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Plagiat, IA et vérité du geste : ma peinture ne doit rien à la machine


Rédigé par La rédaction le Mercredi 19 Novembre 2025

Par Dr Az-Eddine Bennani

Dans un monde saturé d’images, de textes et d’algorithmes, le mot plagiat est devenu une arme. Une arme souvent mal utilisée, parfois malveillante, trop souvent ignorante. Cette arme, je l’ai reçue en plein cœur. Elle a été brandie pour tenter de dénigrer le travail d’une vie, consacrée à l’évolution de l’intelligence artificielle dans mon pays, le Maroc; un pays que je porte en moi même lorsque je n’y suis pas physiquement.

Mon dernier livre, « L’intelligence artificielle au Maroc – Souveraineté, inclusion et transformation systémique », publié en trois langues — arabe, anglais et français —, a été un moment clé. Il a été salué, discuté, partagé… mais aussi suspecté. Par quelqu’un que je respecte beaucoup, et que je continue à respecter malgré cela. Comme si l’on refusait de croire que la pensée marocaine pouvait produire une œuvre scientifique originale, rigoureuse et libre.



Et pourtant, je suis fils de Maâlam.

Plagiat, IA et vérité du geste : ma peinture ne doit rien à la machine
Je viens d’un atelier où le geste est vérité, où la création est un engagement. Là, dans la poussière et la lumière, j’ai appris que l’intelligence est d’abord une fidélité au réel. Plus tard, j’ai étudié les systèmes intelligents, les algorithmes, les modèles. J’ai vu l’IA naître, se transformer, devenir outil, puis mode, puis menace.

Mais entre ces deux mondes, il y a une zone inviolable : la création incarnée.

Je peins sans aucune assistance ni IA ni autre technologie. Souvent, je n’utilise ni pinceau ni couteau… qui déforment ma pensée. Ma main, mes doigts traduisent ma pensée, mes ressentis, mes intuitions. L’acrylique, l’huile et le fusain les restituent avec leur vérité — pour exprimer ce que je suis : un constructiviste. Je l’étais, je le suis, dans ma science comme dans mon art.

Ma peinture ne simule rien. Elle ne calcule pas. Elle est une trace vive, un engagement, un témoignage. Elle est ce que les machines ne peuvent ni comprendre ni produire.

Alors qu’il serait plus simple de dialoguer, de comprendre, de soutenir, certains préfèrent soupçonner.

Plagiat, IA et vérité du geste : ma peinture ne doit rien à la machine
Mais je reste fidèle à une conviction profonde : seule une pensée enracinée peut évoluer. Seule une mémoire vivante peut transformer.

Je ne me défends pas. Je témoigne. Je peins ce que je suis. Je publie ce que je vis. Et cela, aucune IA ne pourra jamais le coder, ni le falsifier.

En conclusion, je lance un appel aux commissaires d’expositions, aux responsables culturels, aux galeristes, aux acteurs qui défendent l’art vivant et libre : je suis prêt à exposer une sélection de mes œuvres; quelques-unes parmi les centaines que j’ai créées comme autant de traces d’une pensée en mouvement, d’un Maroc qui se dit autrement. Sans crainte. Sans imitation. Sans plagiat.

Par Dr Az-Eddine Bennani




Mercredi 19 Novembre 2025