Une accumulation silencieuse
« Ce n’est pas l’été qui épuise, c’est ce qu’il a fallu endurer pour y arriver », résume Yasmine, psychologue clinicienne à Casablanca. Tout au long de l’année, les individus jonglent avec leurs responsabilités professionnelles, familiales, sociales.
À force de s’adapter, d’enchaîner les échéances, de répondre aux attentes, le mental s’use. Le corps aussi, mais l’usure psychique est plus difficile à identifier, souvent banalisée ou masquée. Résultat : à mesure que les vacances approchent, l’organisme, en surchauffe, peine à tenir.
L’illusion du “dernier sprint”
Du côté des étudiant·es, c’est la période des examens, des soutenances, des concours. Pour les parents, la fin d’année scolaire signifie une logistique intense : inscriptions, bulletins, fêtes de fin d’année.
On s’accroche à la promesse du repos, mais en réalité, ce “dernier sprint” est ce qui achève la santé mentale de beaucoup.
Le poids de l’attente
Que faire si les vacances ne sont pas à la hauteur ? Si l’on ne peut pas partir ? Si les obligations familiales prennent le pas sur le repos attendu ? L’épuisement mental trouve alors un nouveau carburant : l’angoisse de ne pas réussir à bien vivre ce moment censé réparer.
Des signaux à ne pas ignorer
L’épuisement mental ne se manifeste pas toujours de façon spectaculaire. Il peut prendre la forme de troubles du sommeil, de difficulté de concentration, de maux physiques (migraines, douleurs musculaires), ou d’une hypersensibilité émotionnelle.
“C’est souvent quand on commence à pleurer pour une raison minime, ou qu’on ressent un blocage à accomplir les tâches les plus simples, qu’on réalise qu’on est au bout”, explique Yasmine.
Comment s’en protéger ?
La première étape est de reconnaître l’épuisement pour ce qu’il est : un signal d’alarme. Il ne faut pas attendre les vacances pour prendre soin de soi. Intégrer de petites pauses dans son quotidien, réduire les sollicitations inutiles, apprendre à dire non, prioriser les tâches réellement importantes… sont autant de gestes simples qui peuvent limiter l’usure mentale.
L’idéal serait de ne pas faire des vacances le seul moment autorisé de repos, mais d’apprendre à intégrer des respirations régulières tout au long de l’année.
Si l’épuisement mental est si intense à l’approche de l’été, c’est parce qu’il est le reflet d’une année entière de surcharge, de course contre le temps, et d’attentes démesurées. En parler, l’identifier, et surtout ne pas le banaliser, est une première étape pour sortir de ce cercle vicieux. L’été ne doit pas être le seul remède : la santé mentale se cultive au quotidien.