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Pour Pr ERRASFA Morad, les ultraviolets sont des anti-Covid 19


Le travail scientifique bibliographique récent du Pr Mourad ERRASFA, du Département de pharmacologie, Laboratoire d'Épidémiologie et de la Recherche en Sciences de la Santé, Faculté de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, indique que les rayons ultraviolets du soleil seraient des agents anti-Covid-19. Interview



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Interview par Dr Anwar CHERKAOUI

Pour Pr ERRASFA Morad, les ultraviolets sont des anti-Covid 19
Dr Anwar CHERKAOUI : Quelles sont les premières constatations qui vous ont poussé à vous intéresser à la relation entre les rayons ultraviolets et la pandémie du Covid 19 ?

Pr ERRASFA Morad : L'avènement des vaccins contre le coronavirus a évité des milliers de décès dans le monde. Mais il s'avère que certains pays ont souffert plus que d'autres en termes de nombre de décès et des cas graves causés par le virus au cours des deux dernières années.

Plusieurs études ont montré que les décès causés par la COVID-19 sont plus élevés chez les personnes présentant des facteurs de risque tels que l'obésité, l'âge avancé, les maladies cardiovasculaires, l'insuffisance rénale chronique, le diabète et les maladies oncologiques.
Moi, je me suis intéressé à la relation possible entre les conditions climatiques et la mortalité par la COVID-19 et, d'autre part, la relation possible de l’historique des conditions épidémiologiques et démographiques avant le déclenchement de la pandémie sur la prévalence de la COVID-19 dans 39 pays sur quatre continents (Amérique, Europe, Afrique et Asie).
 
Dr Anwar CHERKAOUI : Comment vous avez mené votre étude ? 
 
Pr ERRASFA Morad : Pour chaque pays de l'étude, l’analyse a concerné la relation entre le nombre des décès par COVID-19 et la latitude géographique, ainsi qu’avec les conditions climatiques associées, telles que la température annuelle moyenne, les heures d'ensoleillement annuelles moyennes et l'indice UV annuel moyen de chaque pays.
L’étude marocaine, qui s’est basée sur les données certifiées des 39 pays, a également examiné les associations, d’une part, entre le nombre des décès liés au COVID-19 et les conditions épidémiologiques, telles que le grade de cancer et le score de la maladie d'Alzheimer, et, d’autre part, avec la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus.
En ce qui concerne les habitudes de consommation alimentaires, l’étude a recherché une relation possible entre les niveaux individuels de consommation d'alcool pour 2019 et le nombre des décès dus au COVID-19 dans chaque pays.
 
Dr Anwar CHERKAOUI : Quels sont les premiers résultats de votre étude ?

Pr ERRASFA Morad  : Les données obtenues ont été analysées à l'aide d'un logiciel spécialisé spécifique.
Cette étude a visé de décrypter la relation entre les conditions climatiques et la propagation de l'épidémie de COVID-19 à travers le suivi des décès dans chaque pays, et de rechercher si les conditions épidémiologiques et démographiques de chacun des 39 pays de l’étude auraient pu être liées aux nombres de décès par COVID-19.
Le fait que la consommation d’alcool soit associée à plusieurs types de pathologies, dont les cancers, incite à rechercher une possible relation entre le niveau de consommation d’alcool dans chaque pays avec le nombre des décès par COVID-19.
 
L'étude a montré qu’un nombre plus élevé de décès liés à la pandémie COVID-19 a été enregistré dans des pays d'Europe et d'Amérique par rapport à d'autres pays d'Afrique et d'Asie pendant les deux ans de pandémie (statistiques au 22 mars 2022).
 
Les pays inclus dans la présente étude sont les États-Unis, le Mexique, la Colombie, le Chili, l’Argentine, le Brésil, le Sénégal, l’Afrique du Sud, le Mali, l’Égypte, le Soudan, le Congo, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, la Mauritanie, Israël, l’Iran, les Philippines, l’Arabie saoudite, l’Inde, l’Indonésie, la Jordanie, le Royaume-Uni, l’Italie, la France, l’Espagne, l’Allemagne, le Portugal, l’Estonie, la Lituanie, la Macédoine, la Serbie, la Lettonie, l’Ukraine, la Roumanie et la Pologne.
 
L'analyse a fait sortir qu’un grand nombre de décès ont été enregistrés dans les latitudes géographiques élevées des deux hémisphères, alors que moins de décès ont été enregistrés dans les pays autour de l'équateur.
D’autres courbes obtenues ont montré l’importance de trois paramètres climatiques, à savoir, la température, les heures d'ensoleillement et l'indice UV de chaque pays .
 
Ainsi, les scores les plus élevés étant enregistrés pour chaque paramètre climatique autour de l'équateur. Ce qui signifie que ces facteurs climatiques sont plus faibles dans les pays dont la LATITUDE est élevée, comme c'est le cas des pays européens.
De plus, une analyse plus pointue et plus spécifique dite par « régression linéaire » a montré que le nombre de décès enregistrés dans les 39 pays de l’étude était corrélé négativement avec les trois facteurs climatiques, et la température semble être le principal facteur négativement associé aux décès dus à la COVID-19.

D'autre part, les résultats des scores du cancer et de la maladie d'Alzheimer, ainsi que l'âge avancé et la consommation d'alcool étaient positivement corrélés aux décès par COVID-19.
Cela signifie que ces facteurs sont plus élevés dans les pays qui ont des niveaux de latitudes élevés, comme le cas des pays européens qui ont subi des taux de mortalité élevés liés au COVID-19.

Comme c’est déjà confirmé par plusieurs études mondialement connues que la consommation excessive d'alcool est associée à de nombreux types de cancer et à d'autres maladies chroniques. Cela pourrait expliquer la corrélation positive entre le niveau de cancer et les décès dus au COVID-19.
 
Dr Anwar CHERKAOUI : peut-on donc parler d’un Effet protecteur des rayons ULtraviolets (UV) contre la Covid 19 ?
 
Pr ERRASFA MORAD : Les résultats de cette étude prouvent que les bas niveaux des facteurs climatiques analysés dans cette étude et associés à chaque latitude géographique pourraient favoriser la propagation du COVID-19 par un mécanisme encore inconnu.
En tant qu'agent virucide (tueuse des virus), la lumière UV pourrait avoir joué un rôle clé dans la faible prévalence de l'incidence du SARS-CoV-2 et des décès dus au Covid-19 décrite par plusieurs travaux.
Ces derniers travaux et les données actuelles du l’étude Marocaine réalisée par Pr Mourad ERRASFA, soutiennent donc l'hypothèse selon laquelle les pays proches de l'équateur, et ayant des températures annuelles moyennes élevées, des heures d'ensoleillement annuelles moyennes élevées et un indice UV moyen élevé, pourraient être protégés contre le SARS-CoV-2 et la maladie COVID-19.

Ces résultats ont montré que de faibles niveaux de température, d'heures d'ensoleillement et d'indice UV, ainsi que des conditions épidémiologiques et démographiques défavorables et des niveaux élevés de consommation d'alcool peuvent expliquer le nombre élevé de décès dus au COVID-19, particulièrement dans les pays européens et en Amérique.

Et pour étayer tous ces résultats, il serait rationnel de développer des modèles expérimentaux de traitement par les rayons UV.
L’utilisation de la lumière comme photothérapie a déjà été testée en laboratoire dans des études précliniques et cliniques.

Ainsi, une étude clinique sur cinq patients gravement malades par COVID-19 a montré un effet positif du traitement par la lumière UV.

Ces résultats viendraient étayer l'effet possible des facteurs climatiques sur la prévalence du COVID-19, principalement à travers les niveaux de température et des rayons UV.
Selon les données scientifiques mondialement reconnues et celles de l´étude de l’université Sidi Mohammed Benabdellah de Fès, la lumière UV pourrait être un éventuel traitement anti-coronavirus.

Cela rejoindrait d’autres exemples d’utilisation de photothérapie à l’instar des traitements contre l’eczéma ou contre l'ictère à la bilirubine du nouveau-né.

Lundi 27 Juin 2022



le Lundi 27 Juin 2022