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PPP nouvelle génération

Ce que les entreprises doivent comprendre du virage stratégique


le Vendredi 18 Juillet 2025



PPP nouvelle génération
Le Maroc change d’approche en matière de partenariats public-privé. Désormais, l’État actionnaire veut partager l’investissement, la gouvernance et le risque.
C’est une évolution silencieuse, mais décisive : le Maroc opère un virage stratégique dans sa manière de concevoir les partenariats public-privé (PPP). Loin des anciens modèles limités à la délégation de service ou aux concessions figées, l’État ambitionne de bâtir une nouvelle génération de PPP plus équilibrés, plus dynamiques, et surtout plus structurants pour l’économie nationale.

Au cœur de ce changement : la Politique Actionnariale de l’État, portée par l’ANGSPE, qui entend désormais faire du partenariat avec le secteur privé un levier structurant de transformation économique.

​Finie l’asymétrie, place à la co-construction

Pendant longtemps, les PPP ont été pensés comme une solution palliative : quand l’État manquait de fonds, il faisait appel au privé, tout en gardant le contrôle des choix stratégiques. Cette logique descendante, souvent rigide, a engendré de nombreux projets bancals, déséquilibrés ou mal pilotés.

La nouvelle approche prônée par l’ANGSPE repose sur un changement de posture : l’État ne se présente plus comme le seul initiateur, mais comme un co-investisseur, prêt à partager les risques, à innover dans les montages financiers, et à intégrer le privé dès la phase amont des projets.

Cette dynamique vise à mobiliser les capacités d’innovation, d’exécution et de financement du privé, tout en garantissant la pérennité et l’utilité publique des projets.

​Des secteurs prioritaires ciblés

Les PPP nouvelle génération ne s’appliqueront pas partout. L’État les réserve aux secteurs à fort impact, là où l’investissement est lourd, les besoins criants, et le potentiel de rentabilité encore limité sans accompagnement public.

Il s’agit notamment des infrastructures ferroviaires, de l’énergie renouvelable, de la gestion de l’eau, du numérique public, de la logistique, de la santé territoriale ou de l’habitat social. Dans ces secteurs, les EEP sont appelés à initier des projets en partenariat avec des acteurs privés, nationaux ou internationaux, dans un cadre contractuel innovant.

L’objectif est double : accélérer la réalisation des chantiers stratégiques et limiter l’endettement public sans compromettre l’intérêt général.

​Un cadre à repenser

Pour faire de ces PPP un succès, le Maroc devra revoir en profondeur son cadre juridique et institutionnel. La loi actuelle, bien qu’améliorée ces dernières années, reste peu adaptée aux nouveaux enjeux de co-investissement ou de gestion partagée des infrastructures.

La Politique Actionnariale prévoit donc une série de réformes : simplification des procédures, sécurisation contractuelle, mécanismes de partage des risques, incitations fiscales, création de structures de portage souples (SPV, GIE, foncières publiques...).

L’ANGSPE, en tant que bras armé de l’État actionnaire, jouera un rôle de facilitateur et de superviseur stratégique, s’assurant que chaque partenariat réponde aux objectifs de performance, de transparence, et d’équilibre entre acteurs.

Un enjeu de confiance mutuelle

Mais au-delà du droit, le défi est culturel. Trop souvent, les relations entre public et privé sont marquées par la méfiance, les retards, les revirements ou les défauts de paiement. Pour que le modèle fonctionne, il faudra instaurer une confiance mutuelle, fondée sur la clarté des engagements, la transparence des comptes, et la stabilité des décisions.

Les entreprises, quant à elles, devront comprendre que ces PPP ne seront plus de simples contrats juteux, mais des engagements de long terme, exigeants, où leur performance, leur responsabilité sociale, et leur contribution à l’intérêt général seront évaluées.

L’État ne cherche plus seulement des prestataires, mais des partenaires stratégiques, capables de co-construire des filières, de développer des écosystèmes régionaux, et de participer à la création d’emplois et de valeur.

​Une opportunité pour les PME et les territoires

L’un des points forts de cette nouvelle génération de PPP est son potentiel de décentralisation. En articulant les projets avec la régionalisation avancée, l’ANGSPE veut favoriser l’émergence de partenariats à l’échelle locale, mobilisant les PME, les banques régionales, les agences de développement, et les collectivités.

Cela signifie que les entreprises marocaines, même de taille moyenne, ont une carte à jouer, à condition de se structurer, de s’associer, et de proposer des solutions viables et responsables.




Vendredi 18 Juillet 2025