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Pourquoi sommes-nous si fatigué·es juste avant l’été ?


À l’approche des vacances estivales, beaucoup s’attendent à un regain d’énergie, portés par la promesse de soleil, de repos et d’évasion. Pourtant, paradoxalement, c’est souvent à cette période que l’épuisement mental se fait le plus ressentir. Baisse de motivation, fatigue persistante, irritabilité, voire anxiété… Ce phénomène, bien réel, touche un large public, particulièrement les salarié·es, les étudiant·es et les parents. Mais pourquoi ce mal-être semble-t-il s’intensifier à l’aube de l’été, alors qu’on devrait se sentir soulagé·es par la fin de l’année scolaire ou professionnelle ?



Une accumulation silencieuse

Pourquoi sommes-nous si fatigué·es juste avant l’été ?

« Ce n’est pas l’été qui épuise, c’est ce qu’il a fallu endurer pour y arriver », résume Yasmine, psychologue clinicienne à Casablanca. Tout au long de l’année, les individus jonglent avec leurs responsabilités professionnelles, familiales, sociales.


À force de s’adapter, d’enchaîner les échéances, de répondre aux attentes, le mental s’use. Le corps aussi, mais l’usure psychique est plus difficile à identifier, souvent banalisée ou masquée. Résultat : à mesure que les vacances approchent, l’organisme, en surchauffe, peine à tenir.

 


L’illusion du “dernier sprint”

Le mois de mai, souvent marqué par une pression accrue, ressemble à un marathon final. Dans le monde professionnel, les bilans semestriels s’enchaînent, les objectifs doivent être atteints avant les congés, et les absences se multiplient dans les équipes.

Du côté des étudiant·es, c’est la période des examens, des soutenances, des concours. Pour les parents, la fin d’année scolaire signifie une logistique intense : inscriptions, bulletins, fêtes de fin d’année.

On s’accroche à la promesse du repos, mais en réalité, ce “dernier sprint” est ce qui achève la santé mentale de beaucoup.

Le poids de l’attente

Ironiquement, c’est parfois l’idée même des vacances qui ajoute une pression supplémentaire. L’injonction à “profiter”, à “se ressourcer”, à “vivre pleinement” l’été peut créer un stress anticipé.

Que faire si les vacances ne sont pas à la hauteur ? Si l’on ne peut pas partir ? Si les obligations familiales prennent le pas sur le repos attendu ? L’épuisement mental trouve alors un nouveau carburant : l’angoisse de ne pas réussir à bien vivre ce moment censé réparer.

Des signaux à ne pas ignorer

L’épuisement mental ne se manifeste pas toujours de façon spectaculaire. Il peut prendre la forme de troubles du sommeil, de difficulté de concentration, de maux physiques (migraines, douleurs musculaires), ou d’une hypersensibilité émotionnelle.

“C’est souvent quand on commence à pleurer pour une raison minime, ou qu’on ressent un blocage à accomplir les tâches les plus simples, qu’on réalise qu’on est au bout”, explique Yasmine.

 


Comment s’en protéger ?

La première étape est de reconnaître l’épuisement pour ce qu’il est : un signal d’alarme. Il ne faut pas attendre les vacances pour prendre soin de soi. Intégrer de petites pauses dans son quotidien, réduire les sollicitations inutiles, apprendre à dire non, prioriser les tâches réellement importantes… sont autant de gestes simples qui peuvent limiter l’usure mentale.

L’idéal serait de ne pas faire des vacances le seul moment autorisé de repos, mais d’apprendre à intégrer des respirations régulières tout au long de l’année.

Si l’épuisement mental est si intense à l’approche de l’été, c’est parce qu’il est le reflet d’une année entière de surcharge, de course contre le temps, et d’attentes démesurées. En parler, l’identifier, et surtout ne pas le banaliser, est une première étape pour sortir de ce cercle vicieux. L’été ne doit pas être le seul remède : la santé mentale se cultive au quotidien.


Dépression, malade mental


Mardi 20 Mai 2025



Rédigé par le Mardi 20 Mai 2025
Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC. Dompteuse de mots, je jongle avec... En savoir plus sur cet auteur