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Parle-t-on d’une léthargie ou d’une crise structurelle du système du sport scolaire ?




Par Marouane Bouchikhi

Parle-t-on d’une léthargie ou d’une crise structurelle du système du sport scolaire  ?
Le sport scolaire est censé être un réservoir d’athlètes du sport civil. Or ce n’est malheureusement pas le constat au Maroc en raison d’une pluralité de dysfonctionnements et de problèmes inhérents aux modes de gouvernance adoptés dans ce secteur qui revêt une importance capitale dans le développement du sport national.  

Il parait que le sport scolaire au Maroc se caractérise par des mauvaises pratiques de gouvernance où les responsabilités et les rôles de ses acteurs ne sont pas bien définis. Le ministère de l’éducation en collaboration avec la FRMSS s’occupe de la gestion de ce secteur de manière un peu flou.

On peut dire qu’une bonne partie de ses maux proviennent d’un problème lié étroitement à la problématique de gouvernance tout court,  car selon une étude universitaire réalisée récemment. parmi les facteurs saillants il y a le manque de transparence au sein du top management où les décisions ne se prennent pas en concertation avec toutes les parties prenantes.

D’autant plus qu'il y a toujours un système de communication verticale au lieu d’instaurer une communication horizontale d’un coté  et ascendante dans un autre. Une communication  qui nait de la base de la pyramide et remonte  au top management, car le fait d’impliquer toutes les parties concernées quels que soient leur rangs au sein d’un système donné est la preuve qu’il existe une bonne pratique de gouvernance.

La notion de l’efficacité managériale et de la performance organisationnelle n’est plus au rendez vous chez la FRMSS, ceci dit,  cette instance continue de gérer le secteur du sport scolaire selon une approche administrative archaïque  des années 80 qui n’a point changé en dépit des incessantes nouveautés et refontes ayant enrichi le domaine du management surtout ces dernières années

Aujourd’hui le sport scolaire au Maroc est gouverné par deux instances centralisées, sources de décisions et d’orientations.

L’une revêt un caractère administratif : la direction de la promotion du sport scolaire et de l’organisation des compétitions (DPSS), qui représente le ministère de l’éducation nationale et l’autre est d’ordre associative : la fédération royale marocaine du sport scolaire(FRMSS) au sein de laquelle sont regroupées et affiliées, les sections régionales (au niveau de l’académie) et les sections provinciales (au niveau de la délégation).

Les taches de ces deux institutions se complètent, ont pour  vue d’encadrer respectivement un service public et une activité associative. Une panoplie de postes de responsabilité se sont succédés pour la gestion de ce secteur spécifique au fil du temps 

- Le comité central universitaire et scolaire d’éducation physique et sportive (CCUSEPS) créé par l’arrêté du secrétariat général le 20 mars 1929, modifié le 25 novembre 1937.

- Fondation du comité de sport scolaire et universitaire (CSSU) en 1959. qui a remplacé le comité central du sport scolaire

- Création de l’inspection d’éducation générale d’éducation physiques et du sport scolaire à la fin des années cinquante

- Création du service de l’éducation physique et du sport scolaire 1973

- La fondation de la division d’éducation physique et du sport scolaire en 1975

- Fondation de l’association marocaine du sport scolaire(AMSS) en 1986

- La mise en place de direction d’éducation physique, du sport et de l’hygiène scolaire en 1994

- Fondation de la fédération royale marocaine du sport scolaire le 28mai1996 (FRMSS)

- L’invention de la direction du sport scolaire en 1998
 
 
 Le sport scolaire a beaucoup perdu de son rayonnement et s'est égaré de plus en plus des objectifs qui étaient  siens d'il y a quelques décennies.

Censé être un levier fondamental du développement du sport civil, comme partout ailleurs dans le monde on perçoit que le sport scolaire et universitaire qui influence tant le sport national et de haut niveau tandis que chez nous ce n'est plus le cas, étant donné que le sport scolaire n’arrive plus à jouer ce rôle essentiel de vecteur de jeunes talents détectés et initiés aux fondamentaux de la pratique sportive de performance.

Même au niveau de l’animation sportive, le sport scolaire ou ce qui en reste s’éloigne de plus en plus du rôle qui lui échoit.
 
Plusieurs facteurs seraient à l’origine de cette régression. Il y a d’abord le fait que le sport scolaire ait été détaché de l’éducation physique, considérée comme une matière, alors que la pratique sportive, elle, est perçue comme une pratique ludique quasiment para scolaire.

Les élèves, même s’ils adherent  annuellement pour participer aux deux demi-journées proposées par des associations sportives chaque semaine, ne bénéficient pas, en grande majorité, des séances d’ASS, soit parce qu’elles ne sont tout simplement pas programmées, à cause d’espace et/ou de plages horaires.

Ajoutons à cela,  les attractions modernes disponibles à profusion tels la disponibilité des smartphones et des ipad aux mains de nos jeunes élèves. 

Aussi y a-t-il ce problème d’inadaptabilité ou parfois d’absence pure et simple des infrastructures sportives scolaires. Dans certains établissements, les espaces sportifs auraient été sacrifiés pour la construction de salles de cours par exemple.

Les conditions d’hygiène et de sécurité dans les vestiaires constitueraient également, un obstacle majeur entravant la participation aux séances.  Une qualification plus ou moins insuffisante en plus il y a lieu d'évoquer le manque de motivation des enseignants due à l'absence de formation en arbitrage et en entraînement sportif, rôle qui incombe normalement aux fédérations sportives et à l'état.

Ceux-là  ont été aussi pointés du doigt comme facteur bloquant, d'autant plus que les contenus d'enseignement des séances d’EPS restent en deçà des aspirations des élèves et des enseignants.

Ces derniers sont sensés susciter les vocations et encourager la pratique sportive à travers le renforcement de la motricité des enfants, la découverte du sport et de soi. Entre autre, le pays n’est toujours pas parvenu à introduire véritablement l’éducation physique et le sport au niveau du cycle primaire qui s’étale pourtant sur six ans. 

Bien que c'est pendant cette période d'enfance que se forge la structuration et le développement de l’enfant tantôt physiquement tantôt psychiquement et donc du futur citoyen, c'est à l'école que l'élève prend goût à la pratique sportive et commence à s'intéresser à son corps et sa motricité. 
 
Par Marouane Bouchikhi 


Jeudi 4 Mars 2021