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Polisario : Le temps des regrets


Rédigé par La rédaction le Lundi 7 Décembre 2020

Cyril Ramaphosa, Président de la République d’Afrique du sud et actuel président en exercice de l’Union africaine (UA), vient de signifier implicitement au polisario, lors du 14ème sommet extraordinaire de l’organisation panafricaine, que sa page a été tournée.



Polisario : Le temps des regrets
Inavouable ras-le-bol


L’Afrique du sud était l’un des derniers bastions diplomatiques des polisariens sur le continent et tout semble indiquer que les temps ont changé. Quand le chef d’Etat sud-africain et président en exercice de l’UA, Cyril Ramaphosa, s’en tient à la décision 693 prise lors du sommet de Nouakchott, il y a deux ans, sachant que cette dernière réserve le traitement de l’affaire du Sahara à l’ONU, avec une troïka africaine pour soutenir ses efforts, il sait pertinemment qu’il étouffe le polisario en le privant de sa maigre marge de manœuvre au sein de l’UA.
Les polisariens voyaient le blocage de Guergarat comme le début d’une nouvelle phase de leur mouvement qu’ils savent mourant, sans deviner que ce serait celui de la fin. Ramaphosa a tout simplement compris ce qui paraît échapper jusqu’à présent aux polisariens, l’inavouable ras-le-bol d’une partie de la classe dirigeante algérienne à les traîner comme des casseroles.


Crise existentielle


Qui de mieux qu’un mouvement dissident polisarien pour se faire une idée du véritable état d’esprit dans les camps, pas celui affiché devant les caméras. Les militants de Khatt Echchahid, qui se réclament de la pensée du fondateur du polisario, El Ouali Mustapha Sayed, ne sont pas des enfants de chœur. Ce sont des indépendantistes pur-jus, mais ne sont pas idiots non plus. La lecture des articles récemment publiés sur le site, peu alimenté, de Khatt Echchahid est, de ce fait, fort instructive.
Dans l’un, publié dix jours avant l’intervention des FAR à Guergarat, il est question d’un complot contre le polisario fomenté par le Maroc, l’Algérie et l’ONU, dans lequel les dirigeants polisariens seraient complices. Un tel niveau de paranoïa est révélateur de l’intensité de la crise existentielle ressentie.
A la décharge de ces dissidents polisariens, il faut rappeler que leur icône, Mustapha Sayed, a été assassiné par ses propres camarades, sur ordre de la sécurité militaire algérienne, en 1976, lors d’une attaque contre la Mauritanie. Les coups de poignard dans le dos, ils savent donc très bien ce que c’est. L’élite dirigeante polisarienne leur en a pas mal planté. Mais cette théorie du complot est plutôt un cri de douleur, comme permet de le saisir un précédent article daté de la fin du mois d’octobre.

Occasion manquée

Là, c’est un rappel, empreint d’une incroyable nostalgie, de la rencontre qui s’était déroulé, en 1996, entre les représentants des polisariens et le ministre de l’intérieur de l’époque, Driss Basri.
Ce dernier avait été chargé par Feu Hassan II de leur proposer de ne plus parler d’indépendance, en contrepartie d’une large autonomie et du retour des habitants des camps de Tindouf, en Algérie, au Maroc. L’auteur dudit article en est presque à pleurer l’occasion manquée.
Il va sans dire que dans son esprit, il s’agissait seulement de déplacer la confrontation de l’est du mur des FAR, qu’il sait infranchissable, vers l’intérieur des provinces du sud. Avec des gugusses de ce genre, ça aurait été des Gdim Izik à répétition avec une dizaine d’années d’avance. Mais c’est également l’habitant des camps de la honte de Lahmada qui se lamente des tristes conditions de vie dans lesquelles vivotent lui, ses parents et amis.
La cerise sur le gâteau, c’est l’article publié le soir de l’opération des FAR à Guergarat, qui s’achève par une étrange interrogation de la part d’un séparatiste. « Le Maroc a-t-il pensé à offrir une vie libre et digne (NDLR : aux habitants des camps de Tindouf) sur la terre de leur patrie et que prenne définitivement fin ce conflit ? ».

L’allégeance ou Lahmada

Le non-dit, c’est qu’un quart de siècle après la négociation, non-encadrée par l’ONU, avec le défunt Driss Basri, les conditions ont beaucoup changé pour les deux parties et l’auteur de l’article le sait pertinemment. Car, il faudra se mettre d’abord d’accord sur ce qu’ils désignent par patrie, la leçon de Gdim Izik a été chèrement payé par 11 de nos agents des forces de l’ordre. Comme le dromadaire qui peuple nos provinces du sud, le Marocain a excellente mémoire.
Mais il semble qu’il y a toujours moyen de s’entendre, à partir du moment qu’au moins les dissidents polisariens reconnaissent qu’il faudrait distinguer entre les « vrais Sahraouis provenant de la zone de conflit » et ceux d’Algérie avec qui ils cohabitent dans les camps de Tindouf. Sauf qu’il leur faudrait d’abord songer à modifier « zone de conflit » par « provinces du sud du Royaume du Maroc », la patrie à laquelle allégeance est due.
Les brebis perdues doivent d’elles-mêmes retrouver le chemin dont elles ont dévoyées, la confiance est à ce prix. Après, ici tout le monde bosse pour gagner sa vie.


Ahmed NAJI/Arrissala/L’ODJ




Lundi 7 Décembre 2020