Par Abdelghani El Arrasse
Dans son discours prononcé à l’occasion de la Fête du Trône, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a mis en garde contre le risque d’un « Maroc à deux vitesses » : un pays où une minorité profiterait des fruits de la croissance, tandis qu’une majorité resterait en marge.
Cette alerte n’est pas nouvelle, mais dans ce dernier message, le Souverain l’a réaffirmée avec encore plus de force :
« من الآن فصاعدا لا مغرب يسير بسرعتين » — « Dès maintenant, plus de Maroc à deux vitesses ».
Il ne s’agit pas d’une simple formule symbolique, mais bien d’une annonce de rupture : le moment où l’État reconnaît, au plus haut niveau, l’existence de deux réalités parallèles - un Maroc qui avance rapidement et un autre qui peine à suivre, parfois relégué dans « l’ombre de l’oubli ».
Une vision royale fondée sur la justice spatiale et sociale
Les orientations royales reposent sur une conviction profonde : la justice territoriale n’est pas un luxe technocratique, mais un droit existentiel. L’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), tout comme l’approche sociale dans les plans sectoriels, doivent désormais être conçues dans cette optique.
Relier les régions entre elles ne suffit plus. Il faut les relier à l'espérance, à la dignité et aux opportunités. L’accès à l’électricité ou à l’eau potable ne doit être que le point de départ — ouvrant la voie à l’éducation, à l’emploi, à la culture et à une vie digne.
Relier les régions entre elles ne suffit plus. Il faut les relier à l'espérance, à la dignité et aux opportunités. L’accès à l’électricité ou à l’eau potable ne doit être que le point de départ — ouvrant la voie à l’éducation, à l’emploi, à la culture et à une vie digne.
Le PLF 2026 : un test décisif pour le gouvernement
En vue de la fin du mandat en 2026, le Projet de Loi de Finances 2026 revêt une importance cruciale. Il devra concrétiser cette vision royale en répondant à trois enjeux majeurs :
Réduire les déséquilibres régionaux : augmenter les budgets pour les territoires marginalisés.
Renforcer la solidarité sociale : soutenir la jeunesse, les femmes et les foyers vulnérables.
Stimuler les investissements productifs : notamment dans les régions défavorisées, pour créer de l’emploi et contenir l’exode des talents.
Réduire les déséquilibres régionaux : augmenter les budgets pour les territoires marginalisés.
Renforcer la solidarité sociale : soutenir la jeunesse, les femmes et les foyers vulnérables.
Stimuler les investissements productifs : notamment dans les régions défavorisées, pour créer de l’emploi et contenir l’exode des talents.
Des disparités toujours frappantes
Les contrastes entre régions demeurent préoccupants :
En 2022, trois régions — Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima — ont généré près de 60 % de la richesse nationale (57,9 %) .
Casablanca-Settat à elle seule représente environ 31,4 %, confirmant son rôle de locomotive économique
Rabat-Salé-Kénitra contribue à hauteur de 16,1 % .
Tanger-Tétouan-Al Hoceima apporte 10,4 % au PIB national .
En 2022, trois régions — Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima — ont généré près de 60 % de la richesse nationale (57,9 %) .
Casablanca-Settat à elle seule représente environ 31,4 %, confirmant son rôle de locomotive économique
Rabat-Salé-Kénitra contribue à hauteur de 16,1 % .
Tanger-Tétouan-Al Hoceima apporte 10,4 % au PIB national .
À l’autre extrémité, des régions telles que Drâa-Tafilalet ou les Provinces du Sud ne totalisent ensemble que 7,9 % de la richesse nationale .
Ces disparités ne sont pas virtuelles — elles se traduisent dans le vécu quotidien de millions de Marocain·es : un manque d’emplois, une précarité sociale grandissante, une jeunesse désenchantée et, parfois, des tragédies humaines.
L’enjeu politique et sociétal
À l’approche de 2026, tous les partis politiques portent une grande responsabilité : dépasser les logiques électorales pour proposer des projets de société cohérents avec la vision royale. Les citoyens ne veulent plus de slogans, mais des actions concrètes, à même de transformer le quotidien dans chaque région du royaume.
Pour un Maroc des chances partagées
Construire le Maroc de demain implique :
Doter toutes les régions d’infrastructures modernes, de services publics de qualité (hôpitaux, écoles, universités, zones industrielles).
Soutenir les petites entreprises, les coopératives et l’économie sociale de proximité, véritables moteurs d’emploi local.
Promouvoir l’équité fiscale et la bonne gouvernance, pour une redistribution effective des richesses.
Doter toutes les régions d’infrastructures modernes, de services publics de qualité (hôpitaux, écoles, universités, zones industrielles).
Soutenir les petites entreprises, les coopératives et l’économie sociale de proximité, véritables moteurs d’emploi local.
Promouvoir l’équité fiscale et la bonne gouvernance, pour une redistribution effective des richesses.
Un rendez-vous avec l’histoire
Le discours royal a tracé la ligne rouge : le Maroc ne doit plus fonctionner à deux vitesses. Le PLF 2026, les projets politiques et l’engagement des institutions doivent incarner cette orientation en actes concrets.
Cet enjeu transcende le simple plan économique : il est profondément humain et national. C’est ainsi que l’on évite que certaines parties du pays se sentent reléguées, et que l’on bâtisse enfin un Maroc d'une seule vitesse, d'une seule dignité, d'un seul avenir partagé.
Cet enjeu transcende le simple plan économique : il est profondément humain et national. C’est ainsi que l’on évite que certaines parties du pays se sentent reléguées, et que l’on bâtisse enfin un Maroc d'une seule vitesse, d'une seule dignité, d'un seul avenir partagé.