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Protection sociale : le public peine à suivre le rythme de la réforme


le Lundi 14 Juillet 2025



Une réforme prometteuse, mais des défis persistants

Protection sociale : le public peine à suivre le rythme de la réforme
Quatre ans après le lancement de la réforme du système de santé marocain, dans le cadre de la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), le bilan est au centre des débats. Si le gouvernement se félicite des avancées significatives réalisées, notamment en termes de couverture médicale et d’infrastructures, le secteur public peine à rivaliser avec le privé, comme l’a souligné Le chef de file des députés istiqlaliens Allal Amraoui. Cette situation met en lumière l’urgence de renforcer la gouvernance et de valoriser les ressources humaines pour garantir le succès de cette réforme ambitieuse.

AMO Tadamon : un progrès indéniable

Allal Amraoui a salué les acquis de la réforme, notamment la généralisation de l’AMO Tadamon permettant à plus de 11 millions de citoyens de bénéficier d’un accès gratuit aux soins dans les hôpitaux publics et d’une prise en charge dans le privé. Ce nouveau système comble les lacunes du Ramed, qui, selon lui, « n’a jamais été une véritable couverture médicale, mais une modeste contribution limitée aux ressources des hôpitaux publics ».  

Cependant, bien que la couverture médicale ait été élargie, la qualité des soins prodigués dans les hôpitaux publics reste loin des attentes. Les infrastructures, bien que renforcées, peinent à répondre à la demande croissante, tandis que le personnel médical continue de migrer vers le secteur privé, plus attractif en termes de rémunération et de conditions de travail.  

​Gouvernance et territorialisation : les clés du succès

Selon Allal Amraoui, la gouvernance des établissements de santé est un axe prioritaire pour garantir le succès de la réforme. Il a salué la préparation de la mise en place de la Haute Autorité de la Santé et des groupements territoriaux, qui auront pour mission d’appliquer les politiques sanitaires à l’échelle régionale.  

Dans ce cadre, il a insisté sur l’importance de la décentralisation et de la digitalisation des services pour moderniser le système de santé. « Territorialiser la politique sanitaire est plus urgent que jamais », a-t-il affirmé, tout en soulignant la nécessité de valoriser les ressources humaines, notamment par le paiement à l’acte, pour accroître l’efficacité des établissements publics.  

Un secteur public en difficulté face à la concurrence privée

L’un des points les plus préoccupants soulevés par le député Amraoui est le recul du secteur public face au privé. Les hôpitaux publics peinent à retenir leurs talents, attirés par les conditions avantageuses offertes par le privé : salaires compétitifs, équipements modernes, et environnement de travail moins contraignant.  

Pour inverser cette tendance, il est impératif de rendre le secteur public plus attractif. Cela passe par des incitations salariales, une meilleure valorisation des ressources humaines, et des conditions de travail adaptées aux exigences des professionnels de santé. « Tous les ingrédients du succès sont réunis », a conclu Amraoui, tout en mettant en garde contre les conséquences d’une fuite des compétences vers le privé.

​Une vision royale pour un système de santé inclusif

S’inscrivant dans la vision royale de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, la réforme du système de santé vise à garantir à tous les Marocains un accès équitable aux soins, quels que soient leurs revenus ou leur localisation. Cette réforme, portée par une volonté ferme de justice sociale, constitue l’un des chantiers structurants de la généralisation de la protection sociale.  

Durant cette période de transition, les autorités assurent que les droits des assurés seront maintenus. Parallèlement, des efforts sont déployés pour moderniser le système : digitalisation des services, renforcement des infrastructures, et augmentation des effectifs médicaux. Mais ces initiatives restent insuffisantes si le secteur public ne parvient pas à se redresser face à la concurrence privée.  

​Une réforme ambitieuse, mais un chantier inachevé

La réforme du système de santé marocain, bien qu’ambitieuse, reste inachevée. Si des progrès notables ont été réalisés, notamment avec la généralisation de l’AMO Tadamon, le secteur public continue de souffrir face à la concurrence privée. Pour garantir le succès de cette transformation, il est essentiel de renforcer la gouvernance, de valoriser les ressources humaines, et de territorialiser les politiques sanitaires.  

Le Maroc est à un tournant décisif de son histoire sanitaire. Réussir cette réforme pourrait permettre au pays de construire un système de santé inclusif, moderne, et aligné sur les meilleurs standards internationaux. Mais pour cela, il faudra surmonter les défis structurels qui freinent encore son développement. 





Lundi 14 Juillet 2025