L'ODJ Média

Pour quelques poissons de plus


Rédigé par le Vendredi 7 Avril 2023

L’accord de pêche Maroc-Ue expire cet été. Madrid s’inquiète des manigances du lobby pro-polisario à Bruxelles. Dans les camps de Tindouf, c’est la pêche aux Ouled Dlim.



Écouter le podcast de cet article :


Pour quelques poissons de plus
Les Espagnols sont inquiets. L’accord de pêche Maroc-Ue, adopté le 18 juillet 2019, expire le 17 juillet. Pour rappel, cet accord avait été invalidé par le tribunal de l’Ue, le 29 septembre 2021.

Sur les 138 licences de pêche accordées par le Maroc dans le cadre de cet accord d’une durée de quatre ans, 93 licences reviennent à l'Espagne, plus exactement aux pêcheurs de l’archipel des Canaries, d'Andalousie et de Galice.

Le ministre de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation espagnol, Luis Planas, n’a, récemment, pas caché son « pessimisme » concernant le renouvellement dudit accord.

La décision du tribunal européen de remettre en cause sa validité, car couvrant l’ensemble des eaux territoriales du royaume, y compris bien sûr la façade atlantique des provinces du Sud, menace, en effet, le renouvellement de cet accord.

D’autant plus que le ministre marocain de l'agriculture et de la pêche, Mohammed Sadiki, a déclaré, le 5 avril, que le royaume allait adopter « une autre règle » dans la négociation du renouvellement de l’accord de pêche.

Mohammed Sadiki a ajouté que le Maroc était, dans cette perspective, prêt « à tous les scénarios ».

Madrid-Rabat via Bruxelles

Il faut, bien entendu, relativiser l’importance de l’accord Maroc-Ue sur le secteur de la pêche espagnol. La flotte La flotte de pêche espagnole compte 8 732 chalutiers, dont seule une proportion de 2,1 % opère dans les eaux internationales.

La gêne, pour Madrid, vient de la volonté affichée du lobby pro-polisario au sein des institutions européennes d’exclure les eaux du Sahara marocain de l’accord Maroc-Ue, ou du moins de saboter ce dernier, alors que le gouvernement de Pedro Sanchez a reconnu la marocanité du Sahara en mars 2022.

Le mois écoulé, soit un an après cette reconnaissance, Rabat et Madrid ont entamé des négociations pour le transfert du contrôle de l’espace aérien du Sahara, jusqu’à présent administré par l’Espagne, aux autorités marocaines.

Pour Madrid, la page du Sahara a été définitivement tournée et s’intéresse plutôt à l’avenir de ses relations de coopération avec Rabat.

Surtout que le contexte international se prête parfaitement à une résolution définitive du conflit au Sahara basée sur la proposition marocaine d’autonomie des provinces du Sud.

Di Mistura et les Tables rondes

Le 19 avril, le Conseil de sécurité des Nations Unies doit se réunir pour discuter l’évolution du dossier du Sahara marocain.

L’envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies, Staffan Di Mistura, a beaucoup à dire sur les difficultés rencontrées pour relancer le processus politique relatif à l’affaire du Sahara, à travers le format des « Tables rondes ». L’Algérie refuse mordicus de s’y plier.

La Minurso, pour sa part, ne va pas manquer de mettre l’accent sur les entraves posées par le polisario dans l’exercice de sa mission.

De fait, une simple reconduction du mandat de la Minurso pour une autre année fait largement l’affaire du Maroc, qui poursuit vaillamment le développement de ses provinces du Sud et y compte les nouveaux consulats.

Quant à un éventuel arrêt des activités des chalutiers européens dans les eaux territoriales du royaume, ce ne sont pas les opérateurs marocains du secteur de la pêche qui vont s’en plaindre. Bien au contraire.

De toute évidence, le lobby pro-polisario dans les instances européennes, financé par l’Algérie, ne vise aucune efficacité, si ce n’est de faire un maximum de bruit.

La pêche aux Ouled Dlim

L’essentiel, pour Alger, est de produire un grand tapage médiatique à propos du Maroc et de son Sahara à des fins de consommation intérieure.

Pour le régime en faillite qui s’accroche au pouvoir à Alger, maintenir le Maroc dans le rôle de l’ennemi extérieur est nécessaire à sa survie.

L’heure est, toutefois, grave pour les dirigeants algériens, qui savent que leurs marionnettes à la tête du polisario ne parviennent plus à faire illusion dans les camps de Tindouf.

Non seulement règne dans ces camps une insécurité qui rend infernale la vie de ses habitants, mais les affrontements à motivations tribales donnent une nouvelle dimension à la vague de colère et de mécontentement qui souffle sur Lahmada de Tindouf.

Récemment, se sont les membres de la tribu des Ouled Dlim qui ont affronté les milices du polisario, suite aux mauvais traitements infligés par ces derniers à la nièce du dirigeant d’un mouvement d’opposition au polisario, les « Sahraouis pour la paix », par ailleurs issu des Ouled Dlim.

Mentir ou périr

Il ne s’agit pas de se nourrir d’illusions. Nombre des opposants au polisario n’en demeurent pas moins des séparatistes.

La plupart sont, néanmoins, convaincus que la proposition marocaine d’autonomie des provinces du Sud se présente comme l’ultime solution pour mettre fin à leur calvaire, qui a duré près d’un demi-siècle dans les camps de Tindouf.

Les sympathisants du polisario au sein des instances européennes semblent ignorer la triste réalité du vécu quotidien des habitants des camps de Lahmda, ou s’en moquent éperdument, tant qu’Alger se montre « généreuse ».

Les poissons de l’Atlantique, les habitants des camps ne les voient plus qu’en photos. Mais ils hantent les nuits des dirigeants algériens et alimentent les fonds secrets d’eurocrates totalement décrédibilisés auprès des opinions publiques des pays du vieux continent.




Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 7 Avril 2023