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Provo, Utah : quand la foi mormone façonne toute une ville


Et si une ville comme Provo existait dans un pays musulman ?
Imaginons une ville arabe dominée par des islamistes modérés, où l’université impose aux étudiantes le port du voile, interdit les relations hors mariage, refuse l’alcool ou les libertés sexuelles. On crierait à l’obscurantisme. Les ONG parleraient d’endoctrinement. Les médias dénonceraient “la mainmise des religieux sur la jeunesse”.



Provo, Utah : quand la foi mormone façonne toute une ville
À première vue, Provo ressemble à une ville universitaire paisible, nichée entre montagnes et lacs. Mais sous cette image de carte postale, cette ville de l’Utah est en réalité l’un des centres les plus religieux des États-Unis, dominée par l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, les mormons. Ici, la foi n’est pas un choix privé, c’est un système de vie complet : elle rythme les jours, guide les choix, encadre les comportements.

Le pape défunt prônait un catholicisme ouvert au monde, lucide face aux dérives autoritaires du clergé. À Provo, c’est l’inverse : un encadrement moral total, accepté, intégré, et même valorisé.

L’université BYU (Brigham Young University), pilier de la ville, impose à ses étudiants un “code d’honneur” : pas d’alcool, pas de relations sexuelles avant le mariage, pas de tenues jugées provocantes, et même pas de barbe pour les hommes. Les déviants sont sanctionnés, voire exclus. L’homosexualité ? Considérée comme un péché. Le mariage ? Prescrit très jeune. L’Église, quant à elle, gère des milliards de dollars de dons… à l’abri du fisc.



Mais à Provo, parce que la religion est chrétienne, et blanche, l’Occident détourne les yeux. On parle d’“identité culturelle”, de “valeurs familiales”. Même le contrôle rigoureux de la sexualité, l’encadrement des médias, ou le rejet des lois fédérales sur certains sujets sont perçus comme des expressions de liberté.

Le pape disparu avait mis en garde contre les Églises devenues des forteresses morales, fermées à la compassion. Provo en est l’exemple parfait, mais inaperçu.
 

​Ceux qui défendent Provo diront qu’il n’y a pas de contrainte :

Les habitants y vivent par choix, avec foi. Soit. Mais un choix façonné depuis l’enfance, verrouillé par le groupe, est-il vraiment libre ? Et surtout : pourquoi ce choix-là est-il acceptable, quand son équivalent musulman déclenche l’indignation ?


Mercredi 23 Avril 2025