Le Maroc ne veut plus privatiser par idéologie, mais selon une stratégie. Une sélection rigoureuse s’opère désormais sur les actifs publics.
Après une décennie de relative pause dans la cession d’actifs publics, le Maroc s’apprête à relancer de manière sélective les opérations de privatisation. Mais cette fois, le ton est donné : pas de braderie, pas de précipitation, pas de dogmatisme. La politique de désengagement de l’État sera dorénavant encadrée, ciblée, et fondée sur une lecture stratégique des priorités économiques et sociales du Royaume.
Dans le sillage de la réforme portée par l’ANGSPE, l’État marocain entend redéfinir en profondeur les règles du jeu des privatisations. L’objectif ? Valoriser son patrimoine, éviter les erreurs du passé, et s’assurer que chaque cession bénéficie à la collectivité, non à une poignée d’initiés.
Après une décennie de relative pause dans la cession d’actifs publics, le Maroc s’apprête à relancer de manière sélective les opérations de privatisation. Mais cette fois, le ton est donné : pas de braderie, pas de précipitation, pas de dogmatisme. La politique de désengagement de l’État sera dorénavant encadrée, ciblée, et fondée sur une lecture stratégique des priorités économiques et sociales du Royaume.
Dans le sillage de la réforme portée par l’ANGSPE, l’État marocain entend redéfinir en profondeur les règles du jeu des privatisations. L’objectif ? Valoriser son patrimoine, éviter les erreurs du passé, et s’assurer que chaque cession bénéficie à la collectivité, non à une poignée d’initiés.
Une logique de portefeuille, pas une purge budgétaire
Longtemps, les privatisations ont été perçues comme une solution d’urgence budgétaire : combler les déficits, alléger la masse salariale publique, séduire les investisseurs étrangers. Mais ces logiques ponctuelles, souvent mal accompagnées, ont laissé des traces : sentiment de spoliation, pertes d’emplois, échecs industriels.
Le Maroc change aujourd’hui de paradigme. Le désengagement de l’État ne vise plus à réduire l’État pour réduire l’État, mais à rationaliser sa présence là où elle est utile, et à se retirer là où elle est devenue obsolète ou contre-productive.
La Politique Actionnariale de l’État, approuvée en 2024, distingue ainsi trois catégories d’actifs :
Le Maroc change aujourd’hui de paradigme. Le désengagement de l’État ne vise plus à réduire l’État pour réduire l’État, mais à rationaliser sa présence là où elle est utile, et à se retirer là où elle est devenue obsolète ou contre-productive.
La Politique Actionnariale de l’État, approuvée en 2024, distingue ainsi trois catégories d’actifs :
- Les secteurs stratégiques où l’État maintient ou renforce sa position (énergie, eau, santé, transport public).
- Les secteurs matures où la concurrence est établie, les barrières à l’entrée faibles, et où l’État peut se désengager sans risque.
- Les secteurs mixtes où l’État peut céder partiellement, en maintenant une minorité de blocage ou des clauses d’intérêt public.
Cette approche par critères objectifs remplace les logiques politiques ou opportunistes.
Quels actifs sont concernés ?
Si aucun calendrier officiel de cession n’a encore été publié, plusieurs secteurs sont sous étude. Parmi les candidats potentiels à une ouverture partielle ou totale du capital, figurent :
- Des filiales non stratégiques d’EEP à forte rentabilité.
- Des entreprises opérant dans des secteurs concurrentiels (distribution, logistique, tourisme…).
- Des actifs fonciers ou immobiliers non exploités par les entités publiques.
- D’anciens opérateurs publics devenus marginaux dans leur secteur.
Mais chaque opération devra respecter des conditions strictes : transparence, évaluation indépendante, appel d’offres, obligations de service public éventuelles, garanties sociales pour les employés.
Une gouvernance plus rigoureuse
Le grand changement réside dans le cadre juridique. Le régime des privatisations va être modernisé, avec une loi spécifique en préparation, qui intégrera les recommandations du rapport ANGSPE. L’Agence jouera un rôle de filtre stratégique : chaque projet devra s’inscrire dans une logique d’impact, de rentabilité et d’équilibre sectoriel.
Les opérations devront être soumis à la validation d’un comité interministériel, puis à la publication d’un cahier des charges détaillé, garantissant un processus compétitif, équitable et traçable.
En outre, l’État pourra recourir à des outils innovants : ouverture partielle du capital avec maintien de golden shares, partenariats public-privé, cotation en bourse progressive, ou encore cession à des fonds souverains partenaires.
Les opérations devront être soumis à la validation d’un comité interministériel, puis à la publication d’un cahier des charges détaillé, garantissant un processus compétitif, équitable et traçable.
En outre, l’État pourra recourir à des outils innovants : ouverture partielle du capital avec maintien de golden shares, partenariats public-privé, cotation en bourse progressive, ou encore cession à des fonds souverains partenaires.
Redonner confiance dans l’État cédant
Ce nouveau cadre vise aussi à rassurer l’opinion publique. Le mot “privatisation” a longtemps été synonyme de dilapidation ou de népotisme. Il est temps d’en changer le sens : céder, oui, mais pour mieux réinvestir, moderniser, ou alléger les charges d’un secteur public trop dispersé.
Chaque opération devra désormais faire l’objet d’un bilan public. Il ne s’agit pas seulement de vendre au plus offrant, mais de démontrer que l’opération bénéficie à l’économie nationale, à l’emploi, et à la qualité du service rendu aux citoyens.
Chaque opération devra désormais faire l’objet d’un bilan public. Il ne s’agit pas seulement de vendre au plus offrant, mais de démontrer que l’opération bénéficie à l’économie nationale, à l’emploi, et à la qualité du service rendu aux citoyens.
Un levier pour l’investissement et la performance
Ce nouveau regard sur la privatisation n’est pas un repli, mais un outil de modernisation. Il permettra de libérer des ressources pour d’autres secteurs prioritaires, d’attirer des partenaires stratégiques, et de stimuler la concurrence dans certains segments dominés historiquement par des monopoles publics.
En se désengageant intelligemment, l’État peut aussi forcer ses anciens opérateurs à gagner en efficacité, à réinventer leurs modèles, et à mieux répondre aux attentes du marché.
En se désengageant intelligemment, l’État peut aussi forcer ses anciens opérateurs à gagner en efficacité, à réinventer leurs modèles, et à mieux répondre aux attentes du marché.