,6 %, avec un rendement céréalier de 70 millions de quintaux, une inflation à 2,0 % et un prix du butane à 500 $/tonne. Le taux de change de travail est fixé à 1,11 $/€, et la demande extérieure adressée au Maroc (hors phosphates) progresserait de 2,3 %. Ces hypothèses ni euphoriques ni dépressives forment le socle de la programmation budgétaire.
Au plan interne, plusieurs moteurs réels confirment le basculement d’un cycle : rebond de la valeur ajoutée agricole après un millésime 2024 difficile, poursuite de la dynamique non agricole (phosphates, électricité, ciment), vigueur des recettes touristiques et des IDE, reconstitution du coussin de devises, reflux de l’inflation et décrue du chômage. Le gouvernement met en avant la reprise des recettes fiscales et la restauration graduelle des équilibres (déficit et dette).
Au plan interne, plusieurs moteurs réels confirment le basculement d’un cycle : rebond de la valeur ajoutée agricole après un millésime 2024 difficile, poursuite de la dynamique non agricole (phosphates, électricité, ciment), vigueur des recettes touristiques et des IDE, reconstitution du coussin de devises, reflux de l’inflation et décrue du chômage. Le gouvernement met en avant la reprise des recettes fiscales et la restauration graduelle des équilibres (déficit et dette).
Une cible budgétaire claire : 3,0 % de déficit et dette en retrait
La trajectoire 2026 réduit le déficit à 3,0 % du PIB (après 3,5 % en 2025) et ramène la dette du Trésor à 65,9 % du PIB, confirmant l’effort de consolidation engagé depuis 2021. Cette discipline n’est pas cosmétique : elle vise à conforter le regain de confiance des marchés après le recouvrement de la note Investment Grade en 2025 – gage d’un accès élargi et moins coûteux au financement.
Côté exécution, le tableau des agrégats montre en 2026 des recettes courantes à 432,8 Mds DH (dont 366,5 Mds DH de recettes fiscales, +14,5 % sur un an) et des dépenses courantes à 379,4 Mds DH. Les intérêts de la dette reculent légèrement, la compensation diminue grâce aux prix et au ciblage, tandis que l’investissement budgétaire progresse à 114,8 Mds DH
Côté exécution, le tableau des agrégats montre en 2026 des recettes courantes à 432,8 Mds DH (dont 366,5 Mds DH de recettes fiscales, +14,5 % sur un an) et des dépenses courantes à 379,4 Mds DH. Les intérêts de la dette reculent légèrement, la compensation diminue grâce aux prix et au ciblage, tandis que l’investissement budgétaire progresse à 114,8 Mds DH
L’effort productif : 380 Mds DH d’investissement public
Le PLF acte un effort d’investissement public de 380 Mds DH en 2026, poursuivant l’escalade engagée depuis 2021. C’est l’axe « compétitivité-souveraineté » du texte : infrastructures (routes, rail conventionnel et extension grande vitesse, aéroports, ports de Nador West Med et Dakhla Atlantique), logistique, énergie (diversification du mix, hydrogène vert), et accélération des grands projets d’eau (barrages, interconnexions de bassins, dessalement, alimentation rurale en eau potable).
L’objectif est double : sécuriser les fondamentaux de productivité à long terme et amortir les chocs climatiques par une gestion proactive et durable de la ressource hydrique (16,4 Mds DH en 2026). C’est aussi une politique d’offre modernisée, arrimée aux stratégies sectorielles « Génération Green », « Maroc Digital 2030 », feuille de route tourisme 2023-2026, stratégie industrielle et plan commerce extérieur 2025-2027.
L’objectif est double : sécuriser les fondamentaux de productivité à long terme et amortir les chocs climatiques par une gestion proactive et durable de la ressource hydrique (16,4 Mds DH en 2026). C’est aussi une politique d’offre modernisée, arrimée aux stratégies sectorielles « Génération Green », « Maroc Digital 2030 », feuille de route tourisme 2023-2026, stratégie industrielle et plan commerce extérieur 2025-2027.
L’État social qui s’étoffe : santé, école, ciblage
Le chapitre social franchit une marche supplémentaire. D’abord avec la poursuite de la généralisation de la protection sociale : 41,5 Mds DH en 2026 pour le soutien direct (revalorisation des allocations pour les enfants les plus jeunes et ceux en situation de handicap, appui aux enfants privés de soutien familial), achèvement de l’architecture assurance-maladie, maîtrise des dépenses par révision des tarifs de référence et protocoles thérapeutiques.
Ensuite avec la dotation logement décent (9,4 Mds DH) et la poursuite de la décompensation ciblée des produits de base (butane, sucre, farine) en parallèle de la montée en charge du ciblage des ménages. Le pacte de dialogue social est consolidé (enveloppe de 48 Mds DH), avec des mesures salariales et statutaires.
Enfin, le PLF met l’accent sur les services de proximité.
En santé : montée en puissance des CHU (Agadir et Laâyoune en 2026, achèvement Ibn Sina à Rabat, nouveaux hôpitaux universitaires à Guelmim et Errachidia), rénovation de 90 hôpitaux, réhabilitation de 1 400 centres de santé (phase I) puis 1 600 (phase II). Dotation 2026 : 42,4 Mds DH (+9,8 Mds DH vs 2025).
En éducation : généralisation des « établissements pionniers », 170 nouveaux établissements à la rentrée 2026-2027, renforcement du transport et de la restauration scolaires, dotation à 97,1 Mds DH. Le PLF prévoit par ailleurs 27 344 créations de postes budgétaires en 2026 et porte l’enveloppe globale à 140 Mds DH.
Ensuite avec la dotation logement décent (9,4 Mds DH) et la poursuite de la décompensation ciblée des produits de base (butane, sucre, farine) en parallèle de la montée en charge du ciblage des ménages. Le pacte de dialogue social est consolidé (enveloppe de 48 Mds DH), avec des mesures salariales et statutaires.
Enfin, le PLF met l’accent sur les services de proximité.
En santé : montée en puissance des CHU (Agadir et Laâyoune en 2026, achèvement Ibn Sina à Rabat, nouveaux hôpitaux universitaires à Guelmim et Errachidia), rénovation de 90 hôpitaux, réhabilitation de 1 400 centres de santé (phase I) puis 1 600 (phase II). Dotation 2026 : 42,4 Mds DH (+9,8 Mds DH vs 2025).
En éducation : généralisation des « établissements pionniers », 170 nouveaux établissements à la rentrée 2026-2027, renforcement du transport et de la restauration scolaires, dotation à 97,1 Mds DH. Le PLF prévoit par ailleurs 27 344 créations de postes budgétaires en 2026 et porte l’enveloppe globale à 140 Mds DH.
Les territoires au cœur : un fonds dédié et un premier programme à 20 Mds DH
C’est l’un des marqueurs politiques du ce PLF : un Fonds de développement territorial intégré est institué pour financer des programmes déclinés au plus près des besoins – emploi local, écoles et santé de base, eau, désenclavement, équipements – avec une attention particulière aux zones de montagne, oasis, littoral et « centres ruraux émergents ». Un programme prioritaire de 20 Mds DH en 2026 accélérera les actions à fort impact social et territorial, dont la mise à niveau de 36 centres ruraux dès 2026 et, à terme, un vivier de 542 centres ciblant 60 % de la population.
Au chapitre emploi-inclusion, le PLF agrège et numérise les dispositifs dans l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences, consacre 1,4 Md DH à l’intermédiation et 1 Md DH à la « formation en alternance », avec pour cible 200 000 jeunes et saisonniers sur les rentrées 2025-2026 et 2026-2027. Les TPE-PME bénéficient d’un paquet de 2 Mds DH (accompagnement technique, subventions d’investissement, garanties et accès simplifié à la commande publique)
Au chapitre emploi-inclusion, le PLF agrège et numérise les dispositifs dans l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences, consacre 1,4 Md DH à l’intermédiation et 1 Md DH à la « formation en alternance », avec pour cible 200 000 jeunes et saisonniers sur les rentrées 2025-2026 et 2026-2027. Les TPE-PME bénéficient d’un paquet de 2 Mds DH (accompagnement technique, subventions d’investissement, garanties et accès simplifié à la commande publique)
Fiscalité : élargir l’assiette, lisser les frictions, encourager l’investissement
Le PLF prolonge les réformes 2023-2025 (IS, TVA, IR) en orientant 2026 vers l’intégration du secteur informel et la neutralité. Côté recettes, élargissement des retenues à la source (services rendus par des personnes morales à des établissements financiers et d’assurance au-delà de 50 000 DH de CA), extension aux loyers versés par des sociétés et aux revenus professionnels au réel ou au simplifié ; paiement de l’IR sur plus-values mobilières dans les 30 jours de la cession ; obligations de régularisation TVA sur les unités de transformation des déchets. Ces mécanismes traquent l’évasion et sécurisent l’aval des chaînes de valeur.
Pour la compétitivité, plusieurs mesures techniques améliorent le cash-flow des investisseurs : alignement et généralisation des exonérations TVA sur intrants agricoles (semences, fertilisants) à toutes les étapes, prolongation du délai d’exonération TVA à l’investissement (jusqu’à 24 mois) pour les grands projets encadrés, aménagements ciblés pour les institutions de financement des petites entreprises afin de préserver leur mission sociale.
Le projet actionne aussi un levier sectoriel inédit : la fiscalité du sport. Naissance d’un statut incitatif pour les sociétés sportives (régime d’IS de lancement, déductibilité plafonnée des dons, facilitation des apports actifs des associations vers des sociétés), et abattement dégressif sur la base imposable des rémunérations des sportifs professionnels selon un calendrier 2026-2029. L’objectif est de formaliser les flux, attirer l’investissement privé et structurer une véritable économie du sport.
Enfin, la contribution sociale de solidarité sur bénéfices et revenus est prolongée sur 2026-2028 pour soutenir la cohésion, quand certaines dispositions techniques harmonisent le régime des droits d’enregistrement (crédits, sûretés, marchés publics à 0,1 %) et précisent la fiscalité des OPC (dividendes, intérêts, plus-values).
Pour la compétitivité, plusieurs mesures techniques améliorent le cash-flow des investisseurs : alignement et généralisation des exonérations TVA sur intrants agricoles (semences, fertilisants) à toutes les étapes, prolongation du délai d’exonération TVA à l’investissement (jusqu’à 24 mois) pour les grands projets encadrés, aménagements ciblés pour les institutions de financement des petites entreprises afin de préserver leur mission sociale.
Le projet actionne aussi un levier sectoriel inédit : la fiscalité du sport. Naissance d’un statut incitatif pour les sociétés sportives (régime d’IS de lancement, déductibilité plafonnée des dons, facilitation des apports actifs des associations vers des sociétés), et abattement dégressif sur la base imposable des rémunérations des sportifs professionnels selon un calendrier 2026-2029. L’objectif est de formaliser les flux, attirer l’investissement privé et structurer une véritable économie du sport.
Enfin, la contribution sociale de solidarité sur bénéfices et revenus est prolongée sur 2026-2028 pour soutenir la cohésion, quand certaines dispositions techniques harmonisent le régime des droits d’enregistrement (crédits, sûretés, marchés publics à 0,1 %) et précisent la fiscalité des OPC (dividendes, intérêts, plus-values).
Douanes : protéger sans fermer
Côté tarifaire, l’approche est chirurgicale : hausse des droits sur des produits où l’industrie locale peut monter en gamme (ex. tissus jacquard, résine PVC, électroménager), baisse sur des intrants dont le coût pèse sur la production (ex. aérosols/boîtes métalliques, pesticides ciblés, certains composants), ajustement sur les modules photovoltaïques pour encourager l’émergence d’une chaîne locale.
D’autres lignes visent l’agro-bois (réduction de droits sur bois/contreplaqué) et la pharmacie (affinage tarifaire du chapitre 30) pour soutenir l’accès et l’industrialisation. Sur le plan du contrôle, le PLF muscle l’arsenal « anti-fraude » : data-matching avec les fournisseurs étrangers (blockchain), usage de drones et caméras pour la surveillance, et révision du statut des opérateurs des zones d’accélération industrielle.
D’autres lignes visent l’agro-bois (réduction de droits sur bois/contreplaqué) et la pharmacie (affinage tarifaire du chapitre 30) pour soutenir l’accès et l’industrialisation. Sur le plan du contrôle, le PLF muscle l’arsenal « anti-fraude » : data-matching avec les fournisseurs étrangers (blockchain), usage de drones et caméras pour la surveillance, et révision du statut des opérateurs des zones d’accélération industrielle.
Notre lecture provisoire : trois défis à surveiller
Exécution territoriale. Le fonds et le programme de 20 Mds DH peuvent changer la vie quotidienne s’ils restent simples, transparents et évalués. La clé sera l’ingénierie locale : des diagnostics tenus à jour, des appels à projets lisibles, des délais tenus, et une vraie place pour les associations et les élus de terrain.
Eau-climat. Les crédits 2026 accélèrent barrages, interconnexions et dessalement. Il faudra en parallèle tarifer intelligemment, réutiliser les eaux usées, réduire les pertes en réseau et accompagner les agriculteurs dans la sobriété. Sans cela, l’investissement pourrait courir après la rareté.
Fiscalité-compétitivité. L’extension des retenues à la source et les contrôles ciblés combattront l’« invisible », mais attention à la charge administrative pour les PME. D’où l’importance de guichets uniques digitaux, de rescrits rapides et de délais de remboursement TVA fiables. Les ajustements douaniers, eux, doivent rester temporaires et évalués pour éviter le piège protectionniste.
Eau-climat. Les crédits 2026 accélèrent barrages, interconnexions et dessalement. Il faudra en parallèle tarifer intelligemment, réutiliser les eaux usées, réduire les pertes en réseau et accompagner les agriculteurs dans la sobriété. Sans cela, l’investissement pourrait courir après la rareté.
Fiscalité-compétitivité. L’extension des retenues à la source et les contrôles ciblés combattront l’« invisible », mais attention à la charge administrative pour les PME. D’où l’importance de guichets uniques digitaux, de rescrits rapides et de délais de remboursement TVA fiables. Les ajustements douaniers, eux, doivent rester temporaires et évalués pour éviter le piège protectionniste.