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Parité, les mentalités sont-elles réellement entrain de changer ?


Rédigé par le Samedi 4 Mars 2023

Le dernier rapport du Baromètre arabe suggère que les perceptions des Marocains en ce qui concerne la place de la femme dans la société sont en train d'évoluer, que ce soit dans le domaine privé, professionnel ou politique. Cette évolution est perçue comme une tendance positive et encourageante vers une plus grande reconnaissance de l'égalité des sexes au Maroc.



Parité, les mentalités sont-elles réellement entrain de changer ?
Au Maroc, le leadership féminin est encore relativement peu répandu, bien que des progrès aient été réalisés ces dernières années. Les femmes sont souvent confrontées à des obstacles systémiques et culturels qui limitent leur participation dans les sphères de pouvoir et de décision.

Cependant, il y a des signes encourageants. Le Maroc a adopté une nouvelle constitution en 2011 qui reconnaît l'égalité des sexes et la participation des femmes à la vie politique. En 2015, le pays a adopté une loi sur la parité homme-femme en matière d'élections, qui exige que les partis politiques présentent des listes électorales équilibrées en termes de genre.

Ces mesures ont conduit à une augmentation du nombre de femmes élues au Parlement et dans d'autres postes politiques. En 2016, le Maroc a nommé sa première femme gouverneure, et en 2021, le pays a nommé sa première femme juge en chef.

Le dernier rapport du Baromètre arabe présente plusieurs révélations intéressantes. Selon les chiffres de cette enquête menée en 2022, les Marocains ont commencé à changer leur perception de la place de la femme dans la société depuis 2018, bien que cela soit un changement progressif. Que ce soit dans le domaine privé, professionnel ou politique, les Marocains commencent à reconnaître les mérites de la femme en tant que partenaire, gestionnaire et leader. Les résultats de cette enquête indiquent donc une tendance encourageante vers une plus grande égalité des sexes au Maroc.

Mentalité en évolution ?

En 2018, près de la moitié des Marocains (46%) étaient d'avis que la femme n'avait pas sa place dans l'action politique et la gestion des affaires publiques. Toutefois, selon les résultats d'une enquête récente, seulement 35% des Marocains ont toujours cette opinion. En effet, une majorité de 65% des Marocains ne voient aucune objection à l'accès des femmes aux postes de responsabilité, tandis que deux Marocains sur trois reconnaissent les mérites de la femme en tant que leader politique et ne voient aucun problème à ce qu'elle chapeaute l'action politique. Ces chiffres indiquent donc une évolution positive des perceptions des Marocains envers la participation des femmes dans la vie politique et l'exercice de responsabilités.

D'après le Baromètre arabe, 46% des sondés pensent actuellement que l'homme devrait avoir le dernier mot et prendre les décisions seul au sein de la famille, comparativement à 52% en 2018. Bien que cette différence soit légère, elle reste significative selon l'enquête. En ce qui concerne la transmission de la nationalité, plus de la moitié des sondés (57%) reconnaissent désormais à la femme mariée à un étranger le droit de transmettre sa nationalité à ses enfants. Ces résultats montrent donc une évolution positive des perceptions des Marocains quant à la prise de décision dans la sphère privée et la transmission de la nationalité.

Ambivalence

Malgré cette évolution positive des perceptions, le rapport du Baromètre arabe souligne un biais persistant en matière d'éducation. Selon cette enquête, un quart des Marocains estiment que l'enseignement supérieur est plus important pour les hommes que pour les femmes. En effet, 25% des répondants pensent encore que l'université doit être réservée aux hommes et que les études supérieures sont beaucoup plus importantes pour eux, tandis qu'elles n'ont aucun intérêt pour les femmes. Ces chiffres mettent en évidence la persistance des stéréotypes de genre dans le domaine de l'éducation au Maroc.

Les résultats d'une enquête de Sunergia menée en 2022 rejoignent ces données. Selon cette enquête, réalisée auprès d'un échantillon de plus de 1000 participants, plus de la moitié des Marocains ne sont pas favorables à l'accès égal des femmes au marché du travail. Plus précisément, 41% des hommes et 16% des femmes s'opposent au travail féminin. Les participants âgés de 55 à 64 ans sont les plus favorables à l'accès des femmes au travail, avec un taux de 82%, tandis que les jeunes arrivent en deuxième position. Ces chiffres soulignent la persistance des inégalités de genre sur le marché du travail au Maroc.

Selon une enquête menée par Sunergia en 2022 auprès d'un échantillon de plus de 1000 participants, plus de la moitié des Marocains ne soutiennent pas le droit des femmes à accéder au marché du travail sur un pied d'égalité avec les hommes. En effet, 41% des hommes et 16% des femmes interrogés s'opposent à la participation des femmes dans la vie active. L'enquête a également révélé que les citadins étaient plus favorables à cette participation, avec un taux de 71% de soutien, tandis que les ruraux étaient moins enclins, avec un taux de 58% seulement. Cette tendance est préoccupante étant donné que le Maroc est classé 180e sur 189 pays en termes de participation féminine au marché du travail selon les données de la Banque mondiale de 2021.

Le Baromètre arabe est un réseau de recherche qui effectue un suivi de l'évolution des mentalités et fournit un aperçu des valeurs sociales, politiques et économiques des citoyens de la région arabe. Depuis 2006, il mène des enquêtes d'opinion publique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.


Salma LABTAR




Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Samedi 4 Mars 2023