Le Maroc passe de 26.298 mariages de mineurs en 2017 à 8.955 en 2024
Face aux députés, Ouahbi a détaillé une tendance claire : le mariage des mineurs continue de reculer au Maroc.
En 2020, 11.830 demandes avaient été déposées en milieu rural, contre 4.527 en zones urbaines.
En 2023, on comptait 9.021 demandes, dont seulement 2.880 en ville.
En 2024, le seuil symbolique est franchi : moins de 9.000 cas ont été enregistrés. Une baisse qui traduit, selon le ministre, une « prise de conscience accrue » de la gravité du phénomène, longtemps enraciné socialement.
Pour autant, la réalité reste contrastée. Le Code de la famille, via ses articles 20 et 21, encadre strictement le mariage des mineurs, qui doit rester une exception, nécessitant une autorisation judiciaire motivée par un « intérêt légitime ». Mais dans les faits, la pratique n’a pas totalement disparu, notamment dans les zones les plus vulnérables.
Ouahbi rappelle que le mariage des mineurs est d’abord une question culturelle. Les progrès juridiques, éducatifs et médiatiques contribuent à réduire les cas, mais l’ancrage social, surtout en milieu rural, reste puissant.
Le rapport du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) publié récemment va dans le même sens et insiste sur plusieurs priorités :
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généraliser l’accès des filles à l’enseignement obligatoire,
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lutter contre le décrochage scolaire,
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changer les mentalités et combattre l’analphabétisme,
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réduire la pauvreté et la vulnérabilité.
Des facteurs considérés comme des moteurs essentiels de la persistance du mariage précoce. Cette baisse importante montre que les efforts institutionnels réformes légales, campagnes de sensibilisation, actions éducatives commencent à produire un effet durable. Mais les disparités urbain/rural et les résistances socioculturelles montrent que la bataille n’est pas encore gagnée.
Le recul du mariage des mineurs est indéniable, mais le défi reste entier : transformer cette baisse statistique en éradication durable.
Le prochain chantier majeur sera la révision du Code de la famille, annoncée depuis plusieurs mois, et qui pourrait rebattre les cartes en durcissant encore davantage l’accès à cette exception juridique.
Le Maroc a engagé la marche, mais la route culturelle et sociale est encore longue.